Eglises d'Asie – Philippines
Coronavirus : la police philippine intervient pour interdire une opération de soupe populaire
Publié le 21/03/2020
Le 19 mars, à Santa-Cruz dans la région métropolitaine de Manille, dans l’île de Luçon qui a été placée en quarantaine par les autorités philippines, les autorités locales et la police sont intervenues lors d’une opération de soupe populaire. Ce jour-là, près de cent personnes sans-abris se sont alignées pour recevoir des dons alimentaires et des médicaments au centre Arnold Janssen Kalinga de Santa Cruz, près de Manille, avant que la police n’intervienne en déclarant que l’opération multiplie les risques de propagation du Covid-19. Le père Flavie Villanueva a confié aux journalistes qu’ils ont été respectueux des mesures de sécurité. « Nous n’avons accepté que 12 à 15 personnes à la fois dans le centre, et nous avons demandé à ceux qui attendaient dehors de se tenir à plus d’un mètre de distance les uns des autres », assure-t-il. Les autorités locales ont accusé le prêtre d’avoir violé les mesures de quarantaine, en dénonçant l’événement comme un rassemblement de masse. Ils ont ensuite tenté de forcer les gens à entrer dans le centre, mais le père Villanueva a protesté contre ce qui aurait effectivement été un rassemblement. Selon le prêtre, les autorités ont alors ordonné l’interdiction de l’événement. « Il n’y a pas eu de rassemblement. Les personnes qui attendaient ont respecté les distances de sécurité. Nous ne faisions que leur donner de la nourriture et des médicaments », s’est indigné le prêtre sur les réseaux sociaux. Lors d’une messe célébrée en direct à Manille, le père Albert Alejo a dénoncé le manque de soutien envers les plus démunis. « Où mettrons-nous les sans-abris en quarantaine, si la rue est leur maison ? », a-t-il demandé dans son homélie.
217 cas d’infection aux Philippines au 19 mars
Par ailleurs, l’aide du gouvernement demeure insuffisante. Les autorités locales ont demandé l’aide du gouvernement central pour financer leurs programmes alimentaires. « Nous avons ici 6 700 foyers. L’état d’urgence a été déclaré par le gouvernement pour six mois. Où pourrons-nous obtenir les fonds pour pouvoir les nourrir ? » a demandé le maire de Bacoor, Lani Mercado-Revilla, dans la province de Cavite. Les transports publics sont toujours suspendus, empêchant beaucoup d’ouvriers peu qualifiés d’aller travailler. « J’ai cinq enfants et c’est ma seule source de revenus. Je dois travailler ou nous allons mourir de faim », s’alarme Brandon Mesipa, chauffeur de Jeepney. Dans la ville de Pasig, les habitants doivent marcher pour se rendre jusqu’aux marchés pour acheter de la nourriture et des produits de première nécessité. À Las Pinas, le 19 mars, des gens se sont attroupés pour saisir des marchandises qui étaient destinées aux professionnels de la santé. « Les gens ont faim. La faim représente une menace encore plus grave que le virus en lui-même », affirme un ouvrier qui se retrouve au chômage technique. Ainsi, la vie dans la capitale devient difficile, forçant certains travailleurs désespérés à parcourir plus de cent kilomètres à pied pour rentrer dans leur province d’origine. Au 19 mars, les Philippines avaient enregistré 217 cas d’infection au Covid-19 et 17 décès, selon les chiffres officiels du gouvernement.
(Avec Ucanews, Manille)