Eglises d'Asie

Des diocèses du nord de l’Inde s’engagent pour les travailleurs migrants

Publié le 03/05/2023




10 diocèses de la région d’Agra ont déclaré vouloir apporter une aide juridique aux travailleurs migrants, encore souvent contraints au travail forcé et à l’esclavage.

Les diocèses de l’archidiocèse d’Agra, dans le nord de l’Inde, ont annoncé vouloir s’unir pour lutter contre les phénomènes du travail forcé et du trafic d’êtres humains, qui touchent des millions de travailleurs migrants dans leur région.

À l’occasion de la Journée internationale des travailleurs, le 1er mai, une dizaine de diocèses du Nord de l’Inde, notamment ceux de Lucknow, Bareli, Jhansi, Jaipur, Ajmeer, Gorakhpur, Bijnor, Allahabad, Meerut et Varanasi, se sont engagés à lutter contre le travail forcé et le trafic lors d’une réunion des représentants diocésains, qui s’est tenue à Jaipur, la capitale de l’État du Rajasthan, dans le nord du pays. La réunion était organisée par la Commission pour les migrants de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde.

Mgr Oswald Lewis, évêque retraité de Jaipur, souligne la nécessité pour les bénévoles de l’Église de prendre des mesures proactives pour “accompagner et aider” les divers programmes gouvernementaux d’aide sociale en faveur des travailleurs migrants. L’Église, avec sa “main-d’œuvre qualifiée et ses ressources, peut-être d’une grande aide pour fédérer les travailleurs migrants et leur permettre de parler d’une voix unie”, selon Nirmal Gorana, un militant des droits de l’homme basé à Delhi, qui a également participé à la réunion.

L’Inde a promulgué plusieurs lois de protection des travailleurs migrants, notamment sur l’abolition de la servitude pour dettes. La loi de 1956 sur la prévention du Trafic Immoral, offre la possibilité d’une action judiciaire aux victimes de trafic d’êtres humains.

Mais selon M.Gorana, “les victimes de ces fléaux sociaux sont incapables de tirer parti de ces lois en raison de leur ignorance”

L’Inde compte 380 millions de travailleurs migrants, selon le portail eShram du gouvernement fédéral, qui met en relation les travailleurs avec les employeurs et le gouvernement par le biais de programmes numériques de formation, d’apprentissage et de retraite.

La plupart des travailleurs migrants ignorent même l’existence du salaire minimum ou de la protection juridique contre l’exploitation, assure M. Gorana, qui a été menacé de mort pour son travail d’éducation juridique auprès des ouvriers des briqueteries du Rajasthan. “La condition des travailleurs migrants est horrible et dangereuse car, dans de nombreux cas, la police soutient leurs bourreaux même si une plainte est déposée”

De nombreux travailleurs migrants ne se rendent compte de leur situation d’exploitation qu’après avoir été pris au piège, ce qui exige des efforts conjoints de la part des bénévoles de l’Église et des forces de l’ordre pour les sauver, poursuit M. Gorana.

“La servitude pour dettes et le trafic d’êtres humains sont monnaie courante parmi les travailleurs migrants, car ils ne sont pas en mesure de demander l’aide du gouvernement en cas de détresse”, explique Sœur Rani Punnaserril, membre des Sœurs de la Sainte-Croix de Menzingen, qui travaillent parmi les travailleurs migrants à New Delhi.

“Nous avons convenu de former une équipe de ressources, dotée de connaissances juridiques et de compétences adéquates, pour lutter efficacement contre la traite des êtres humains et la servitude pour dettes” poursuit la religieuse. “La migration des États du nord de l’Inde a augmenté depuis Covid-19, car de nombreuses personnes ont perdu leur emploi et sont obligées de se déplacer dans différents endroits à la recherche de travail »

Elle rappelle que les travailleurs migrants indiens ne peuvent pas bénéficier d’une aide juridique payée par l’Etat car ils ne disposent la plupart du temps pas de documents légaux pour justifier de leur identité et de leurs déplacements.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Bijay Kumar Minj / Ucanews