Eglises d'Asie

Célèbes : une organisation islamique proteste après l’ouverture d’un musée sur l’Holocauste

Publié le 03/02/2022




Le 27 janvier à Minahasa, dans la province de Sulawesi du Nord, a été inauguré le musée Shaar HaShamayim Holocaust, construit par la communauté juive locale. Un événement qui a provoqué les vives réactions du Conseil national des oulémas (MUI), qui y a vu une « provocation » et appelé les autorités à démolir le musée. « C’est important pour les jeunes générations », a répondu Bonar Tigor Naipospos, vice-président de l’Institut Setara pour la démocratie et la paix, en accusant le MUI de ne pas comprendre l’histoire et la portée symbolique d’un tel musée.

Le 27 janvier à Minahasa, au nord de l’île des Célèbes, Ina Lepel, ambassadrice d’Allemagne en Indonésie, a inauguré l’ouverture d’un musée consacré à l’Holocauste.

Plusieurs ONG ont dénoncé les propos d’une des principales organisations islamiques d’Indonésie, qui a appelé à démolir un nouveau musée sur l’Holocauste ouvert par une communauté juive locale. Selon le Conseil national des oulémas (MUI), le musée, situé à Minahasa dans la province de Sulawesi du Nord (au nord de l’île des Célèbes), viole la Constitution indonésienne et provoque la majorité musulmane.

Le musée Shaar HaShamayim Holocaust est le premier de ce genre en Asie du Sud-Est. Il a été construit par la communauté juive locale, et inauguré officiellement par l’ambassadrice allemande en Indonésie, Ina Lepel, le 27 janvier dernier à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. « Ce musée a pour objectif de sensibiliser contre le racisme, contre l’antisémitisme et contre toute forme d’intolérance », a déclaré Ina Lepel durant l’ouverture.

Ses propos n’ont pas convaincu le Conseil des oulémas. « Le gouvernement indonésien doit agir fermement et immédiatement afin de démolir ce musée, parce qu’il est provocateur et que sa présence n’est pas la bienvenue pour beaucoup d’habitants de ce pays », a réagi Muhyiddin Junaidi, vice-président du Conseil consultatif du MUI, dans un communiqué. Selon lui, ce musée ne bénéficie en rien aux Indonésiens et il heurte les sentiments des Palestiniens. Il a également accusé la communauté juive de Minahasa de tenter de convaincre le gouvernement indonésien d’établir des liens diplomatiques avec Israël.

« Ce musée est important pour les jeunes générations »

L’Indonésie, comme beaucoup de pays majoritairement musulmans, refuse de reconnaître Israël comme un État. Bonar Tigor Naipospos, vice-président de l’Institut Setara pour la démocratie et la paix, a accusé le MUI de ne pas comprendre l’histoire et la portée symbolique de ce musée. « Le musée rappelle un message sur ce qu’il s’est passé, une tragédie contre l’humanité qui a causé plusieurs millions de victimes », a-t-il souligné le 2 février. Il a ajouté que l’appel du Conseil des oulémas est surtout un problème d’intolérance religieuse, alors que le MUI devrait, selon lui, « tirer des enseignements de cette tragédie pour que cela n’arrive plus jamais ».

Pour Bonar Naipospos, il est étrange de considérer comme « provocateur » quelque chose qui s’est réellement produit. « Ce musée est important pour les jeunes générations, pour les prévenir que la cruauté envers autrui peut entraîner les meurtres de plusieurs millions de personnes », a-t-il ajouté. La communauté juive indonésienne est particulièrement minoritaire dans le pays avec près de 5 000 membres, dont la plupart sont arrivés en Indonésie durant les périodes coloniales portugaises et néerlandaises. Dans le nord de l’île des Célèbes, dans le centre de l’archipel, où l’on compte une importante population chrétienne, le gouvernement local a autorisé la communauté juive locale à construire une synagogue en 2004, puis le musée de l’Holocauste.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

German embassy / Ucanews