Eglises d'Asie – Inde
Des groupes hindous s’opposent à un projet d’une statue géante du Christ dans l’État du Karnataka
Publié le 10/01/2020
L’opposition de plusieurs groupes hindous a forcé l’archidiocèse de Bangalore à suspendre un projet de construction dans l’État du Karnataka, dans le sud-ouest de l’Inde. L’archidiocèse projette en effet d’ériger ce qui doit être la plus haute statue du Christ dans le pays, au sommet d’une colline. Le gouvernement de l’État du Karnataka, dirigé par le parti pro hindou du BJP (Bharatiya Janata Party), a demandé la suspension des travaux afin qu’une enquête officielle puisse déterminer la propriété du terrain, a déclaré l’archidiocèse le 7 janvier. Les problèmes sont apparus quand plusieurs groupes hindous ont contesté la propriété par l’archidiocèse d’un terrain de dix acres au sommet de la colline de Kapalabetta, dans le district de Ramanagara, où les travaux ont commencé la semaine dernière. D. K. Shivakumar, ancien ministre d’État et membre du parti du Congrès, a donné le terrain à une fondation catholique dépendant de l’archidiocèse le mois dernier, confie le père Cyril Victor Joseph, président de la commission de l’archidiocèse pour les médias. D. K. Shivakumar, hindou, a également participé à l’inauguration des travaux, qui a eu lieu le 25 décembre sur le terrain qu’il a donné. La statue géante en question mesure 30 mètres de haut, soit la même taille que le Christ Rédempteur de Rio (sans compter le piédestal), et à trois mètres de la plus haute statue du Christ au monde, qui se trouve à Swiebodzin, dans l’ouest de la Pologne. Des groupes hindous se sont opposés au projet, affirmant que la colline en question se trouve sur les terres de leur divinité Kapali Betta, et que les chrétiens ne doivent pas y installer leur statue.
Girish Bharadwaj, un travailleur social du Karnataka, a également demandé aux autorités du district de mener l’enquête pour déterminer comment D. K. Shivakumar a acquis le terrain. Selon Girish Bharadwaj, les archives disponibles en ligne l’indiquent comme une terre de pâturages appartenant à l’État. De son côté, le père Joseph a accepté d’intervenir quand Mgr Peter Machado, archevêque de Bangalore, a rencontré B. S. Yediyurappa, ministre en chef de l’État de Bangalore, afin de solliciter son aide. Le gouvernement a demandé aux autorités du district d’enquêter sur le problème et de remettre un rapport pour dissiper toute confusion sur la propriété du terrain. « Pour le moment, on nous a demandé de patienter », confie le prêtre. Le père Joseph estime par ailleurs la controverse inutile, étant donné que la colline a appartenu à l’Église pendant plusieurs décennies. « Nous avons utilisé ce terrain pendant plusieurs dizaines d’années, et nous y organisions le chemin de croix le jour du Vendredi saint », explique-t-il. « Il y avait une croix au sommet de la colline, et nous voulions la remplacer avec une statue de Jésus, quand on nous a donné le terrain. » Le père Joseph ajoute que de nombreux chrétiens vivent dans le quartier depuis 1906, quand des missionnaires MEP sont venus y travailler. Le village d’Harobele, situé au pied de la colline, est considéré comme un foyer chrétien, assure le prêtre, en ajoutant que le conflit actuel a été provoqué par une couverture trompeuse par les médias.
(Avec Ucanews, Karnataka)
Crédit : CC0 Domaine public