Eglises d'Asie

Des responsables chrétiens indiens saluent la marche pour l’unité de Rahul Gandhi

Publié le 01/02/2023




Le 30 janvier, Rahul Gandhi, ancien dirigeant du parti du Congrès et leader de l’opposition politique indienne, vient d’achever sa marche pour l’unité ou « Bharat Jodo Yatra », après un parcours de 4 000 km à pied durant cinq mois pour tenter d’unifier le pays et de consolider le Congrès, en perte de vitesse face au parti pro-hindou BJP au pouvoir. Plusieurs responsables chrétiens indiens ont salué cette initiative en espérant qu’elle pourra influencer la politique locale au service de « la justice, la liberté, l’harmonie et la paix ».

Rahul Gandhi, leader de l’opposition, vient d’achever sa « Bharat Jodo Yatra », sa marche pour l’unité (ici le 30 janvier au stade de Sher-e-Kashmirn, à Srinagar).

Ce lundi 30 janvier, la marche pour l’unité, ou « Bharat Jodo Yatra », s’est conclue dans la ville de Srinagar, au Jammu-et-Cachemire dans l’extrême nord du pays, cinq mois après son lancement à Kanyakumari, tout au sud de l’Inde au Tamil Nadu. Au fil des mois, l’initiative a attiré le soutien de plusieurs millions d’habitants, y compris parmi les chrétiens indiens.

« C’est un mouvement important dans l’histoire de l’Inde », souligne le père Cedric Prakash, jésuite, qui note que durant la marche, qui a traversé 14 États indiens, les dirigeants du parti du Congrès ont pu échanger personnellement avec les gens ordinaires, afin de tenter de comprendre leurs problèmes et leur culture. « C’est la première fois que le peuple indien assiste à une telle marche depuis la lutte pour la liberté [sous l’ancien régime colonial britannique, qui a pris fin en 1947] », confie le prêtre, basé dans l’État du Gujarat, dans l’ouest du pays.

Selon les observateurs, la marche pourrait contribuer à consolider la position politique de Rahul Gandhi, âgé de 52 ans, en tant que leader de l’opposition. Les dirigeants du parti devraient également forger une alliance avant les élections parlementaires de l’an prochain, dans le but de tenter de renverser le parti pro-hindou du BJP (Bharatiya Janata Party), qui dirige le gouvernement fédéral sous le Premier ministre Narendra Modi depuis 2014.

« Nous devons construire à partir de ces fondations »

« La Bharat Jodo Yatra a uni des habitants de tout le pays, et des gens de tous horizons ont apporté leur soutien pour les causes défendues par Gandhi durant sa marche », estime le père Prakash. Il ajoute que le chef de file de l’opposition, qui a grandi comme fils de l’ancien Premier ministre Rajiv Gandhi et petit-fils de l’ancienne Première ministre Indira Gandhi, « aurait pu vivre confortablement installé en Inde ou à l’étranger sans aucune difficulté ».

« Mais il a ressenti les souffrances des Indiens et il a renoncé à son confort pour parcourir plus de 4 000 km à pied pour unir le pays », souligne le prêtre, en estimant que la Yatra « a non seulement rassemblé les gens mais elle les a aussi aidés à renoncer à des éléments facteurs de division comme la haine, les tensions religieuses et autres forces qui affaiblissent l’Inde ».

L’opposition accuse notamment le BJP de diviser les gens au nom de la religion afin de s’attirer la majorité des votes hindous. Les dirigeants du parti pro-hindou sont également accusés de répandre la haine et la violence contre les minorités religieuses comme les chrétiens et les musulmans, dans leur tentative de se hisser eux-mêmes comme champions de la religion hindoue.

Des groupes hindous, sous l’organisation nationaliste RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh), cherchent en effet à transformer l’Inde en une nation exclusivement hindoue, et leur opposition aux activités religieuses islamiques et chrétiennes entraîne souvent des violences contre les minorités. « Bien que la Yatra se termine aujourd’hui, nous devons construire à partir de ces fondations pour assurer la justice, la liberté, l’harmonie et la paix », poursuit le père Prakash.

« Les mouvements politiques conflictuels et compétitifs ont affecté notre lien social »

De son côté, Rahul Gandhi a déclaré que la marche « a attiré beaucoup de réactions positives dans le pays ». « Nous avons vu la résilience et la force du peuple indien durant ce voyage. Nous avons également constaté les difficultés vécues par les fermiers et les jeunes sans emploi dans le pays », a-t-il assuré, en estimant que sa marche aura un impact sur la vie politique indienne. « Quel sera cet impact, je n’en suis pas encore certain », a-t-il précisé.

Le père Babu Joseph, basé dans l’État central du Madhya Pradesh, tient quant à lui à saluer « l’énorme soutien populaire qu’il a reçu de toutes les catégories de la société indienne, ce qui montre qu’il y a un profond désir, dans l’esprit des citoyens ordinaires, de relancer notre héritage sacré d’harmonie sociale ».

« Les mouvements politiques conflictuels et compétitifs ont, au fil des années, affecté notre lien social, sans lequel nous ne pouvons pas progresser en tant que nation », estime le père Joseph, membre du Verbe Divin et ancien porte-parole de la Conférence épiscopale indienne. Pour lui, ces efforts auront des conséquences positives « pas seulement sur le plan électoral mais davantage sur le plan social et religieux, pour que nos concitoyens, avec discernement, puissent préparer un avenir meilleur et plus harmonieux ».

(Avec Ucanews)