Eglises d'Asie

Des religieuses coréennes et japonaises s’engagent à soutenir le dialogue entre leurs deux pays

Publié le 20/05/2023




Du 9 au 14 mai à Séoul, des religieuses sud-coréennes et japonaises ont participé à l’Assemblée générale Corée-Japon de l’Union internationale des supérieures générales en s’engageant à soutenir « une culture d’écoute, de dialogue, de discernement et de paix » entre les deux pays, après plusieurs décennies de tensions liées aux mauvais traitements subis sous le régime colonial japonais (1910-1945). Mgr Pierre Lee Ki-heon, évêque d’Uijeongbu, a salué l’initiative alors que « la sécurité est de plus en plus menacée en Asie et que les crises environnementales s’accélèrent ».

Des religieuses coréennes et japonaises en prière durant leur assemblée générale, à Séoul du 9 au 13 mai.

Des religieuses catholiques sud-coréennes et japonaises ont participé à une rencontre régionale à Séoul, où elles ont décidé de travailler ensemble afin de soutenir « une culture d’écoute, de dialogue, de discernement, d’assistance et de paix » dans les deux pays. Elles ont annoncé cette décision à l’issue de l’Assemblée générale Corée-Japon de l’Union internationale des supérieures générales, qui a eu lieu du 9 au 14 mai au Centre de la réconciliation nationale, à Paju près de la capitale sud-coréenne.

L’Union internationale des supérieures générales est un forum international pour les supérieures générales des instituts de vie consacrée et des congrégations religieuses catholiques féminines. La rencontre à Séoul a rassemblé 18 supérieures d’ordres féminins en Corée, et 10 autres venues du Japon. Elles ont échangé sur le thème « Accueillir la vulnérabilité sur le chemin synodal ».

Le dernier jour, durant la messe d’envoi, Mgr Pierre Lee Ki-heon, évêque du diocèse d’Uijeongbu, a déclaré que l’initiative des religieuses peut contribuer à résoudre différents conflits régionaux entre les deux pays. « C’est significatif que des supérieures de Corée et du Japon se rencontrent et échangent sur leurs rôles respectifs alors que la sécurité est de plus en plus menacée en Asie, y compris en Asie du Nord-Est, et que les crises environnementales s’accélèrent », a-t-il commenté. Il a ajouté que « plus nous nous supportons mutuellement, meilleurs seront les fruits, donc je pense que cette rencontre de supérieures religieuses coréennes et japonaises aura de grandes répercussions à l’avenir ».

L’Asie compte 184 congrégations membres du forum international

L’évêque coréen a également évoqué la devise du forum, qui compte 1 903 supérieures générales à travers le monde, organisées en 36 groupes régionaux. L’Asie compte 184 congrégations membres. L’Union cherche à « créer des moyens pour que les femmes religieuses puissent dialoguer entre elles, avec les autorités de l’Église et avec les organisations mondiales ». Les origines de l’organisation remontent à une réunion extraordinaire des Supérieures Générales en 1951, convoquée par le pape Pie XII à Rome. L’organisation formée par la suite a été approuvée officiellement par le Vatican le 8 décembre 1965.

Une religieuse anonyme qui a participé à l’assemblée régionale signale que celle-ci a permis aux déléguées de mieux se comprendre. « Durant ces temps d’échange, l’attitude positive des confrères japonais et les excuses exprimées pour la réconciliation face à l’histoire ont permis d’adoucir les cœurs, en vue d’apaiser les relations entre la Corée et le Japon », explique-t-elle.

Les déléguées ont aussi participé à un « pèlerinage écologique » vers l’observatoire d’Odusan, le sanctuaire de Seosomun, l’observatoire de Dora, le Bureau d’immigration intercoréen et la gare de Dorasan. Elles ont ainsi décidé de participer activement à un programme sur sept ans lancé par l’Église coréenne dans l’esprit de l’encyclique Laudato Si du pape François « sur la sauvegarde de la maison commune », en promettant de contribuer concrètement à son application dans leurs territoires respectifs.

Le premier sommet Corée-Japon depuis douze ans

Enfin, les religieuses se sont également engagées à prier tous les jours pour la paix en Corée et au Japon. Les deux pays ont traversé plusieurs décennies de relations tendues en raison des atrocités commises dans la péninsule coréenne sous le régime colonial japonais, qui a pris fin après la Deuxième Guerre mondiale. En mars dernier, afin d’améliorer les relations bilatérales, les dirigeants des deux pays se sont rencontrés à l’occasion du premier sommet commun organisé depuis douze ans.

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a fait le premier pas en proposant une solution à des tensions datant d’il y a plus d’un siècle, quand près de 780 000 Coréens ont été enrôlés pour du travail forcé dans les mines et les usines sous le régime colonial japonais, subi entre 1910 et 1945. En mars, le gouvernement sud-coréen a proposé un projet de compensation des victimes de travail forcé via des fonds collectés avec l’aide d’une fondation locale, mais sans implication japonaise directe.

Le Japon n’a pas pour autant réitéré ses excuses pour les traitements subis, en estimant qu’un traité signé en 1965 – qui a restauré les liens diplomatiques entre les deux pays et décidé de réparations à hauteur d’environ 800 millions de dollars sous forme de subventions et de prêts à bon marché – a réglé toutes les revendications entre les deux pays concernant la période coloniale. La mesure est cependant controversée et a attiré de nombreuses critiques de la part de groupes de victimes, qui souhaitent une compensation financière et des excuses directes de la part des entreprises japonaises concernées.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Catholic Times / Ucanews