Eglises d'Asie – Inde
Andhra Pradesh : le mouvement de conversion Ghar Vapasi inquiète les responsables religieux
Publié le 25/10/2019

Le christianisme et l’islam vus comme des religions étrangères
Sajan K. George, président du Conseil global des chrétiens indiens (GCIC), estime que ce mouvement fait partie des objectifs des castes supérieures, qui cherchent à « perpétuer le système de castes, freiner les aspirations des jeunes dalits qui cherchent à sortir du joug de servitude qui leur est imposé ». Sajan George ajoute que le mouvement vise seulement les chrétiens et les musulmans issus des groupes dalits, à cause de leur vulnérabilité sociale et économique. « Les gourous hindous ont essayé de semer la confusion et le conflit parmi les communautés chrétiennes pacifiques de Srisailam et de la région », affirme-t-il. John Dayal, un militant catholique pour les droits de l’homme dans la région, ajoute que « c’est inquiétant de voir le BJP et ses partisans tenter de convertir de force les chrétiens et les musulmans à l’hindouisme, en particulier dans les régions rurales. Il y a également un certain niveau de contrainte et une bonne dose d’impunité ». John Dayal souligne que la Constitution indienne et la Cour Suprême ont refusé de définir l’hindouisme, et que l’hindutva – une idéologie politique défendant l’hégémonie hindoue – est « un mode de vie ou un état d’esprit ». « Dans ce cas, comment peut-on être converti à un ‘mode de vie’ ? » demande-t-il.
John Dayal remarque également que ce mouvement de conversion massive ne s’attaque pas aux sikhs et aux dalits bouddhistes. Il vise exclusivement le christianisme et l’islam, vus comme des religions étrangères contraires à la culture hindoue. Depuis l’arrivée du BJP au pouvoir à New Delhi en 2014, les responsables chrétiens et musulmans ont été témoins de la montée des tensions religieuses dans le pays. Selon eux, la victoire politique du BJP a favorisé l’accélération des actions perpétrées par les groupes extrémistes hindous. Ainsi, des militants nationalistes hindous arrivent souvent dans les villages du nord de l’Inde pour poursuivre leur mouvement de conversion, afin de forcer les chrétiens à participer à des rituels hindous. La loi impose également des contraintes sur le changement de religion dans au moins huit États indiens. Dans ce cas, une personne déposant un acte de conversion doit demander la permission des autorités de l’État. Les responsables chrétiens soulignent pourtant que les groupes hindous ne sont pas connus pour respecter ces lois.
(Avec Ucanews, Kurnool)
CRÉDITS
Bijay Kumar Minj / Ucanews
