Eglises d'Asie

Archidiocèse de Jakarta : la conversion d’un musulman indonésien à la foi catholique

Publié le 17/03/2022




Le 18 décembre 2021 dans l’église du Sacré-Cœur de Jakarta, un jeune Indonésien de 24 ans issu d’une famille musulmane de Java oriental, Vicky Adam Ubaid Akram, a reçu le baptême après un parcours de catéchuménat. Selon l’archidiocèse de Jakarta, la capitale compte tous les ans près de 2 000 baptisés adultes issus de familles non-catholiques. Vicky, originaire d’une région majoritairement musulmane et d’un milieu pratiquant, témoigne de sa conversion et assure que sa famille a accepté sa décision.

Vicky Adam Ubaid Akram (deuxième à partir de la gauche) après son baptême dans la paroisse du Sacré-Cœur de Jakarta, le 18 décembre 2021.

Vicky Adam Ubaid Akram, un jeune Indonésien musulman de 24 ans converti au catholicisme, a été baptisé le 18 décembre 2021 dans l’archidiocèse de Jakarta. Dans son témoignage, il confie avoir fait un rêve qui l’a aidé à prendre ce chemin. Dans ce rêve, il marchait dans une allée entourée de beaucoup de lieux de culte dont des mosquées, des temples et des églises, de chaque côté. Mais son regard restait fixé sur une église catholique et sa croix. Il a ensuite fait une chute dans son rêve avant de se réveiller.

« Alors que je tombais, j’ai regardé à nouveau vers le haut et mes yeux était toujours fixés sur le crucifix », explique-t-il. Les temples protestants ne représentent habituellement pas de crucifix, mais généralement une simple croix. Cela l’a incité à en apprendre davantage sur le catholicisme. « Plus je découvrais, plus j’étais intéressé », raconte-t-il. « L’enseignement de Jésus sur la loi de l’amour en tant que premier commandement était profondément touchant », ajoute-t-il. « J’aime beaucoup cette partie, pour moi c’est au cœur de ce qu’est un bon être humain. » Peu à peu, il a commencé à fréquenter une église catholique de Malang.

Vicky a grandi dans un famille musulmane pratiquante de Malang, dans la province de Java oriental, majoritairement musulmane. Comme son père, Vicky suivait strictement les rituels musulmans et notamment les cinq prières quotidiennes. Mais il y a trois ans, il confie avoir ressenti une « sécheresse spirituelle » et perdu de l’intérêt dans la religion de sa famille. « En 2018, alors que j’étudiait à l’université, j’ai eu l’impression que je ne pouvais pas trouver la paix en pratiquant les rituels religieux islamiques », explique-t-il. Il a eu le sentiment que l’islam ne l’aidait pas à « communiquer avec Dieu et à trouver la paix », ce qui l’a poussé à s’intéresser aux autres religieux.

94 % de musulmans dans la province de Java oriental

Vicky avec d’autres nouveaux convertis dans l’église du Sacré-Cœur de Jakarta.

Il s’est alors tourné vers le christianisme, la religion d’origine de sa mère. Chrétienne protestante, elle s’était convertie à l’islam pour épouser le père de Vicky, et elle a suivi strictement les pratiques musulmanes depuis. Les coutumes et des traditions musulmanes étaient fortes dans sa famille, comme la majorité des familles de la province où 94 % de la population, sur 39 millions d’habitants, sont musulmans. Quand il a rassemblé suffisamment de courage pour partager ces sentiments avec ses parents, il s’attendait à l’opposition de son père, qui aurait pu voir cela comme préjudiciable à la réputation de la famille. Mais la réaction de son père l’a surpris. « Il m’a dit que si j’étais sérieux, il fallait aller jusqu’au bout. »

C’est davantage sa mère, anciennement protestante, qui s’est opposé son projet d’embrasser le christianisme. « Elle craignait peut-être une réaction de la famille élargie de mon père », précise-t-il. Mais la réaction de sa mère ne lui a pas fait changer d’avis. « J’ai juste pensé qu’elle avait peut-être besoin de temps pour l’accepter. » En 2020, Vicky s’est rendu dans la capitale indonésienne où il a décroché un emploi en tant que vendeur de matériel médical, et il a commencé à fréquenter l’église du Sacré-Cœur dans le centre de Jakarta. La même année, il a également commencé un parcours de catéchuménat et des cours de catéchisme dans la paroisse.

Un de ses amis à l’université, Fernando Cayetanus Maturbongs, lui-même catholique, travaille pour la paroisse et a parlé à Vicky des problèmes actuels au sein de l’Église catholique comme les scandales d’abus sexuel. Il l’a également averti des difficultés qu’il risque de rencontrer en tant que membre d’une communauté minoritaire s’il se convertit. Il lui a également parlé de concepts théologiques difficiles à appréhender en tant qu’ancien musulman, comme la Trinité. Fernando Maturbongs a voulu ainsi tester la détermination de Vicky dans sa démarche de conversion.

Plus de 2 000 baptisés adultes par an issus de familles non-catholiques

Wila Azaria, une musulmane de 24 ans et amie proche de Vicky depuis 2016, raconte qu’elle le connaissait comme un musulman fervent, et qu’elle a été surprise de sa décision. « En tant qu’amie, je le soutien, c’est sa décision personnelle. Et cela n’a pas blessé notre amitié », assure Wila, qui travaille dans un hôpital de Malang. Eugenia Setia Widiastuti, responsable de la catéchèse de la paroisse du Sacré-Cœur de Jakarta, explique que les musulmans comme Vicky forment un petit groupe de catéchumènes adultes dans la paroisse.

« Sur environ 20 catéchumènes adultes qui sont baptisés chaque année, près de 80 % sont baptisés parce qu’ils veulent se marier ou parce qu’ils veulent suivre la religion de leurs parents », confie-t-elle. L’archidiocèse de Jakarta indique plus de 2 000 croyants d’autres religions qui se convertissent chaque année. Les derniers chiffres disponibles montrent qu’en 2012, l’archidiocèse a enregistré 12 256 baptêmes, dont 5 188 au-dessus de l’âge de 7 ans et 2 427 issus de familles non-catholiques.

Vicky a été baptisé durant l’Avent 2021 avec huit autres catéchumènes, et il a reçu le nom de Giovanni (Jean) au baptême. Il explique qu’il veut devenir un bon catholique et prendre soin des autres, tout en continuant à approfondir sa foi en participant aux différentes activités de la paroisse. Il ajoute que sa famille a accepté sa décision. « Deux semaines après mon baptême, j’ai pu échanger à nouveau avec mes parents. Ma famille élargie semble être au courant, même si je ne leur ai pas dit directement. Toutefois, certains d’entre eux, m’ont déjà félicité à Noël », confie-t-il.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews