Colombo tente de rassurer New Delhi sur les relations sino-sri-lankaises

Publié le 17/02/2022




Le 8 février à New Delhi, le ministre sri-lankais des Affaires étrangères, Gamini Lakshman Peiris, a rencontré son homologue indien lors d’une visite officielle portant sur des intérêts stratégiques mutuels, notamment en matière de défense et de coopération économique. Même si le ministre a tenté de rassurer l’Inde sur les relations sino-sri-lankaises, pour la Chine, le Sri Lanka est devenu un pôle majeur de la route maritime de la soie, avec des engagements dans des secteurs comme le développement des infrastructures, l’exploitation pétrolière, le commerce et l’aide économique.

L’expansion du port de Colombo, financée par la Chine.

Lors d’une visite officielle de deux jours en Inde, le ministre sri-lankais des Affaires étrangères, Gamini Lakshman Peiris, a tenté de rassurer son homologue indien sur les liens de son pays avec la Chine, en assurant que ce n’était pas au détriment des relations avec l’Inde. La rencontre a eu lieu le 8 février, suite à l’invitation du ministre indien Subrahmanyam Jaishankar. Ils ont évoqué quelques problématiques et des intérêts stratégiques mutuels. Leurs échanges se sont notamment concentrés sur l’état des relations bilatérales entre les deux pays, en particulier en matière de défense et concernant d’autres domaines prioritaires pour leur coopération future.

Le ministre Peiris a aussi rencontré Shri Ajit Doval, conseiller du Premier ministre Narendra Modi sur la Sécurité nationale, ainsi que Shri Harsh Vardhan, sous-secrétaire des Affaires étrangères indiennes. Les échanges ont porté sur la transformation de leurs liens bilatéraux, d’une relation commerciale à un partenariat stratégique, pour ne plus se contenter de négociations ponctuelles. L’objectif étant de tendre vers une intégration plus étroite dans des secteurs d’intérêt mutuel, comme la coopération économique, l’énergie, le tourisme et la production. Avec une relation plus stratégique dans tous les secteurs, les contacts entre les deux pays doivent être également encouragés.

Selon des sources au sein du ministère sri-lankais des Affaires étrangères, durant les échanges, le ministre Peiris a reconnu que la rivalité entre l’Inde et la Chine est un facteur que le Sri Lanka doit accepter. Cependant, même si l’Inde est soucieuse de l’influence grandissante de la Chine au Sri Lanka, Gamini Lakshman Peiris a assuré que les liens de son pays avec la Chine ne diminuent en rien une « relation spéciale » avec New Delhi. Selon le ministre, l’Inde et le Sri Lanka ont déjà des relations particulières, et les inquiétudes concernant la présence chinoise doivent pour lui être mises de côté.

Les critiques sur les relations sino-sri-lankaises se sont multipliées ces dernières années

Pour les analystes politiques, la rivalité entre l’Inde et la Chine n’est pas nouvelle, un fait auquel le Sri Lanka s’est habitué depuis longtemps. Toutefois, les inquiétudes de l’Inde sur l’influence grandissante de la Chine se sont aggravées avec l’accord d’une législation controversée à propos d’un projet d’1,4 milliard de dollars US, afin de créer une Zone spéciale économique (SEZ) près du port principal de Colombo.

La loi en question (Colombo Port City Economic Commission) a été votée par le Parlement sri-lankais en 2021, permettant à un corps de sept membres nommés par le président de contrôler entièrement toutes les décisions concernant la zone du port de Colombo. Dans le cadre de cette nouvelle législation, le projet sera administré sans contrôle du Parlement, en particulier selon les souhaits du principal investisseur de la SEZ, CHECH Port City Colombo, qui dépend de la China Communications Construction Company.

Même si le ministre Peiris a tenté de rassurer ses hôtes indiens, les critiques sur les relations sino-sri-lankaises se sont multipliées ces dernières années. Pour la Chine, le Sri Lanka est devenu « un pôle majeur de la route maritime de la soie », avec des engagements chinois dans divers secteurs comme le développement des infrastructures, l’exploitation pétrolière, le commerce et l’aide économique. Malgré la tentative sri-lankaise de présenter l’engagement chinois au port de Hambantota (situé au sud du Sri Lanka, ouvert en 2010 et financé à hauteur de 85 % par la Chine) comme purement commercial, ce projet pourrait assurer la position de la Chine dans une vaste région dans l’Océan Indien, de l’Australie à l’est, jusqu’en Afrique à l’ouest et en Antarctique au sud.

(Avec Asianews)