Eglises d'Asie – Vietnam
Des bourses d’études pour lutter contre l’abandon scolaire
Publié le 22/10/2021
Depuis l’été dernier, Phan Ngoc Thieu, une élève de sixième, se lève à 3 heures du matin, travaille dans une boulangerie et livre du pain aux restaurants jusqu’à midi tous les jours.
Thieu, dont le père est mort de tuberculose, gagne avec ce travail 1,5 million de dongs (66 dollars) par mois pour aider sa famille et régler ses propres frais de scolarité. Elle vit avec ses grands-parents dans l’ancienne ville de Hue, dans la province de Thua Thien Hue. Sa mère, qui travaillait dans un salon de coiffure à Hô-Chi-Minh-Ville, épicentre du Covid-19 au Vietnam, n’a pas pu lui envoyer d’argent depuis des mois, car elle s’est retrouvée sans emploi et a contracté le virus.
« Une religieuse m’a vue pendant que je livrais du pain sur un marché et m’a demandé quelle était ma situation », raconte cette jeune fille de 12 ans, au visage angélique. Elle a reçu 2 millions de dongs (88 dollars) pour acheter des uniformes scolaires, un cartable, des livres et d’autres fournitures pour la nouvelle année scolaire.
Les établissements scolaires ont rouvert leurs portes le 22 septembre après une fermeture de plusieurs mois en raison de l’épidémie de coronavirus. Malgré l’absence de chiffres officiels, des enseignants affirment que de nombreux élèves ont été contraints d’abandonner l’école, leurs familles ne pouvant plus faire face aux difficultés créées par la pandémie.
Selon une enseignante de l’école primaire de Dien An, dans le district de Phong Dien, 12 des 36 élèves de sa classe n’ont pas repris le chemin de l’école. Sur les 700 élèves de l’école répartis dans 18 classes, 182 ont quitté l’établissement à cause de problèmes économiques.
« Je suis profondément reconnaissante envers cette religieuse d’être venue à mon secours, car je n’aurais pas pu aller à l’école cette année sans son aide », a déclaré Thieu, une élève bouddhiste.
Sœur Elizabeth Tran Thi Hang de Saint-Paul de Chartres, responsable d’un programme de bourses scolaires pour les étudiants de Hue, a déclaré que les religieuses avaient l’intention d’offrir une aide financière à Thieu jusqu’à ce qu’elle entre à l’université, car sa famille est dans une situation critique.
Selon Sœur Hang, 47 ans, près de 200 bourses ont été accordées cette année à des étudiants issus de familles pauvres, durement touchées par la pandémie de Covid-19. Les religieuses lancent un appel aux dons pour aider les élèves dans le besoin à poursuivre leurs études, car de nombreuses familles n’ont plus les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école
Les religieuses ont commencé à offrir des bourses d’études aux étudiants pauvres en 1999, après de fortes inondations qui avaient causé d’importants dégâts dans la région. Elles collectent des fonds auprès de leurs anciens élèves à l’étranger et d’anciens boursiers, soutenant ainsi quelque 10 000 étudiants à ce jour.
« Nous voulons donner une chance à ces étudiants de poursuivre leurs études, afin d’encourager leurs familles à surmonter ces moments difficiles », a-t-elle déclaré.
Le Thi Phung est sans emploi depuis fin août, après la fermeture du restaurant où elle travaillait en raison de l’épidémie de Covid-19. Son mari, maçon dans la province de Binh Duong, a également perdu son emploi. « Notre fille était extrêmement déçue par le fait que nous n’avions pas assez d’argent pour couvrir ses frais de scolarité cette année », a déclaré la bouddhiste de 47 ans, qui finalement demandé de l’aide à la paroisse catholique Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, pour permettre à sa fille de poursuivre sa scolarité en seconde. « Je leur suis profondément reconnaissante d’avoir rendu visite à ma fille et de lui avoir donné 1 million de dongs ».
La paroisse offre actuellement des bourses d’études à quelque 70 étudiants issus de familles frappées de plein fouet par le coronavirus.
Dans la province de Hue, l’association Me Oi apporte un soutien financier d’une moyenne de 100 euros à une centaine d’élèves cette année, selon son responsable Mattheus Nguyen Quoc Chuong.
Le père Paul Nguyen Ngoc Vinh, curé de Linh Thuy, affirme que sa paroisse prévoit d’accorder des bourses à 200 étudiants, dont 60 % ne sont pas catholiques. Les étudiants aidés sont issus de familles de pêcheurs locaux qui ont perdu leur emploi à cause de l’épidémie de Covid-19.
« Nous demandons à ceux qui le peuvent de leur fournir du riz, des nouilles instantanées, de l’huile de cuisson et de la sauce de poisson », a-t-il déclaré. Cette année, les dons ont baissé, car les communautés de donateurs catholiques sont également très touchées par le coronavirus.
Le Vietnam a enregistré 870 255 infections et 21 344 décès depuis que l’épidémie de Covid-19 l’a touché début 2020. La pandémie a suspendu les activités économiques et sociales : des millions de personnes sont aujourd’hui au chômage et dans des situations de grande détresse économique.
La seule ville de Hô-Chi-Minh a enregistré plus de 1 500 enfants rendus orphelins par la contagion.
Le mois dernier, le gouvernement a lancé un programme national pour fournir des ordinateurs et des services internet gratuits à 2 215 863 étudiants issus de familles pauvres.
CRÉDITS
Ucanews