Eglises d'Asie – Inde
Chhattisgarh : la police locale appelle à surveiller les activités des missionnaires chrétiens et des convertis indigènes
Publié le 17/07/2021
Sunil Sharma, commissaire de police du district de Sukma, dans l’État central indien du Chhattisgarh, a demandé à la police locale de contrôler les activités des missionnaires chrétiens et des convertis indigènes dans la région. Dans une lettre officielle datée du 12 juillet, Sunil Sharma a accusé les missionnaires chrétiens d’entrer dans les régions indigènes afin de persuader les populations locales de se convertir, par incitation ou par ruse. Les responsables chrétiens du Chhattisgarh estiment que cette décision fait partie d’une vague antichrétienne qui se poursuit dans l’État indien. « La police est censée être neutre et assurer les droits de tous les citoyens, mais ici, la police se comporte comme un parti politique et semble s’attaquer ouvertement à la communauté chrétienne », a déploré Arun Pannalal, président du Forum Chrétien du Chhattisgarh, dans une déclaration publiée le 13 juillet en réaction à la lettre du commissaire.
« Cet ordre est prémédité et fanatique, il est loin d’être neutre et s’oppose à la Constitution. Un fonctionnaire de police qui contourne la Constitution est une faute très grave. La police accuse déjà les missionnaires d’être coupables d’organiser des activités religieuses illégales, malgré la Constitution qui garantit la liberté religieuse. » Arun Pannalal ajoute que le commissaire a créé de nouveaux groupes afin de distinguer les « indigènes convertis » des autres populations tribales résident dans la région. « Combien de rapports écrits le commissaire a-t-il en main ? Qui sont ces missionnaires ? Si des informations sur des conversions illégales avaient été reçues, les autorités auraient agi en poursuivant les coupables au tribunal. Le fait est qu’il n’y a eu aucune plainte ; les convertis pratiquent le christianisme depuis plus de deux décennies. »
Moins de 0,7 % de chrétiens sur 23 millions d’habitants au Chhattisgarh
De son côté, Sunil Sharma a demandé à la police locale de surveiller les activités des missionnaires chrétiens et des convertis indigènes, et de rapporter toute activité suspecte. « Cette circulaire est une mesure préventive et non prohibitive. Des violences ont été rapportées dans les districts voisins à cause d’activités liées à des conversions, et je ne veux pas que cela se produise ici », a-t-il expliqué. « Nos policiers doivent rassembler des informations via leurs réseaux, sur toute conversion religieuse illégale », a-t-il précisé, en affirmant respecter la liberté religieuse. La loi locale de 2006 sur la liberté religieuse (Chhattisgarh Freedom of Religion Amendment Act) stipule que ceux qui veulent se convertir doivent demander la permission des autorités locales au moins 30 jours avant la cérémonie. Cette autorisation n’est accordée que s’il n’y a aucune menace ou pression en jeu.
Toute personne déclarée coupable est passible de trois ans de prison et d’une amende jusqu’à 20 000 roupies (227 euros). Beaucoup d’opposants et de critiques affirment que depuis l’arrivée au pouvoir du BJP (Bharatiya Janata Party) au pouvoir à New Delhi en 2014, les attaques contre les minorités se sont multipliées. Le BJP a dirigé le gouvernement du Chhattisgarh durant cinq ans jusqu’en 2018, avant le retour du parti du Congrès. Mais le BJP et ses partisans restent très actifs dans la région. Le Chhattisgarh est l’État indien qui compte la plus grande part d’hindous (98,3 % sur une population de 23 millions d’habitants). Les musulmans sont près d’1 %, et les chrétiens, majoritairement indigènes, sont moins de 0,7 %.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Bijay Kumar Minj / Ucanews