Eglises d'Asie

De plus en plus de Chinois aisés « fuient » leur pays pour s’installer au Japon

Publié le 04/12/2023




Selon un rapport publié en juin, en 2023, la Chine devrait être le pays comptant le plus d’individus détenant un patrimoine net d’au moins un million de dollars et décidant de « fuir leur pays ». On compterait cette année près de 13 500 Chinois dans cette situation. Les causes seraient variées, entre les restrictions sanitaires strictes durant la pandémie et les contrôles imposés par le Parti. De plus en plus de Chinois aisés choisissent le Japon, où ils forment déjà le groupe étranger le plus important aujourd’hui.

Des touristes chinois dans une rue de Ginza, un des quartiers commerçants les plus importants de Tokyo.

Avec la crise économique, de plus en plus de Chinois aisés s’installent au Japon à la recherche d’un meilleur niveau de vie. Les causes de ce phénomène sont multiples : les difficultés rencontrées face aux restrictions sanitaires chinoises dans le cadre de la politique « zéro-Covid », les contrôles imposés par le Parti communiste chinois, le gel du dialogue sino-américain,  un environnement commercial plus difficile par rapport à l’Occident… Ces raisons poussent non seulement les membres des classes moyennes et aisées à se tourner vers Tokyo, mais aussi les élites.

Les Chinois forment déjà le groupe étranger le plus important au Japon aujourd’hui. Jusqu’à récemment, les migrants chinois dans le pays étaient majoritairement des étudiants, des stagiaires ou des ouvriers. Mais les nouveaux arrivants sont de plus en plus fortunés et avertis sur le plan financier, et ils tendent à choisir le Japon après avoir examiné les avantages et les inconvénients d’autres destinations potentielles comme Singapour ou Bangkok.

Dans un rapport publié en juin dernier, Henley & Partners, une société de conseil internationale en matière de migration des investissements, estime que cette année, la Chine sera le pays comptant le plus d’individus « fuyant leur pays » et dont le patrimoine net dépasse un million de dollars. Le rapport parle d’une émigration de 13 500 Chinois dans cette situation en 2023.

16 297 résidents chinois supplémentaires à Tokyo entre janvier et novembre 2023

Selon Wang Yun, consultant en chef du cabinet juridique japonais Support Gyoseishoshi, de plus en plus de Chinois arrivent dans le pays du Soleil Levant avec des visas comme consultants et chefs d’entreprise ou avec des visas professionnels comme « étrangers hautement qualifiés ». Wang Yun explique que « pour les citoyens chinois, le coût et la difficulté d’un projet de voyage aux États-Unis est aujourd’hui bien plus élevé ». « De plus, les prix augmentent pour s’installer à Singapour, donc beaucoup de gens pensent que le Japon est une option plus raisonnable », ajoute-t-il.

Pour ces nouveaux migrants, la destination préférée est la capitale japonaise, Tokyo, et plus spécifiquement le quartier de Toyosu – une ancienne zone industrielle remise en état, connue pour ses vues saisissantes sur la baie et la ville de Tokyo. La population chinoise parmi les 23 districts de Tokyo a augmenté de 16 297 résidents entre janvier et novembre 2023. Un consultant immobilier local estime que dans certains immeubles de Toyosu, on compte près de 20 % de résidents chinois.

La société japonaise doit encore parvenir à comprendre et gérer les vagues de migrants

Les nouveaux résidents chinois sont attirés par le ratio coûts-bénéfices d’une installation au Japon. Une femme chinoise âgée de trente ans et vivant à Branz Tower Toyosu, une copropriété de luxe, indique que « si j’avais acheté un appartement du même niveau dans une situation géographique similaire à Pékin, le coût aurait été d’au moins 100 000 yuans [environ 2 millions de yens ou 13 000 euros] par mètre carré ». Étant donné que le prix d’entrée d’un logement dans cette copropriété est d’environ 1,2 million de yens par mètre carré, cet achat au Japon représente une économie d’au moins 40 % par rapport à la capitale chinoise. D’autres migrants chinois préfèrent Osaka, où l’achat ou la location sont plus abordables.

Cependant, la société japonaise doit toujours parvenir à comprendre et gérer les vagues de migrants, et il n’existe encore aucune mesure adaptée pour l’intégration des nouveaux résidents chinois arrivant dans le pays. Au niveau politique, alors que les conservateurs sont inquiets des conséquences négatives d’un point de vue sécuritaire, d’autres courants plus libéraux y voient une opportunité de redynamiser une économie japonaise stagnante, avec de nouvelles idées et par-dessus tout de nouveaux capitaux.

(Avec Asianews)