Eglises d'Asie

Des responsables chrétiens saluent un évènement lancé au Manipur pour défendre l’unité indienne

Publié le 20/01/2024




A. C. Michael, président de la Fédération des associations catholiques de l’archidiocèse de Delhi, et Zelhou Keyho, secrétaire général du Conseil de l’Église baptiste du Nagaland (NBCC), basé dans l’État voisin du Nagaland, ont pris la parole après le lancement d’une marche pour l’unité de 6 700 km de long, entamée le 14 janvier par l’opposant politique Rahul Gandhi au Manipur. L’État indien, situé au nord-est du pays, est secoué par des violences interethniques depuis mai 2023. L’opposant estime que le Manipur a été ignoré par le gouvernement.

Rahul Gandhi, leader de l’opposition, en janvier 2023 lors d’une première « marche pour l’unité » (ici au stade de Sher-e-Kashmirn, à Srinagar).

Des responsables chrétiens indiens ont salué une marche de 6 700 km de long, entamée par l’opposant politique Rahul Gandhi, qu’il a lancée depuis l’État du Manipur, dans le nord-est du pays, frappé depuis mai 2023 par des violences interethniques et religieuses.

Gandhi, qui appartient au parti du Congrès, a commencé sa Bharat Jodo Nyay Yatra (Marche pour la justice et l’unité de l’Inde) le 14 janvier dans le district de Thoubal au Manipur, malgré le refus du parti pro-hindou du BJP (Bharatiya Janata Party), au pouvoir au gouvernement du Manipur, de débuter sa marche depuis la ville d’Imphal, capitale de l’État, pour des raisons de sécurité. Dans son discours, Gandhi a souligné que cette marche « ne nous concerne pas vraiment nous, responsables politiques ». « Elle est plutôt pour vous, citoyens », a-t-il ajouté en critiquant le Premier ministre Narendra Modi et son BJP pour sa politique de division.

Les tensions toujours actuelles au Manipur

Le conflit interethnique qui a éclaté l’an dernier au Manipur, proche de la frontière birmane, a causé la mort d’au moins 200 personnes, en majorité issues de l’ethnie indigène chrétienne Kuki, et déplacé plus de 50 000 habitants. Modi n’a toujours pas visité le Manipur depuis le début du conflit régional, et il n’a pas non plus initié d’action contre le ministre en chef du Manipur, issu du même parti que lui, pour avoir échoué à maintenir l’ordre et la loi dans l’État indien.

Les violences ont débuté le 3 mai quand le groupe indigène étudiant ATSUM (All Tribal Students’ Union Manipur) a appelé à une manifestation pacifique, à la suite d’une décision de la Haute Cour du Manipur qui avait demandé d’inclure la minorité indigène Meitei, majoritairement hindoue, dans la liste des « tribus répertoriées » – un statut qui permet en principe d’accéder à des avantages spéciaux.

Les Kukis et d’autres minorités indigènes craignaient que l’influence politique des Meiteis, déjà importante au Manipur, ne se retrouve renforcée par la décision. Aujourd’hui, la situation est toujours tendue dans l’État indien. Le 11 janvier, quatre hommes ont été portés disparus après de nouvelles violences qui ont éclaté. Le 2 janvier, sept agents de sécurité sur le point de participer à une opération de recherches se sont heurtés à une attaque. Plusieurs milliers de Kukis indigènes continuent de vivre dans des camps gérés par le gouvernement local depuis que leurs maisons et leurs lieux de culte ont été incendiés et détruits.

Certains craignent que cette marche devienne « un simple instrument électoral »

« C’est une bonne initiative de la part de Gandhi de choisir le Manipur alors que l’État est complètement ignoré par le Premier ministre et son gouvernement », a réagi A. C. Michael, président de la Fédération des associations catholiques de l’archidiocèse de Delhi. Ce dernier estime que « les habitants du Manipur sont rendus orphelins par le parti au pouvoir ». De son côté, Zelhou Keyho, secrétaire général du Conseil de l’Église baptiste du Nagaland (NBCC), basé dans l’État voisin du Nagaland, a déclaré : « Le cri du peuple, c’est qu’il veut la paix dans la région du nord-est du pays. »

Mais la crainte est que la marche du leader de l’opposition devienne « un simple instrument électoral », a également remarqué le responsable protestant local, interrogé le 15 janvier. Durant son meeting public, Gandhi a déclaré que le Manipur est devenu « un symbole des politiques de haine du BJP et du Rashtriya Swayamsevak Sangh [RSS], son organisation parente qui souhaite voir l’Inde devenir ‘une nation hindoue’ ». « Nous traversons une période de grande injustice. Une injustice contre les habitants et les traditions du Manipur, mais aussi contre toute la nation », a-t-il confié.

Depuis l’arrivée de Narendra Modi au pouvoir en 2014, l’Inde a enregistré une hausse des violences contre les minorités, dont les chrétiens. Selon Rahul Gandhi, « une vision d’unité émergera durant les 66 jours [de la marche lancée le 14 janvier], et la haine, la violence et le monopole n’y auront aucune place ». Le responsable du parti du Congrès, âgé de 53 ans, terminera sa marche à Mumbai, la capitale financière du pays, située sur la côte ouest. L’an dernier, il avait organisé une marche similaire sur un parcours de 4 080 km, de Kanyakumari (dans le Sud) au Cachemire (au Nord), dans le but d’unifier la nation.

(Avec Ucanews)