Eglises d'Asie

Démission de Taur Matan Ruak, Premier ministre est-timorais, après l’impasse de sa coalition face au budget 2020

Publié le 27/02/2020




Le 25 février, le Premier ministre du Timor Leste, Taur Matan Ruak, a envoyé une lettre de démission au président Francisco Guterres, alors que le pays d’Asie du Sud-Est traverse une nouvelle période d’instabilité politique après l’effondrement de la coalition soutenant Taur Matan Ruak au Parlement. Celle-ci a éclaté face à l’échec du Premier ministre de faire passer le budget national pour 2020, et suite au retrait du plus grand parti de la coalition, le parti CNRT de Xanana Gusmao (lui-même considéré comme un héros de l’indépendance est-timoraise, déclaré en 2002). Mgr Virgilio do Carmo da Silva, archevêque de Dili, a appelé « tous les politiciens de bonne volonté » à former rapidement un nouveau gouvernement, tout en invitant la population, majoritairement catholique, à la prière et au calme.

Le Premier ministre du Timor Leste, Taur Matan Ruak, a remis sa lettre de démission au président Francisco Guterres, alors que le Parlement du pays a refusé d’adopter le budget national pour 2020, d’un total de 1,668 milliard de dollars US. Le général deux étoiles a déclaré qu’il resterait en fonction jusqu’à ce que le président accepte officiellement sa démission. « En attendant, je continuerai d’assumer mes devoirs en tant que Premier ministre », a-t-il confié aux journalistes, rassemblés le 25 février au palais présidentiel de Dili après avoir rencontré le président Guterres. Le Premier ministre a expliqué avoir présenté sa démission à cause de l’apparition d’une nouvelle coalition. La coalition que dirigeait Taur Matan Ruak comprenait son parti, le Front de libération du peuple, le parti CNRT (Conseil national de la résistance timoraise), dirigé par l’ancien Premier ministre et président Xanana Gusmao, et le parti Khunto. Toutefois, cette coalition a rencontré des difficultés quand elle a échoué à faire passer le budget du pays pour 2020 le mois dernier, après l’abstention du parti CNRT. Depuis, le chef du CNRT, Xanana Gusmao, a fondé une nouvelle coalition formée de six partis politiques, et détenant un total de 34 sièges sur 65 au sein du Parlement de l’ancienne colonie portugaise. La nouvelle coalition a signé un accord au siège du CNRT, le 22 février, soit trois jours avant la démission de Taur Matan Ruak.

Xanana Gusmao a affirmé que la nouvelle coalition pourrait permettre de mettre fin à l’instabilité politique prédominante dans le pays. Il a déclaré que l’impasse politique actuelle pourrait nuire sérieusement à l’économie du pays si elle devait se poursuivre. Il a ajouté que des projets de développement risquent d’être suspendus, ce qui pourrait affecter les communautés les plus vulnérables. Mgr Virgilio do Carmo da Silva, archevêque de Dili, a appelé « touts les hommes et femmes politiques de bonne volonté » à former rapidement un nouveau gouvernement pour mener la population hors de la crise actuelle. « Les gens croient encore que leurs dirigeants peuvent s’unir pour trouver les meilleures solutions aux besoins de la communauté », a déclaré l’évêque. Mgr da Silva, vice-président de la conférence épiscopale est-timoraise, a demandé à la population, à grande majorité catholique, de rester calme et de prier le chapelet « pour que les autorités du pays forment un nouveau gouvernement capable d’unir tout le peuple ». Justino Sopalo Ximenes, chercheur en sciences politiques de l’université de Dili, explique que malgré la formation d’une nouvelle coalition, cela pourrait prendre du temps avant qu’elle puisse être approuvée par le président. « Cela pourrait nécessiter un long processus », ajoute-t-il. « Tout d’abord, ils doivent soumettre au président les noms des nouveaux membres de cabinet, ainsi qu’un nouveau candidat au poste de Premier ministre. Ensuite, ils doivent attendre que le président délivre un décret acceptant la démission de Taur Matan Ruak. » Ainsi, selon lui, un nouveau gouvernement pourrait être formé au plus tôt vers mi-mars.

(Avec Ucanews, Dili)

Crédit : José Fernando Real (CC BY-SA 4.0)