Eglises d'Asie

Archidiocèse de Hué : les responsables laïcs vietnamiens invités à suivre l’exemple des martyrs

Publié le 30/11/2022




Le 24 novembre à l’occasion de la fête des Martyrs du Vietnam, plus de mille membres des conseils paroissiaux de l’archidiocèse de Hué se sont rassemblés dans la cathédrale de Phu Cam. Durant la rencontre, organisée par la Commission pour les laïcs, les participants étaient invités à partager leurs expériences d’apostolat vécues dans leurs communautés. L’archidiocèse de Hué compte 88 paroisses pour environ 66 000 catholiques, sur plus d’1,7 million d’habitants, et couvre les deux provinces de Quang Tri et de Thua Thien Hué.

Des membres des conseils paroissiaux de 84 paroisses de Hué, rassemblés le 24 novembre dans la cathédrale de Phu Cam à l’occasion de la fête des Martyrs du Vietnam.

En 2020, André Tran Do Huy a été détenu à deux reprises pour une durée totale de dix jours par les autorités locales pour avoir rassemblé des paroissiens afin de réparer le toit d’une église et de construire un clocher pour remplacer l’ancien, qui avait été endommagé il y a 50 ans durant la guerre du Vietnam.

André Huy a partagé son témoignage devant une assemblée de plus de mille membres de conseils paroissiaux, rassemblés le 24 novembre dans la cathédrale de Phu Cam (Hué), tous issus de paroisses de l’archidiocèse de Hué. L’événement, qui a eu lieu sur le thème du « Sacrifice de l’amour », était organisé par la Commission pour les laïcs de l’archidiocèse, à l’occasion de la fête des Martyrs du Vietnam. Durant la journée, les participants ont partagé leurs expériences d’apostolat, écouté des interventions et des enseignements et honoré les Martyrs du Vietnam.

Responsable du conseil paroissial de l’église de Luong Vien dans la province de Thua Thien Hué, dans le centre du Vietnam, André a expliqué avoir ignoré les demandes du gouvernement de suspendre les réparations ; les paroissiens ont ainsi pu terminer le clocher de huit mètres de haut. André Huy, qui est au service depuis 2014 au sein de la paroisse locale (qui compte près de 300 membres), précise qu’il a été puni par les autorités en étant forcé de réparer des routes locales endommagées par les inondations.

Le 17 novembre, André, qui travaille comme maçon, a également été interrogé par les autorités locales avec cinq autres personnes, pour avoir réinstallé une croix sur le toit de l’église sans autorisation du gouvernement. La croix s’était effondrée durant une tempête tropicale en septembre.

« Nous devons supporter les souffrances et être fidèles à Dieu et à l’Église », ajoute ce père de deux enfants âgé de 54 ans, qui s’est converti au catholicisme pour se marier avec une catholique. Ses proches l’ont rejeté à cause de sa conversion, mais ses parents, touchés par le témoignage de son épouse, ont fini par embrasser la foi avant leur mort. « Une fois que vous êtes pris et comblé par la foi, c’est normal de subir des humiliations », estime-t-il, en se souvenant qu’étant enfant, il était déjà très intéressé par des catholiques qui semblaient justes et qui aidaient les plus pauvres.

« Nous ne faisons rien de mal, nous pratiquons notre foi »

Durant la rencontre, Joseph Ho Quang, membre de la communauté ethnique Van Kieu de l’antenne paroissiale de Huong Phuong, dans la province de Quang Tri, a également raconté avoir été poursuivi par les autorités à plusieurs reprises pour avoir encouragé les villageois indigènes à dire leur prière du soir chez eux. Devenu catholique en 2015, il a été nommé à la tête du conseil paroissial de la communauté locale l’année suivante. Il explique qu’en guise de condamnation, il a dû travailler sur des projets publics locaux sans rémunération.

Ce fermier vietnamien, âgé de 57 ans, ajoute que les autorités lui ont également demandé de les informer sur les activités religieuses des membres des communautés locales, y compris les funérailles. Les paroissiens parcourent jusqu’à 15 km le week-end pour aller à la messe à l’église de Khe Sanh. « Nous ne faisons rien de mal, nous pratiquons notre foi et nous nous efforçons de défendre notre petite communauté de foi », souligne Joseph Quang, qui confie que les sœurs Amantes de la Croix ont introduit sa communauté au catholicisme en leur offrant des soins, un accès à l’éducation et un éveil à la foi. « Nous nous rassemblons tous les jours pour prier le soir entre nous, pour maintenir la foi et pour la transmettre aux jeunes générations. »

« Nous devons continuer de témoigner »

Marie Ngo Thi Dieu Nga, une paroissienne de Hoa An qui est également intervenue le 24 novembre, rend régulièrement visite à ceux qui ont quitté l’Église en les soutenant et en les encourageant à revenir. Elle offre aussi des bibles aux habitants des régions reculées de l’archidiocèse. Âgée de 64 ans, elle a également été interrogée par la police, détenue et défendue de poursuivre ses activités d’évangélisation. « Nous sommes tellement heureux de voir beaucoup de familles revenir à la foi et de voir leurs proches se marier avec ceux qui se sont convertis au catholicisme. Nous devons continuer de témoigner de notre foi courageusement », insiste Marie Nga, qui a trois enfants et deux petits-enfants.

Le père Pierre Nguyen Huu Giai, qui s’est adressé aux participants dans la cathédrale, a salué les leaders laïcs de l’archidiocèse qui montrent des exemples courageux de vie chrétienne en endurant ces humiliations pour l’amour de Dieu. Le prêtre a également appelé l’assemblée à suivre l’exemple des martyrs et à travailler étroitement avec les membres du clergé local afin de développer les communautés paroissiales. Il a également reconnu que de nombreux responsables laïcs peuvent difficilement avoir accès à des postes de fonctionnaires.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews