Eglises d'Asie

Démographie : des villages indiens se vident peu à peu à cause de l’exode rural

Publié le 04/04/2023




Alors que l’Inde fait face à l’explosion de sa population urbaine, en 2050, le pays pourrait devenir une société majoritairement urbanisée, avec 841 millions d’habitants (soit la moitié de la population) vivant en ville. Paradoxalement, dans un pays où 47 % de la population est âgée de moins de 25 ans, plusieurs États assistent à la création de plusieurs villes « fantômes » comme Kumbanad, au Kerala, où une maison sur six est fermée depuis le départ des propriétaires.

En Inde, à chaque minute, entre 25 et 30 habitants quittent les zones rurales vers les centres urbains ; ainsi, les villages se retrouvent avec des résidents principalement âgés de plus de 60 ans, qui vivent souvent seuls et en continuant leurs travaux agricoles. Dans plusieurs États, cette situation a créé plusieurs villes « fantômes » comme Kumbanad, au Kerala, où une maison sur six (soit 15 % sur plus de 11 000 habitations) est fermée depuis le départ des propriétaires.

Dans ce contexte et à cause du manque d’enfants, des enseignants sont forcés de partir à leur recherche et de payer les familles de leur propre poche pour les convaincre de les envoyer à l’école. Un paradoxe dans un pays où 47 % de la population est âgée de moins de 25 ans, sur 1,4 milliard d’habitants. Mais la croissance démographique indienne est inégale, entre des régions dans le Sud qui font déjà face à une population vieillissante et des faibles taux de natalité – une tendance accentuée par les jeunes qui vont vivre en ville ou à l’étranger.

Les migrations internes ont augmenté de 51 % entre 2001 et 2011. Selon le dernier recensement national de 2011, l’immigration interne était alors de 450 millions. La tendance s’est vraisemblablement poursuivie durant les dix années qui ont suivi, et ceci malgré la pandémie de Covid-19. En 2050, l’Inde pourrait ainsi devenir une société majoritairement urbanisée, avec 841 millions d’habitants (soit la moitié de la population) vivant en ville.

Malgré l’augmentation de l’espérance de vie en Inde, la vie active s’arrête généralement vers 60 ans, et près de 73 % des seniors vivent dans les zones rurales. Selon le dernier rapport du Bureau national des statistiques (NSO), publié en 2021, le nombre de personnes âgées devrait passer de 138 à 194 millions d’ici 2031 en Inde, soit 41 % de plus en dix ans.

40 % des plus de 60 ans continuent de travailler dans les zones rurales

Les États comptant la plus forte proportion de personnes âgées sont le Kerala (20,9 %), le Tamil Nadu (18,2 %), l’Himachal Pradesh (17,1 %), l’Andhra Pradesh (16,4 %) et le Pendjab (16,2 %). Selon d’autres chiffres officiels, 4,4 % des personnes âgées vivent seules dans les régions rurales, avec une différence notable entre les hommes (1,6 %) et les femmes (7,2 %). Par ailleurs, dans les zones urbaines, 26 % des résidents de plus de 60 ans continuent de travailler, contre 40 % dans les zones rurales (majoritairement dans l’agriculture, et surtout par nécessité).

Seuls 28 % des seniors dans les zones rurales se considèrent comme indépendants économiquement, contre 33 % en ville. Le pourcentage de seniors dépendant totalement de leur famille est le même partout, la majorité d’entre eux confiant que leurs enfants vivent en ville ou à l’étranger.

L’Inde compterait moins d’un millier de maisons de retraite, selon la Fondation AgeWell. Pour des raisons culturelles, les familles n’envisagent pas cette option pour leurs aînés. Pourtant, les demandes se sont multipliées récemment et les listes d’attente s’allongent. Dans de nombreux cas, les retraités préfèrent se rendre dans des centres d’accueil de jour offrant différents services.

Par ailleurs, dans les villes « fantômes », où la criminalité est faible, la police veille souvent sur les aînés. Ainsi, à Kumbanad, la police locale affirme ne pas se souvenir du dernier meurtre qui a eu lieu chez eux. Les vols sont rares, même s’il y a occasionnellement des cas de fraude, poursuit l’inspecteur de police Sajeesh Kumar V : « Sinon, nous gérons surtout des différents mineurs entre résidents. » Il assure que police locale visite les personnes âgées presque tous les jours, pour s’assurer que tout va bien, en allant jusqu’à confier des alarmes mobiles à certains en cas d’urgence.

(Avec Asianews)