Eglises d'Asie

Des religieuses redonnent espoir aux personnes handicapées au centre Harapan Jaya de Sumatra

Publié le 20/07/2019




Le centre de réhabilitation Harapan Jaya, situé sur un terrain de 2,5 hectares à Pematangsiantar, dans la province de Sumatra du Nord, a été fondé en 1981 par sœur Jeanette van Paasen, une religieuse missionnaire hollandaise qui voulait compenser le manque de services adaptés aux handicapés dans la région. Depuis, le centre a accompagné environ 7 000 personnes, qui y ont reçu des soins, une éducation et des formations comme la couture ou la menuiserie. En 2016, le centre a reçu une distinction des mains du ministre indonésien des Affaires sociales pour sa contribution auprès des habitants de Sumatra. Il a également reçu le soutien des autorités locales, dont celle du chef du district de Lumbantoruan qui visite le centre régulièrement.

Depuis son accident de travail, en 1997, dans lequel sa colonne vertébrale s’est abîmée, Oeslen Tambunan ne peut plus marcher et sa vie a été profondément bouleversée. Après l’accident, il est resté alité et désespéré durant cinq ans, alors que toutes ses perspectives d’avenir s’étaient effondrées. Heureusement, les choses ont commencé à changer quand Oeslen, aujourd’hui 45 ans, a été admis au centre de réhabilitation Harapan Jaya, géré par des religieuses catholiques à Pematangsiantar, dans la province de Sumatra du Nord. Là, il a reçu des soins de physiothérapie auprès des religieuses de la Congrégation des Filles des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie. Les religieuses lui ont également appris à coudre, ce qu’Oeslen a trouvé apaisant. « J’aime ça. C’est sûrement tout ce que je serai capable de faire pour le reste de ma vie », confie-t-il. Dans une autre salle du centre, Sahat Maruli Sipayung, 32 ans, est assis devant un écran d’ordinateur pour du travail administratif. Il a commencé à travailler au centre après y avoir reçu une thérapie, suite à une opération chirurgicale qu’il a subie pour soigner une déformation des jambes. Sahat Sipayung explique qu’il est comme cela depuis son enfance, et qu’il a toujours manqué de confiance en lui à cause de ce handicap. « Mes parents m’ont dit que j’ai reçu une mauvaise injection quand j’étais petit alors que j’avais de la fièvre. Deux semaines plus tard, mes jambes étaient devenues difformes », raconte-t-il. Alors qu’il était encore au lycée, une religieuse l’a invité à visiter le centre en 2002. « Après quelques visites, j’ai compris que je n’étais pas le seul à me retrouver dans cette situation », confie-t-il, ajoutant que les religieuses l’ont aidé à prendre confiance en lui et à reconnaître ses propres capacités. Aujourd’hui, Sahat Sipayung, arrive à marcher plus facilement, même s’il utilise toujours une canne pour se déplacer. « Je suis soulagé que le sentiment d’infériorité que je ressentais autrefois ait disparu », souffle-t-il, ajoutant que depuis, il s’est marié avec une autre employée du centre et qu’ils ont deux enfants en bonne santé.

