Eglises d'Asie – Corée du sud
Des « K-dramas » soutiennent une identité commune entre les deux Corées
Publié le 25/07/2023
Le 27 juillet marque le 70e anniversaire de l’armistice signé en 1953 dans l’ancien village de Panmunjeom, aujourd’hui situé sur la zone démilitarisée, sur le 38e parallèle entre les deux Corées. Depuis, les deux pays ont évolué de manière complètement différente, aussi bien en termes culturels que politiques. Ainsi, plus de 60 000 familles ont été divisées durant sept décennies. Ceux qui ont vécu la division de la péninsule sont aujourd’hui peu nombreux à être toujours vivants.
Les jeunes coréens ont grandi avec deux Corées séparées, et la réunification devient de plus en plus difficile à atteindre. Selon une étude de l’Université nationale de Séoul, en 2021, seuls 44 % des Sud-Coréens étaient favorables à la réunification. Concernant le groupe d’âge des 20 à 39 ans, plus de 40 % d’entre eux estiment que le Sud n’a pas besoin de se réunir avec le Nord. Ces chiffres montrent combien, en 70 ans, la perception des relations entre les deux Corées a changé au sein de la population.
Pourtant, récemment l’idée d’une identité partagée entre le Nord et le Sud a été soutenue par un allié inattendu : il s’agit en fait du thème au cœur de plusieurs « dramas » coréens (les séries sud-coréennes, ou « k-dramas », largement diffusées à l’étranger). Par exemple, seulement quelques mois après une rencontre historique sur la zone démilitarisée entre l’ex-président sud-coréen Moo-Jae-in, l’ex-président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, la série Sarangui Bulsichak (Crash Landing on You), diffusée en Corée du Sud par la chaîne locale TVN, est arrivée sur Netflix.
La pop culture pour préserver l’idée d’une « nation coréenne »
La série raconte l’histoire d’amour entre une femme d’affaires sud-coréenne et héritière d’un « chaebol » (un grand groupe industriel), qui se retrouve accidentellement en Corée du Nord après avoir fait du parapente, et un officier de l’armée nord-coréenne. Il s’agit d’un des dramas les plus visionnés, y compris à l’international, ce qui montre comment la pop culture peut préserver et illustrer l’idée d’une « nation coréenne ».
En fait, l’une des raisons qui l’a fait si apprécié par les spectateurs et les critiques, et qui le distingue d’autres séries sud-coréennes se déroulant en Corée du Nord, est la représentation des régions rurales nord-coréennes. L’histoire entre les deux personnages principaux est ainsi utilisée non seulement pour montrer les différences entre les deux Corées mais aussi les similitudes qui unissent encore les valeurs des deux pays, comme l’amour filial, la loyauté et un sentiment d’appartenance.
La série a également été saluée par des organisations soutenant les transfuges nord-coréens fuyant vers le Sud, précisément parce qu’elle s’éloigne d’autres descriptions caricaturales de la Corée du Nord et des Coréens qui y vivent, et dont l’image a longtemps souffert des tensions bilatérales entre les deux Corées. Le thème de la réunification de la péninsule est un thème récurrent des séries sud-coréennes. Ainsi, si les « k-dramas » sont seulement un pilier du « soft power » coréen, ils peuvent aussi contribuer à préserver l’idée d’une identité coréenne au niveau local.
(Avec Asianews, Alessandra Tamponi)