Eglises d'Asie

De nombreux convertis parmi les réfugiés Hmong de Lai Chau

Publié le 12/01/2019




Suite aux inondations qui ont frappé la province montagneuse de Lai Chau cet été, dans le nord-ouest du pays, de nombreuses familles de la minorité Hmong vivant dans la région ont dû fuir, après avoir perdu une grande partie de leurs biens. Près de cinquante foyers ont ainsi été détruits. Face à cette situation, la communauté catholique locale, à l’aide de Caritas Vietnam et d’autres bienfaiteurs, a pu venir en aide aux populations les plus reculées. Une mission qui s’est révélée particulièrement évangélisatrice par ses fruits, avec près de soixante baptêmes à Noël.

Joseph Sung A Phia, 77 ans, membre de l’ethnie Hmong, a décidé de demander le baptême quand des catholiques lui ont donné des vêtements et de la nourriture, alors qu’il avait tout perdu dans des inondations dans la province de Lai Chau. Mais il ne s’est pas converti uniquement à cause de leur générosité. Joseph confie qu’il a été convaincu que c’était « une religion d’amour » quand il a vu des catholiques l’accueillir, lui et sa famille, alors qu’ils n’étaient pas chrétiens. « Je suis très heureux de connaître Dieu et d’être devenu un de ses enfants. J’espère passer le reste de ma vie à le prier et à l’honorer », ajoute-t-il. « Nous sommes extrêmement reconnaissants envers les catholiques qui ont pris soin de nous et qui nous ont laissés rester chez eux quand les inondations ont détruit notre maison en juin. » Ses voisins expliquent qu’il part rarement de chez lui sans porter un chapelet autour du cou, et qu’il participe régulièrement aux prières de la communauté en semaine, chez une famille catholique.

La famille de Joseph Phia fait partie des dix familles hmong qui ont été baptisées par le père Pierre Phan Kim Huan le 19 décembre, à la paroisse de Lai Chau. Le nombre des baptisés s’élevait à 62. Ils venaient des missions de Ho Mit et Trung Dong, dans le district de Tan Uyen. Les nouveaux convertis ont donc dû parcourir près de cent kilomètres pour le baptême. Depuis que les missions ont été fondées à Noël en 2016, le nombre de Hmongs catholiques qui participent là aux célébrations est passé de 70 à 230, explique le père Huan. Le prêtre, dont la paroisse compte environ 2 400 fidèles, ajoute que beaucoup parmi eux se rassemblent entre eux à domicile pour prier le dimanche, parce qu’ils n’ont pas de chapelle. Le gouvernement communiste n’autorise pas les prêtres venant d’autres juridictions à visiter des croyants d’autres régions. « Ils montrent la force de leur foi avec courage, en construisant des autels chez eux afin de pouvoir prier ensemble, ou en porter des chapelets », raconte le père Huan, qui explique qu’ils enseignent le catéchisme à leur communauté en langue hmong, afin de transmettre la foi à leurs amis et à leurs proches.

Une tente de 6m² pour neuf

Le père Huan, 62 ans, confie que les Hmongs catholiques apprécient les efforts menés par l’Église pour venir en aide aux victimes des inondations de cet été. Près de cinquante foyers ont été détruits dans la région. Suite aux intempéries, les autorités ont donné l’autorisation au prêtre de leur rendre visite afin de pouvoir apporter une aide humanitaire. Le prêtre a également lancé des appels aux dons autour de lui. « Nous avons construit quatorze logements pour ceux dont les maisons s’étaient complètement effondrées. Chaque maison fait au moins 50 mètres carrés et coûte environ 90 millions de dongs [3 900 dollars] », poursuit le père Huan, ajoutant que les frais ont été payés par Caritas Vietnam et par d’autres bienfaiteurs. Le simple fait d’apporter une aide humanitaire aux victimes s’est révélé l’œuvre évangélisatrice la plus efficace dans la région, précise-t-il. Joseph Sung A Dua, 40 ans, confie que les neuf membres de sa famille ont dû survivre dans une tente de 6 mètres carrés durant plusieurs mois, après les inondations. « Le père Huan a construit pour nous une maison de 60 mètres carrés le mois dernier. Nous sommes heureux de pouvoir vivre dans un logement aussi grand. Le Seigneur a envoyé le père Huan pour nous aider quand nous en avions besoin, alors nous croyons en lui et nous voulons le suivre. » Le reste de sa famille s’est converti en décembre.

Le père Joseph Nguyen Tien Lien est curé de la paroisse de Mai Yen, dont dépendent 1 200 catholiques, dans la province voisine de Son La. Il explique qu’à Noël, cinquante Hmongs, dont des enfants, sont devenus catholiques. Ce qui élève le nombre de ceux qui se sont convertis, depuis qu’il a commencé à travailler auprès d’eux en octobre 2017, à 250. Le prêtre ajoute pourtant que toutes les communautés catholiques de la province n’ont pas obtenu d’autorisation formelle du gouvernement, malgré les demandes du diocèse de Hung Hoa répétées depuis près d’une décennie. Le père Pierre Pham Tanh Binh, responsable de la commission diocésaine pour les minorités ethniques, confie que son diocèse donne la priorité aux groupes ethniques les plus frappés par la pauvreté. Beaucoup d’entre eux, qui voyaient le catholicisme comme une « religion étrangère », se sont convertis en voyant l’Église leur donner de l’électricité, de l’eau potable, des routes… Le prêtre ajoute que le diocèse a aussi apporté une aide d’urgence, une éducation et des soins à ceux qui vivent dans les régions les plus reculées.

Dans d’autres régions du Vietnam, l’Église a lancé des cours de langue aux Hmongs catholiques afin de les encourager à évangéliser. Quelques prêtres estiment que près de mille Hmongs, dans les provinces de Dien Bien, Lai Chau, Lao Cai, Son La et Yen Bai, ont rejoint l’Église en 2018. On compte environ 1,2 million de Hmongs au Vietnam, selon les estimations, bien qu’ils ne soient pas inclus dans les recensements officiels. Le père Huan explique que beaucoup d’entre eux sont devenus catholiques parce que l’Église les soutient dans les épreuves, et qu’elle leur apporte à la fois une nourriture physique et spirituelle. « Ils ont totalement confiance en la providence divine, ils s’aiment et ils s’entraident les uns les autres dans les difficultés, et ils sont optimistes face à l’avenir », souligne le prêtre. Joseph Sung A Phia confie qu’autrefois, il donnait de la nourriture et il brûlait de l’encens pour les esprits de ces ancêtres chaque fois qu’un de ses proches tombait malade, selon un système de croyances traditionnelles recherchant l’aide des ancêtres depuis l’au-delà. « Aujourd’hui, je crois que je serai avec Dieu au Paradis après ma mort », déclare-t-il.

(Avec Ucanews, Lai Chau)


CRÉDITS

Peter Truong / Ucanews