Eglises d'Asie – Corée du Nord
Au lancement d’un documentaire sur les transfuges nord-coréens, un pasteur interpelle les Sud-Coréens
Publié le 24/01/2024
Le pasteur chrétien Kim Sung-jung, qui a participé à un documentaire sur les transfuges nord-coréens, appelle les téléspectateurs sud-coréens à comprendre la valeur de la liberté qu’ils ont dans leur pays, par comparaison avec le Nord. Le pasteur Kim, qui fait partie de la Mission Caleb de L’Église adventiste du septième jour, explique que le documentaire Beyond Utopia (« Au-delà de l’Utopie ») présente un portrait réaliste de la vie des transfuges nord-coréens, selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap News Agency.
« J’espère que la population de Corée du Sud réalisera combien la liberté est précieuse en voyant ce film, et qu’elle compatira avec les souffrances des réfugiés de Corée du Nord », a-t-il confié à Séoul lors du lancement officiel du documentaire. Ce dernier, réalisé par Madeline Gavin, suit la vie des transfuges à travers des vidéos filmées par l’équipe de production aux cotés de Nord-Coréens. Plusieurs scènes du film auraient été filmées par certains des transfuges eux-mêmes, selon Yonhap.
Le pasteur Kim, qui est aussi apparu dans d’autres documentaires sur les transfuges nord-coréens comme Heaven’s Border (« La frontière du Ciel »), précise qu’il ne veut pas que les Nord-Coréens aient à risquer leur vie pour traverser la frontière. « Je voudrais confier que je ne tiens pas à faire d’autres films comme celui-ci à nouveau. C’est vraiment ce que je ressens », ajoute-t-il. Kim a aidé plus de 1 000 Nord-Coréens à s’échapper au cours des 23 dernières années. Selon lui, il a commencé à aider des réfugiés dès les années 1990, après avoir vu des corps de Nord-Coréens frappés par la famine flotter dans le fleuve Yalu (qui marque la frontière entre la Chine et la Corée du Nord).
Une fuite sur plus de 12 000 km via la Thaïlande, le Vietnam et le Laos
Le nouveau documentaire tourne autour des vies de Woo Young-bok, une femme nord-coréenne venue en Corée du Sud avec son mari, ses deux filles et sa mère âgée de plus de 80 ans via la Chine, le Vietnam, le Laos et la Thaïlande. Le film présente aussi la vie de Lee So-yeon, une transfuge nord-coréen vivant en Corée du Sud qui essaie de faire venir son fils, qu’elle a dû laisser en Corée du Nord.
Selon Yonhap, qui cite des courtiers faisant passer des Nord-Coréens dans le Sud, le documentaire raconte que le fils de Lee a été rapatrié de force en Corée du Nord, où il risque d’être poursuivi pour avoir tenté de quitter le pays. « Je pense vraiment que je vais pouvoir revoir mon fils, en priant pour qu’il soit en vie. Mon rêve est de voir mon fils et de prendre un repas avec lui », a confié la mère dans le documentaire.
Dans le film, le pasteur Kim rencontre également la famille Yang à Qingdao, en Chine, dont le voyage périlleux est décrit en détail sur plus de 12 000 km, via la Thaïlande, le Vietnam et le Laos. « J’espère que le gouvernement sud-coréen s’efforcera aussi d’assurer la protection des transfuges nord-coréen tentant de venir dans le Sud. Il y a des limites à ce que peut faire l’Église. »
« Quand on quitte la Corée du Nord, on quitte une autre galaxie »
Le pasteur Kim évoque aussi près de 200 Nord-Coréens qui attendent toujours une opportunité de quitter leur pays pour la Corée du Sud. « Sur dix personnes qui ont demandé à partir, seulement deux ou trois ont pu être sauvées », regrette-t-il. Le producteur Choi Choi-won explique que le documentaire est différent par rapport à d’autres films réalisés sur les transfuges nord-coréens. « Je pense que celui-ci sera plus pertinent parce qu’il se concentre sur les personnes dès le début du tournage. »
Le film évoque aussi la condamnation à mort en 2013 de Jang Song-thaek, oncle de l’actuel dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, accusé de trahison et fusillé par un peloton d’exécution. Le documentaire cite également la conférence Ted (Technology, Entertainment et Design, une série de conférences organisées chaque année au niveau international) de Lee Hyeon-seo, une transfuge nord-coréenne devenue célèbre aux États-Unis pour son livre intitulé « La fille aux sept noms ». Dans cette autobiographie, celle-ci raconte que « quand on quitte la Corée du Nord, on ne quitte pas un pays mais plutôt une autre galaxie. Je sais que je n’en serai jamais vraiment libérée où que j’aille ». Yonhap indique que l’intervention de Lee Hyeon-seo a été essentielle pour la création du documentaire.
En 2023, le film a remporté le Prix du Public au Sundance Film Festival (le principal festival américain de cinéma indépendant) et le Prix du public pour le meilleur documentaire international au Sydney Film Festival. Il a aussi été nommé aux Oscars l’an dernier pour le prix du Meilleur documentaire.
(Avec Ucanews)