7 000 personnes accompagnées depuis 1981

Le centre, situé sur un terrain de plus de 2,5 hectares, a redonné vie à de nombreuses personnes handicapées depuis sa fondation. Il a été créé en 1981 par sœur Jeanette van Paasen, une religieuse missionnaire hollandaise, afin de remédier au manque d’établissements pour les handicapés dans la région. Il a permis d’accompagner environ 7 000 personnes de divers handicaps, explique sœur Leoni Manalu, directrice du centre. Sœur Ferdinanda Lumbantoruan, en charge du département de physiothérapie, ajoute qu’en plus des programmes de réhabilitation, le centre contribue à faciliter les interventions chirurgicales à des périodes données de l’année, comme la chirurgie osseuse en février et la chirurgie plastique en septembre. Les opérations ont lieu à proximité du centre, à l’hôpital Harapan, géré par l’archidiocèse de Medan. Il s’agit d’un programme conjoint avec la faculté de médecine de l’université de Sumatra du Nord, avec l’hôpital général Adam Malik de Medan, la capitale de la province, et avec plusieurs médecins néerlandais, dont le Dr J. M. Vaandrager, qui visite le centre régulièrement depuis 1991 et qui y a déjà opéré 1 510 patients. L’an dernier, 68 patients ont reçu des opérations chirurgicales osseuses, et 125 patients ont reçu une chirurgie plastique. Les patients viennent de tous horizons, y compris de pays voisins comme le Timor Leste. La plupart d’entre eux, explique sœur Ferdinanda Lumbantoruan, retournent auprès de leur famille une fois qu’ils ont reçu leur traitement. « Pourtant, certains d’entre eux restent au centre plusieurs années, surtout ceux qui ont des malformations de naissance », ajoute-t-elle. Sabdi Sitanggang, 45 ans, travaille au centre depuis quinze ans, dans le département thérapeutique. Selon lui, beaucoup de patients ont besoin d’être accompagnés pendant plusieurs années. « Cela demande de la persévérance et de la patience », confie-t-il, alors qu’il soigne Naisia, une adolescente de quinze ans atteinte de paralysie cérébrale, un trouble permanent du développement du mouvement et de la posture. « Mais c’est toujours une grande joie quand on les voit progresser », ajoute-t-il.

Encourager l’indépendance

Le centre fournit une éducation aux patients, dès l’école maternelle et primaire, et finance les frais de scolarité de ceux qui continuent leurs études au lycée et à l’université. Les patients apprennent également à être indépendants grâce à des formations comme la fabrication de bougies ou de prothèses, ainsi que la menuiserie et la couture. « C’est suffisant pour leur permettre de gagner leur vie de façon indépendante », assure sœur Lumbantoruan. Selon Stefanus Due, membre du personnel du centre, les patients peuvent ainsi fabriquer environ 25 bougies en une journée, ce qui permet d’assurer les besoins des églises de Sumatra. Toutefois, ces activités ne suffisent pas à compenser les coûts opérationnels des soins qu’ils reçoivent au centre. « Mais le plus important, c’est qu’ils se sentent utiles et qu’ils se prennent en main », confie sœur Lumbantoruan. Elle assure que des centaines d’anciens patients ont montré leur propre affaire et que le centre leur fournit un capital initial, afin de les aider à se lancer dès leur sortie du centre. En 2016, pour sa contribution auprès des habitants de Sumatra toutes ces années, le centre a reçu une distinction des mains du ministre indonésien des Affaires sociales. Il a également reçu le soutien des autorités locales, dont celle du chef du district de Lumbantoruan, J. R. Saragih, qui visite le centre régulièrement. Il affirme que le dévouement des religieuses a été d’une aide précieuse face au manque de services dédiés aux handicapés. Sertauli Simamora, 27 ans, une employée du centre, a été gravement brûlée à l’âge de 4 ans après avoir reçu de l’huile de cuisson au visage. Après avoir reçu une opération chirurgicale au centre, elle a pu étudier à l’université. Une fois diplômée, elle est revenue travailler au centre. « Ici, je me sens soutenue », confie-t-elle. Chaque jour, de nouveaux patients arrivent au centre. L’une d’entre elles, Julianti Ivon Moruk (19 ans), est née avec une seule jambe. « Je voudrais apprendre à coudre ici », explique-t-elle, ajoutant qu’avant, ses seules perspectives étaient de rester chez elle à Atambua, dans la province des Petites îles de la Sonde orientales (Nusa Tenggara). « J’espère qu’ici, je pourrais avoir un meilleur avenir. »

(Avec Ucanews, Pematangsiantar)


CRÉDITS

Ryan Dagur / Ucanews