Eglises d'Asie

Des extrémistes hindous s’attaquent à une école catholique dans l’État du Madhya Pradesh

Publié le 09/12/2021




Le 6 décembre, un groupe nationaliste hindou de l’État du Madhya Pradesh, dans le centre de l’Inde, s’est attaqué à une école catholique de la ville de Ganj Basoda, dans le district de Vidisha. Selon le père Maria Stephen, responsable des relations publiques pour les diocèses catholiques du Madhya Pradesh, ils avaient entendu « des fausses nouvelles publiées par une chaîne Youtube locale ». Les dégâts sont estimés entre 1,5 et 2 millions de roupies. Le père Babu Joseph, ancien porte-parole de la Conférence épiscopale indienne, remarque qu’il s’agit de « l’un des États les plus pauvres de l’Inde ».

L’école Saint-Joseph a subi des dégâts à hauteur de 2 millions de roupies (environ 23 500 euros).

Après les églises et autres lieux de culte, les hindous extrémistes s’en prennent désormais également aux écoles catholiques, et ce en plein jour. Ce lundi 6 décembre, un groupe s’est attaqué à l’école Saint-Joseph de Ganj Basoda, une ville du district de Vidisha, dans l’État du Madhya Pradesh (dans le centre de l’Inde). Cette affaire est survenue alors que le gouvernement de l’État, contrôlé par le parti pro-hindou nationaliste du BJP (Bharatiya Janata Party), a récemment renforcé sa législation anti-conversion. « Un groupe de voyous a brisé le cadenas du portail », a rapporté le père Maria Stephen, responsable des relations publiques pour les diocèses catholiques du Madhya Pradesh, en ajoutant qu’ils avaient entendu « des fausses nouvelles publiées par Aayudh, une chaîne Youtube locale ». « Ils ont crié en accusant les chrétiens d’avoir célébré des baptêmes impliquant des enfants de l’école. Ils ont jeté des pierres contre le bâtiment, en brisant des fenêtres et en endommageant un véhicule », a-t-il expliqué.

L’histoire de baptêmes est une fabrication, a-t-il dénoncé. La paroisse locale, l’église Saint-Joseph, située à un kilomètre de l’école, a par contre célébré des premières communions le 31 octobre dernier pour des enfants de la paroisse. La chaîne Aayudh a utilisé des photos de de ces enfants avec l’évêque, publiées par le diocèse de Sagar, en affirmant qu’ils ont été baptisés à l’école, ce qui a provoqué la colère des extrémistes.

« Les nationalistes veulent s’attirer la notoriété en s’en prenant aux écoles chrétiennes »

Le directeur de l’école, le frère Antony Pynumkal, a déclaré qu’il avait reçu, le 30 novembre, des informations lui signalant les accusations qui circulaient parmi les nationalistes hindous, et il a immédiatement informé la police locale. Celle-ci a envoyé deux agents, qui n’ont pu arrêter la foule, armée de barres de fer et de pierres. « Toute l’attaque a duré environ une heure », a témoigné le proviseur, en précisant que les dégâts sont estimés entre 15 et 20 lakhs (entre 1,5 et 2 millions de roupies, soit entre 17 500 et 23 500 euros). « Notre école compte 1 500 élèves, dont quatre chrétiens et environ vingt musulmans. Tous les autres appartiennent à la communauté majoritaire », a-t-il expliqué.

Pour Mgr James Athikalam, évêque de Sagar, c’était « une stratégie planifiée contre nous ». « Récemment, nous avons eu un autre incident dans un foyer pour filles. Maintenant, dans toutes les institutions éducatives chrétiennes, ils essaient d’inventer un complot », dénonce-t-il. Pourquoi ? Pour lui, la raison vient des élections locales qui approchent. « Les responsables [nationalistes] locaux veulent s’attirer la notoriété en s’en prenant aux écoles chrétiennes. » Le père Babu Joseph, ancien porte-parole de la Conférence épiscopale indienne, remarque que « cela s’est produit dans un État classé comme l’un des plus pauvres de l’Inde, où un tiers de la population est en proie à l’extrême pauvreté ». « Nous espérons sincèrement que les autorités saisiront l’occasion de poursuivre ces gens qui ont enfreint la loi, et qui auraient pu mettre en danger la vie des enfants », a-t-il poursuivi.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

St. Joseph School / Ucanews