Eglises d'Asie

Au Vietnam, l’Église locale auprès des lépreux de Kontum

Publié le 17/05/2019




Le 10 mai, des centaines de patients atteints de la lèpre, originaires de plusieurs minorités ethniques démunies du centre du Vietnam, ont participé à un rassemblement organisé par l’Église locale. Près de cinq cents personnes contaminées par la maladie ont participé à l’événement spécial à l’occasion de la fête de Saint Joseph Damien de Veuster, à la cathédrale de Kontum. Ils viennent de la province de Kontum, où se trouve la célèbre cathédrale en bois, et de la province de Gia Lai – les deux provinces dépendent du même diocèse de Kontum. En 2011, l’Église locale a établi une stratégie sur le long terme afin d’aider les communautés de lépreux à vivre des vies normales.

Le père James Tran Tan Viet, qui dirige la branche locale de la Caritas, confie que l’événement est l’occasion pour ces communautés de se retrouver et de partager leurs témoignages, leurs épreuves et leur lutte quotidienne. Le prêtre ajoute qu’ils sont également portés par le message pascal de la résurrection de Jésus. Après avoir participé à la messe coprésidée par Mgr Aloisius Nguyen Hung Vi, évêque de Kontum, et par cinq prêtres du diocèse, les lépreux ont pu participer à des jeux et ont partagé un repas. Ils ont reçu une aide alimentaire avec notamment de l’huile de cuisson, du lait et du sucre. Ils ont également reçu des bons d’une valeur de dix dollars afin de pouvoir s’acheter des vêtements, du savon et d’autres produits domestiques. Les participants ont pu profiter des danses, des chants et des musiques traditionnelles organisés par les volontaires.

Petrus A. Thieng, de la paroisse de Konhring, confie que la rencontre était pour lui une rare opportunité de rencontrer d’autres personnes comme lui et de visiter la cathédrale. « Nous sommes profondément reconnaissants à l’Église. Ici, nous nous sentons respectés et réconfortés », confie ce père de neuf enfants, ajoutant qu’il se sent souvent isolé des autres villageois à cause de la peur de la lèpre et des discriminations. Petrus Thieng, 45 ans, explique que la lèpre a touché ses pieds, ce qui le pousse à rester chez lui la plupart du temps, où il s’occupe de ses enfants. Il ne peut pas gagner sa vie, mais le gouvernement lui verse chaque mois une allocation de 400 000 dongs (17 dollars). Sa femme, qui est arrivée sur les lieux en portant leur dernier sur le dos, est la seule à pouvoir travailler. Elle nourrit sa famille en travaillant dans les fermes locales, explique-t-elle. Comme le couple ne peut pas payer toutes les études de leurs enfants, ils envoient certains d’entre eux dans un foyer géré par l’Église. Ro Cham Benh, un chrétien du village de Ia Grei, confie que les Sœurs de Saint Paul de Chartres viennent régulièrement le voir ainsi que les quatorze autres lépreux de sa communauté, afin d’offrir des soins médicaux et de les soutenir. Ro Cham Benh, 56 ans, qui a les mains et les pieds déformés, confie que la rencontre les a rassemblés de plusieurs régions différentes. Onze personnes de son village ont été invitées.

Le vicaire général Pierre Nguyen Van Dong, 79 ans, explique que le diocèse compte beaucoup de groupes ethniques et environ mille lépreux. Le père Dong, qui a vécu durant plusieurs décennies auprès des communautés locales, confie que les malades reçoivent des soins et de la nourriture, et qu’ils sont envoyés à l’hôpital pour recevoir un traitement en cas de besoin. Leurs enfants reçoivent des bourses pour pouvoir étudier dans les écoles publiques, ajoute-t-il. D’autres laïcs aident également les communautés de lépreux à survivre en leur construisant des maisons, en creusant des puits pour qu’ils puissent avoir accès à l’eau potable, et en leur envoyant des aides financières pour qu’ils puissent cultiver et élever du bétail pour vivre. Le père Dong confie que les minorités ethniques de la région sont pour la plupart sans éducation et qu’elles sont souvent dénigrées voire maltraitées par le groupe ethnique dominant, les Kinhs. Le prêtre explique que les petits villages ont peu d’accès aux soins et à l’eau potable. Mgr Vi, de son côté, a appelé les lépreux à suivre un régime spécifique, à respecter leur traitement, à veiller les uns sur les autres et à s’efforcer de garder leurs maisons et leurs villages propres afin d’éviter de répandre la maladie. Il a également invité les volontaires à être comme des modèles et à servir comme « lumière du monde », à l’image du saint patron du diocèse, saint Damien. Le saint a servi auprès des malades de la lèpre au XIXe siècle à Hawaï, jusqu’à mourir de la lèpre en 1889.

(Avec Ucanews, Konhum)


CRÉDITS

Ucanews