Eglises d'Asie

Des catholiques sud-coréens s’opposent à un nouveau projet d’aéroport dans l’île de Jeju

Publié le 28/04/2023




Le 23 avril dans l’île de Jeju, une île volcanique très prisée au sud de la Corée du Sud, les diocèses de Jeju et d’Incheon ont célébré une messe spéciale pour la préservation du site. Ils sont notamment opposés à la construction d’un second aéroport en plus de l’Aéroport international de Jeju, le 2e le plus fréquenté du pays. Pour le père Joseph Hwa ng Tae-jong, l’île doit devenir « un espace de vie et de paix, c’est pourquoi elle a besoin d’une loi spéciale pour sa préservation plutôt que pour son développement ».

Le 23 avril dans l’île de Jeju à l’occasion d’une messe spéciale célébrée par des catholiques de Jeju et d’Incheon.

Des groupes catholiques des diocèses sud-coréens de Jeju et d’Incheon se sont rassemblés, le 23 avril dans l’île de Jeju, pour une messe spéciale afin de prier pour la préservation environnementale de cette île volcanique, située à 85 km au sud de la Corée du Sud. Selon les deux diocèses, la construction d’un nouvel aéroport risquerait d’affecter l’écosystème de l’île, destination touristique phare et unique région subtropicale du pays.

La Commission pour l’écologie et l’environnement du diocèse de Jeju et la Pastorale pour l’environnement du diocèse d’Incheon ont organisé cet événement conjointement, en présence d’environ 40 personnes dont des responsables de l’Église locale, des laïcs et des militants pour la protection environnementale de Jeju.

Durant la célébration, le père Joseph Hwa ng Tae-jong, de la Commission diocésaine de Jeju, a déclaré que l’île a besoin de lois qui permettent de la préserver davantage de développements futurs. « Jeju ne doit pas devenir une ville internationale autonome mais un espace de vie et de paix, et c’est pourquoi l’île a besoin d’une loi spéciale pour sa préservation plutôt que pour son développement », a souligné le père Joseph.

Jeju, la plus grande île sud-coréenne, est connue pour sa beauté naturelle, ce qui en fait une destination de choix pour les touristes locaux et étrangers. L’île fait partie de la province autonome de Jeju et compte plusieurs sites naturels classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Il y a environ 700 000 habitants dont près de 80 000 catholiques.

L’île compte déjà l’Aéroport international de Jeju, l’un des plus fréquentés dans la région avec une moyenne annuelle de 26 millions de voyageurs. Les autorités locales ont donc envisagé la création d’un second aéroport dans la partie sud de l’île, pour des coûts de construction estimés à près de 4 milliards de dollars US, afin de compléter la capacité limitée de l’unique piste d’atterrissage de l’aéroport de Jeju, construit en 1968.

Un projet déjà rejeté à trois reprises par le gouvernement

Des îliens de Jeju, des groupes environnementaux ainsi que l’Église catholique à Jeju se sont opposés au projet, affirmant qu’il mettrait en danger l’environnement et la faune et qu’il affecterait négativement les habitants les plus défavorisés de l’île. Le ministère de l’Environnement sud-coréen a également rejeté le projet d’aéroport à trois reprises en évoquant des évaluations environnementales incomplètes et insatisfaisantes. Toutefois, les médias locaux expliquent que les autorités de Jeju continuent de défendre le projet malgré les oppositions.

Pour les années à venir, le gouvernement sud-coréen a déjà approuvé un projet de construction de dix nouveaux aéroports à travers le pays (pour un coût total estimé à 7 milliards de dollars US) afin de soutenir les activités économiques du pays. Pour les groupes catholiques de la région, « les problèmes environnementaux liés au projet à Jeju sont multiples, à un niveau considérable ». Ils ont précisé qu’il menacerait notamment une importante réserve ornithologique ainsi que l’habitat de plusieurs espèces menacées, sans compter la pollution sonore de l’aéroport qui aurait également un impact sur la faune.

« Les gens et la société civile se demandent si c’est vraiment une décision désirable pour la préservation de Jeju », poursuivent les organisateurs dans leur communiqué. Ils ont également partagé leurs craintes que le second aéroport soit aussi utilisé à des fins militaires face aux tensions du pays avec la Corée du Nord et la Chine. « Ce site ne doit pas devenir une base militaire », ont-ils insisté, en ajoutant que « les hommes et la nature peuvent coexister ».

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Diocèse de Jeju / Ucanews