Eglises d'Asie

Des entrepreneurs philippins s’engagent à éviter la course au profit durant la période de Noël

Publié le 10/11/2022




Dans un communiqué, les évêques philippins ont appelé les hommes d’affaires philippins à se montrer intègres dans leurs activités commerciales durant les fêtes de Noël. « La naissance du Seigneur approche à grands pas. Il serait convenable de la préparer d’une manière particulière », ont-ils demandé. Un groupe philippin composé de plus de 3 000 entrepreneurs (Catholic Businessmen Association of the Philippines) a répondu à l’appel en suggérant des plafonds sur les prix des biens et marchandises durant les fêtes.

Une vente de lanternes traditionnelles à Manille, Noël 2019.

Un groupe d’hommes d’affaires catholiques philippins (Catholic Businessmen Association of the Philippines) a signé un accord en vue de mettre en place un plafond sur les prix des biens et marchandises durant le temps de Noël. Le 8 novembre, l’association, composée de plus de 3 000 entrepreneurs, a accepté de s’imposer un plafond sur les prix des marchandises afin d’éviter de profiter de la demande élevée durant la période des fêtes de Noël.

Les habitants du pays, majoritairement catholiques, devraient préparer les festivités dès le début du mois de décembre, ce qui peut inciter les entrepreneurs à augmenter les prix des biens face à une demande plus élevée. Selon le groupe, imposer un plafond peut permettre de rappeler aux entrepreneurs catholiques leur mission envers Dieu et envers le pays.

« L’objectif d’instaurer un plafond sur les prix des biens et marchandises est en fait de rappeler discrètement à chaque membre de l’association que même si nous sommes dans les affaires pour faire du profit, nous avons malgré tout une obligation morale envers notre prochain », explique Larry Valdez, président de l’association. Il ajoute qu’ils voudraient publier une liste de prix de produits couramment utilisés durant la période de Noël, et que les membres du groupe suivraient en les vendant.

« Plusieurs millions de Philippins, riches ou pauvres, travaillent dur pour pouvoir préparer les fêtes de Noël. L’argent qu’ils vont dépenser a été durement gagné. C’est pourquoi cela ne devrait pas être exploité par des profiteurs », insiste Larry, qui précise que son groupe a voulu répondre à l’appel des évêques catholiques du pays, qui ont demandé aux entreprises de ne pas s’engager dans la course au profit durant le temps de Noël.

Appel des évêques philippins aux entrepreneurs

Dans un communiqué, les évêques ont incité les hommes d’affaires philippins à se montrer intègres dans leurs activités commerciales. « La naissance du Seigneur approche à grands pas. Il serait convenable de la préparer d’une manière unique et particulière. Alors que nous nous approchons du temps de l’Avent, n’oublions pas que Noël est une occasion de prendre soin des pauvres… La course au profit enrichit les riches et appauvrit les pauvres », a déclaré la Conférence épiscopale philippine dans son message.

L’association a également demandé au Département du commerce et de l’industrie (DTI) de s’assurer que la loi sur les prix des produits de base et des matières premières (Price Act) soit respectée. « Nous appliquerons la loi pleinement en imposant des amendes et des peines de prison à tous ceux qui se rendent coupables de mercantilisme », a promis Alfredo Pascual, secrétaire du DTI, interrogé par les médias le 8 novembre.

Il a assuré tous les consommateurs que le Département servira de protection contre tous ceux qui chercheraient à faire des profits excessifs. « Nous avons une loi qui interdit et qui condamne ceux qui commettent tout acte de manipulation illégale de tout produit de base ou matière première », a-t-il ajouté. La violation de cette loi peut entraîner des amendes et des peines entre cinq et quinze ans de prison.

« Les affaires sont les affaires, je ne pense pas que les entrepreneurs écouteront »

Certains catholiques philippins se montrent toutefois sceptiques face à l’initiative du groupe, en doutant que les grandes entreprises suivent les plafonds fixés par l’association. « Même s’ils les suivent, ce ne sera que durant une période très limitée. Après cela, ils continueront à augmenter les prix et en justifiant cela à cause des coûts des carburants et des transports de marchandises », estime Francisca Oliveros, une mère catholique de Manille, qui remercie les évêques pour leur appel tout en doutant de son efficacité.

« Quand c’est l’argent qui dicte le reste, tout devient flou et hors de contrôle. Les affaires sont les affaires, et je ne pense pas que les entrepreneurs écouteront les évêques. Même parmi les membres de l’association, je pense que c’est déjà sujet à débat entre eux. Et combien plus pour les autres ? » En janvier dernier, les autorités avaient déposé des plaintes pour mercantilisme contre 124 sociétés commerciales accusées d’avoir manipulé les prix avant la période de Noël 2021. Plus d’une centaine d’entre eux ont dû verser une amende et ont vu leur permis commercial révoqué.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Bernice Beltran / Ucanews