Eglises d'Asie

Cardinal Gracias : « L’Inde a besoin de dirigeants qui comprennent que l’autorité est un service »

Publié le 19/03/2019




Le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Mumbai et président de la conférence des évêques de l’Inde (CBCI) s’est adressé aux évêques et à tous les fidèles catholiques du pays, en leur rappelant leur devoir de citoyens avant les élections générales, qui se dérouleront en sept étapes du 11 avril au 19 mai. Le cardinal Gracias a notamment déclaré que le pays a besoin de dirigeants « qui comprennent que l’exercice de l’autorité est un service ». De son côté, le secrétaire général de la conférence épiscopale, Mgr Theodore Mascarenhas, a signalé la difficulté pour les catholiques qui seront amenés à voter le jour du Jeudi Saint dans certains États.

Voter est « un devoir sacré : réfléchissez bien ». C’est l’appel qu’a lancé le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Mumbai et président de la conférence des évêques de l’Inde (CBCI). Il s’est adressé à tous les évêques et à tous les fidèles catholiques du pays, en les invitant à aller voter lors des prochaines élections générales, qui auront lieu du 11 avril au 19 mai en sept étapes. Alors que près de 900 millions d’électeurs sont attendus dans les bureaux de vote, le cardinal a rappelé que « chaque bulletin compte. Nous le devons à nous-mêmes, à nos enfants et à notre pays ; nous devons remplir ce devoir sacré et nous engager pour améliorer la direction de l’État ». Le cardinal Gracias a déclaré que l’Inde « a besoin de dirigeants qui comprennent que l’exercice de l’autorité est un service ». Pour cette raison, il a cité les questions les plus délicates que les futurs dirigeants du pays auront à traiter. Une économie qui soutient les pauvres et les défavorisés ; la promotion d’un environnement sûr pour tous les citoyens, en particulier pour les femmes et les enfants ; la sauvegarde des droits fonciers et forestiers des populations indigènes ; la protection des Dalits (intouchables) et l’abolition des discriminations portées contre eux ; la défense de l’harmonie intercommunautaire et du dialogue interreligieux et la protection de l’environnement, afin de préserver les richesses naturelles pour les générations futures.

« Choisir le meilleur pour notre pays »

Outre la déclaration du président de la CBCI insistant sur le devoir électoral, Mgr Theodore Mascarenhas, secrétaire général de la conférence épiscopale et évêque auxiliaire de Ranchi (dans l’État du Jharkhand), est également intervenu pour demander qu’il n’y ait pas d’élections le jour du Jeudi Saint. Il a pris la parole suite à la déception de nombreux catholiques indiens, qui dénoncent la tenue d’élections durant la Semaine Sainte. Le jour du Jeudi Saint, le 18 avril, plusieurs État indiens seront amenés à voter : il s’agit des États de l’Assam, du Bihar, du Chhattisgarh, du Jammu-et-Cachemire, du Karnataka, du Maharashtra, du Manipur, de l’Orissa, de Pondicherry, du Tamil Nadu, du Tripura, de l’Uttar Pradesh et du Bengale occidental. La communauté catholique comprend environ 20 millions de fidèles à travers le pays. Mgr Mascarenhas a assuré que sa demande « ne comporte aucune revendication religieuse mais qu’il veut simplement signaler des difficultés logistiques », liées aux dates prévues pour les élections.

Pour les chrétiens du pays, où le Jeudi Saint n’est pas un jour férié, « il est déjà assez difficile de pouvoir participer aux célébrations, à moins de prendre des jours de congé ou demander à pouvoir quitter le travail plus tôt ». Sans compter l’obligation morale de servir le pays, en allant voter et en se portant volontaire auprès des bureaux de vote. Il sera alors « très compliqué » de respecter à la fois ses devoirs civiques et religieux, a signalé Mgr Mascarenhas. Le cardinal Gracias, de son côté, a souligné l’importance de donner « quelques orientations aux électeurs pour le bien du pays ». L’Inde, a-t-il soutenu, « a fait beaucoup de progrès dans les domaines scientifiques et technologiques, et concernant les infrastructures et les services publics ». D’un autre côté, l’archevêque de Mumbai a rappelé quelques points qui restent problématiques : « La grande différence entre les riches et les pauvres ; les travailleurs journaliers qui luttent pour survivre ; les fermiers sous pression ; les valeurs qui ne sont plus les points de repère de notre société, et qui semblent avoir été remplacées par l’économie comme maîtresse de toutes nos décisions ». Pour toutes ces raisons, le cardinal Oswald a conseillé aux électeurs, pour choisir « le meilleur pour notre pays, de voter judicieusement ».

(Avec Asianews, New Delhi)


CRÉDITS

Bijay Kumar Minj / Ucanews