Décès du père Jean-Baptiste Etcharren, missionnaire au Vietnam et ancien supérieur général MEP

Lors de la messe d’action de grâce à Notre-Dame de Paris, pour le 350e anniversaire des MEP, le 8 juin 2008.

Jean-Baptiste ETCHARREN est né à Irouléguy, petit village près de la frontière espagnole, dans le Pays Basque et le diocèse de Bayonne, le 15 avril 1932. Il est le troisième enfant (deux garçons et trois filles) de Dominique Etcharren et de Marianne Irey, agriculteurs. Jean-Baptiste est baptisé le 17 avril 1932 en l’église du village. Il fait ses études primaires à Irouléguy. Très tôt il pense à devenir prêtre. Dès sa petite enfance, tous les soirs, parents et enfants se réunissent pour la prière du soir. La famille rassemblée assiste à toutes les cérémonies en l’église d’Irouléguy. Quant à Jean-Baptiste, encore très petit, il s’isole pour « donner la messe », toujours au même endroit dans la maison, le palier de l’escalier. Alors, ses parents ne sont pas surpris quand il émet le désir de devenir prêtre. Jean-Baptiste est confirmé le 28 mai 1944 au collège Saint-Joseph d’Hasparren qu’il fréquente depuis la rentrée de septembre 1943. Après le Collège d’Hasparren, il poursuit ses études secondaires au petit séminaire Saint François-Xavier d’Ustaritz.

Le 13 mars 1950, alors qu’il poursuit sa dernière année d’étude à Ustaritz, il demande à entrer au grand séminaire des Missions Étrangères où il est admis le 8 avril. Il effectue donc sa rentrée au séminaire de Bièvres le 17 septembre 1950. Il y fait ses deux années de philosophie puis, en 1952, il est appelé pour son service militaire qu’il réalise à la garnison de Marseille jusqu’en février 1954. Ensuite il effectue sa théologie au séminaire de la Rue du Bac. Ses études sont interrompues par un rappel de l’Armée et il est envoyé à Constantine en Algérie de juillet à décembre 1956. Il est ordonné prêtre à Anglet, dans le diocèse de Bayonne, le 2 février 1958 après avoir reçu sa destination pour le diocèse de Hué au Vietnam le 15 décembre 1957, peu de temps après son ordination diaconale.

Jean-Baptiste s’embarque pour le Vietnam le 22 avril 1958. Il étudie le vietnamien à Banam, au Cambodge, de mai 1958 à juin 1959. Puis il exerce son premier ministère au Vietnam comme vicaire à Notre-Dame de Lavang de juin 1959 à février 1960. Ensuite, il est en charge du district pastoral de Mai-Xa pendant un an. De 1961 à 1966, il est à Hué où il enseigne d’abord au Collège de la Providence, puis au petit séminaire. De 1966 à 1972, il est curé de Dong-Ha et responsable du district du 17^e parallèle. En 1972 la guerre fait rage dans cette région. Jean-Baptiste accompagne alors les réfugiés de son secteur au camp de Hoa-Khanh, près de Danang. En 1973, il travaille à la réimplantation à Binh-Tuy des réfugiés de la région du 17^e parallèle. En septembre 1975, il doit quitter le Vietnam à la suite de la prise de pouvoir des communistes. À contrecœur il revient donc en France et doit abandonner ses chers fidèles vietnamiens. Mais il va rapidement les retrouver en France.

En effet, de 1976 à 1983, il est affecté, en France, au service national de la pastorale des migrants, spécialement pour les migrants asiatiques. C’est l’époque des « boat- people » où l’on retrouve beaucoup de réfugiés vietnamiens et cambodgiens. En 1983 Jean-Baptiste est nommé à la paroisse de Maisons-Alfort, dans le diocèse de Créteil, tout en assurant l’aumônerie des Vietnamiens. Il exerce ces ministères jusqu’en 1986, quand il est élu membre du Conseil permanent des Missions Étrangères, lors de l’Assemblée générale de juillet 1986. Il est alors nommé secrétaire général de la Société des Missions Étrangères. Puis il est élu Vicaire général de la Société MEP le 21 juillet, lors de l’Assemblée générale de 1992. C’est alors qu’il accueille aux Missions Étrangères les premiers prêtres étudiants vietnamiens en 1993. Puis il est élu Supérieur général lors de l’Assemblée de 1998. Il fera deux mandats comme Supérieur général, jusqu’en juillet 2010.

En 2010, à la fin de son second mandat de Supérieur général, il retourne au Vietnam, à l’invitation de l’archevêque de Hué, Mgr Joseph Nguyen Chi Linh. Il rejoint la mission pour laquelle il a été nommé en 1958 et y passe sa retraite. Il décède au grand séminaire de Hué le 21 septembre 2021 et son corps repose au cimetière du grand séminaire de Hué.

Jean-Baptiste Etcharren était un homme chaleureux et accueillant, très attaché au Vietnam, dont il parlait parfaitement la langue. Et pourtant il a finalement passé beaucoup d’années en dehors du Vietnam, puisqu’il a vécu vingt-quatre ans à Paris au service de la Société des Missions Étrangères. Mais le Vietnam a profondément marqué toute sa vie. D’abord il a vécu intensément le drame de la guerre du Vietnam, puisqu’il a accompagné ses paroissiens à la recherche d’un refuge plus au sud du Vietnam. Expulsé du Vietnam en 1975, il a passé ses premières années après son retour en France à aider les réfugiés du sud-est asiatique, et tout spécialement les Vietnamiens, à trouver leur place dans l’Église de France et à s’insérer dans la société française. Puis il a contribué en 1993 à l’accueil des premiers prêtres vietnamiens venus en France pour faire des études. Ce fut une étape importante pour l’Église du Vietnam qui compte maintenant de nombreux évêques vietnamiens qui ont effectué leurs études à Paris. Il a ainsi beaucoup contribué à renforcer les liens qui unissent l’Église du Vietnam et la Société des Missions Étrangères. À la fin de son mandat comme Supérieur général, c’est avec joie qu’il est reparti au Vietnam en 2010 à l’invitation de l’Archevêque de Hué qu’il avait accueilli quelques années plus tôt à Paris pour faire ses études. Il a parfaitement joué ce rôle si cher à Mgr Pallu de pont entre l’Asie et l’Europe.

Il décède au grand séminaire de Hué le 21 septembre 2021. Ses obsèques ont été célébrées le 22 septembre à 15 heures dans la chapelle du grand séminaire de Hué. Il a ensuite été inhumé dans le cimetière du grand séminaire de Hué.