Eglises d'Asie

Des maladies infectieuses comme la tuberculose ont été négligées dans le programme vaccinal indien

Publié le 06/10/2021




Le Dr Pascoal Carvalho, originaire de Mumbai et membre de l’Académie pontificale pour la vie, estime qu’en Inde, durant la pandémie, « près de 2,2 % des enfants n’ont pas bénéficié du calendrier vaccinal habituel », qui protège pourtant d’autres maladies infectieuses comme la tuberculose. Selon un nouveau rapport de la Fédération des chambres de commerce et d’industrie indiennes (FICCI), publié le samedi 2 octobre, cette situation, due à la mise en place de la vaccination contre le Covid-19, risque d’augmenter les décès liés à la tuberculose de près de 20 % dans le pays.

En 2009, à Faridabad (État de l’Haryana), lors d’un test de dépistage de la tuberculose.

La pandémie de Covid-19 et la montée exponentielle du nombre de cas en Inde ont amené les autorités sanitaires du pays à concentrer tous leurs efforts dans la lutte contre le coronavirus SARS-CoV-2. Cela a eu un impact extrêmement négatif sur le traitement et la prévention des autres maladies – une situation qui menace aujourd’hui le pays d’Asie du Sud. Même si la lutte contre la pandémie était nécessaire, en Inde comme dans le reste du monde, cela a eu pour effet d’augmenter le nombre de décès liés aux autres pathologies. Selon un rapport de la Fédération des chambres de commerce et d’industrie indiennes (FICCI), publié samedi dernier, les décès liés à la tuberculose et au sida risquent d’augmenter respectivement de 20 % et 10 %. Ainsi, la pandémie de Covid-19 pourrait affecter les bons résultats obtenus au cours des années précédentes dans le traitement des autres maladies infectieuses.

Les groupes les plus vulnérables de la population indienne, à commencer par les enfants, sont particulièrement exposés. On estime environ 26 millions d’enfants indiens qui sont vaccinés chaque année contre des maladies comme la tuberculose. Pourtant, à cause de la pandémie, beaucoup de ces programmes de vaccination ont été suspendus pour accélérer le calendrier vaccinal contre le coronavirus. Selon des experts, cela pourrait entraîner une augmentation d’autres maladies pourtant évitables par la vaccination – une situation qui aurait un effet dévastateur sur la mortalité infantile. Une autre conséquence collatérale de la pandémie a été le report ou l’annulation d’au moins 51 000 opérations chirurgicales urgentes entre fin mars et début juin 2021.

« D’autres maladies infectieuses ont été négligées »

Par ailleurs, « les maladies infectieuses existantes, ré-émergentes ou nouvelles causeraient près d’un quart de l’ensemble des décès à travers le monde », a déclaré le Dr Arvind Dal, pathologiste et membre de la fédération FICCI, dans un communiqué. « La perturbation des systèmes de dépistages, d’identification des cas, de réhabilitation et d’accompagnement a entraîné une baisse significative des diagnostics d’autres maladies infectieuses », a-t-il ajouté. Le rapport de FICCI souligne que le système de santé indien doit trouver des solutions d’urgence pour améliorer son efficacité et sa rapidité. La pandémie a déjà entraîné plus de 440 000 morts dans le pays, entraîné des conséquences lourdes pour le système sanitaire indien.

Pour le Dr Pascoal Carvalho, membre de l’Académie pontificale pour la vie, le rapport de FICCI révèle une situation tragique. « Près de 2,2 % des enfants n’ont pas bénéficié du calendrier vaccinal habituel », explique-t-il. Quand la santé indienne a été forcée de lutter contre le Covid-19, la situation d’autres pathologies en a été affectée. « Alors que tout le système de santé se battait contre le coronavirus, d’autres maladies ont été négligées en Inde », déplore-t-il. Pour ce médecin, les patients atteints de diabète, de problèmes cardiaques ou d’autres pathologies sérieuses comme la tuberculose ou le sida ont cessé de consulter les médecins ou ont dû repousser leurs examens habituels par peur d’attraper le Covid-19 ou d’être isolés dans des lieux de quarantaine. Aujourd’hui, alors que le programme vaccinal contre la pandémie est bien en place en Inde, le Dr Carvalho estime que le système sanitaire indien « doit se concentrer à nouveau sur les autres patients ».

(Avec Asianews)


CRÉDITS

J P Davidson (CC BY 2.0)