Eglises d'Asie

Des catholiques sud-coréens appellent à développer la pastorale auprès des toxicomanes

Publié le 08/03/2023




Selon le ministère sud-coréen de la Santé et des Affaires sociales, la Corée du Sud a enregistré 1 526 841 alcooliques en 2020, contre 1 505 390 en 2018. Pour Theodosius Ha Jong-eun, directeur d’un centre de recherche coréen sur l’addiction, la hausse des problèmes de toxicomanie dans le pays d’Asie de l’Est est liée à « une atmosphère sociale qui met l’accent sur les résultats immédiats et sur l’efficacité, ce qui favorise le développement de nombreuses addictions ».

Le quartier de Myeongdong, à Séoul. Selon les statistiques officielles, la Corée du Sud a enregistré 18 395 auteurs d’infractions liées à la drogue l’an dernier.

Selon les statistiques officielles, la Corée du Sud a compté 18 395 auteurs d’infractions liées à la drogue en 2022, soit une hausse de 13,9 % par rapport à l’année précédente (en 2018, ce chiffre était de 12 613). La majorité de ces cas (34,2 %) concernent des adolescents et des jeunes entre 20 et 30 ans. Par ailleurs, selon le ministère coréen de la Santé et des Affaires sociales, le pays a enregistré 1 526 841 alcooliques en 2020, contre 1 505 390 en 2018. De plus, le nombre de personnes dépendantes aux jeux d’argent était de 2,2 millions en 2020 selon le Bureau national des statistiques.

Theodosius Ha Jong-eun, directeur de la Korean Addiction Research Foundation, qui dépend de l’hôpital catholique Sainte-Marie de Séoul, explique que « le circuit de la récompense, dans le cerveau, est normalement une source d’énergie qui prend du temps pour vous procurer un plaisir sain et vous faire sentir heureux. Mais face aux problèmes, certains tombent dans l’addiction ».

« Une atmosphère sociale qui met l’accent sur les résultats immédiats et sur l’efficacité »

Selon des enquêtes qu’il a menées, il a constaté un isolement croissant des gens et une recherche plus forte de plaisirs rapides, une situation favorisée par « une atmosphère sociale qui met l’accent sur les résultats immédiats et sur l’efficacité, ce qui accélère le développement de nombreuses addictions ». Selon sa fondation, les toxicomanes comme les alcooliques peuvent faire des rechutes dans les trois mois après leur désintoxication, mais il estime que bien souvent, ils n’ont pas les soutiens dont ils auraient besoin autour d’eux.

De plus, l’an dernier, seuls 2,4 % des auteurs d’infractions liées à la drogue ont reçu un traitement adapté au lieu d’être incarcérés. « Dans l’addiction, les soutiens des proches et les relations humaines sont importantes pour s’en sortir, mais c’est d’autant plus difficile que leurs relations sont souvent coupées quand ils deviennent accros », poursuit Theodosius Ha.

« Nous devons nous efforcer de tendre la main en premier »

Des diocèses et paroisses catholiques sud-coréennes ont créé des groupes d’entraide dans plusieurs domaines afin de soutenir les toxicomanes et les alcooliques, dans le cadre d’un programme introduit par le père Arthur G. McMahon, un missionnaire colomban irlandais, il y a plusieurs décennies. Ces groupes organisent des rencontres et des sessions d’accompagnement pour les drogués, dans des paroisses ou d’autres lieux, afin de les aider à s’en sortir. Leurs activités ont cessé durant la pandémie de Covid-19, avant de reprendre mais de façon limitée.

Le père Thomas Aquinas Hong Seong-min, spécialiste des phénomènes d’addiction, explique que parfois, les gens sont réticents à l’idée d’organiser de telles sessions dans les églises, d’où la nécessité de lancer des alternatives. « Il faut savoir que ces groupes d’entre-aide sont destinés à ceux qui sont en cours de désintoxication, et non à ceux qui créent des problèmes », confie le prêtre, qui enseigne à l’Université catholique de Pusan. Il souligne que les comités pastoraux peuvent s’associer avec les hôpitaux spécialisés dans l’accompagnement des toxicomanes, afin de leur offrir des soins pastoraux adaptés.

Ceux qui ont étudié les phénomènes d’addiction insistent également pour que les portes des églises soient toujours grandes ouvertes, au-delà des groupes d’entre-aide. Le père James Lee Joong-gyo, du diocèse de Suwon, qui a obtenu un doctorat spécialisé sur le sujet de l’addiction, ajoute que les prêtres doivent aller vers les toxicomanes, si ces derniers ne viennent pas à eux. « Quand j’ai interrogé des patients dans un hôpital spécialisé sur l’alcoolisme, dans le diocèse de Suwon, l’un d’entre eux a confié que la visite d’un prêtre a été très bénéfique pour lui », a-t-il raconté. « Comme c’est difficile pour eux d’aller vers l’Église d’eux-mêmes, nous devons nous efforcer de tendre la main en premier. »

(Avec Ucanews)