Eglises d'Asie – Vietnam
Des sœurs vietnamiennes lancent une campagne pour la Journée mondiale des donneurs de sang
Publié le 01/07/2022
En janvier, en s’occupant des malades atteints du Covid-19 à l’hôpital général de Hué, dans le centre du Vietnam, sœur Marie Nguyen Thi Kim Oanh a été désolée de voir mourir un patient par manque de sang disponible. Cet homme venait de la ville voisine de Da Nang, il souffrait d’insuffisance cardiaque et avait besoin de transfusion sanguine.
Sœur Marie Oanh, qui s’est portée volontaire à l’hôpital durant trois mois, explique que durant la pandémie, le nombre de personnes qui ont donné leur sang au Centre de transfusion et d’hématologie de l’hôpital central de Hué a diminué, d’où le manque de réserves de sang pour transfuser les patients, en particulier ceux nécessitant des opérations importantes et des transplantations. En 2021, le centre avait besoin de 1 200 à 1 500 unités de sang par jour alors que la quantité reçue était de moins d’un quart de cette demande.
La religieuse, membres des Filles de Marie Immaculée, explique que le personnel de l’hôpital et des volontaires ont été encouragés par les autorités médicales à donner leur sang pour sauver des patients. « J’ai décidé de donner 250 ml de sang pour la première fois début avril, même si j’avais peur des aiguilles hypodermiques », confie sœur Oanh, âgée de 41 ans, en ajoutant que d’autres volontaires dont des religieux et religieuses ont également donné leur sang.
La religieuse, qui est également infirmière, est basée à la maison mère de sa congrégation à Hué. Après ses trois mois de service à l’hôpital, elle est rentrée en avril en parlant à ses supérieures du grave manque de sang qui menace la santé des patients. Ainsi, le 14 juin à l’occasion de la Journée mondiale du donneur de sang (organisée chaque année par l’OMS), 70 sœurs âgées de 20 à 60 ans ont donné entre 200 et 350 ml de sang chacune. « Nous pensons que c’est une très bonne chose de donner son sang parce que chaque goutte de sang est utile pour sauver les vies des patients en danger », souligne sœur Marie.
« Je n’avais pas d’argent à offrir, donc j’ai décidé de donner mon sang »
C’est la première fois que tant de religieuses donnent leur sang publiquement pour les hôpitaux dans le cadre d’une campagne de don du sang. Dans le passé, certaines l’ont fait à titre individuel pour aider des patients gravement malades qui en avaient besoin. Sœur Lucia Phan Thi Thao, qui a donné 350 ml de sang, confie qu’elle a donné son sang à trois reprises. Sœur Thao ajoute qu’en travaillant dans une paroisse de A Luoi en 2008, elle a donné son sang à une femme indigène Van Kieu qui avait perdu beaucoup de sang durant une césarienne pratiquée en urgence.
« En tant que religieuse, je n’avais pas d’argent à offrir dans cette situation, donc j’ai décidé de donner mon sang pour la sauver. J’ai été comblée de voir la mère et son enfant survivre », poursuit la religieuse, âgée de 39 ans, qui travaille aujourd’hui dans une maison de retraite pour sœurs âgées. Elle a également donné son sang pour deux femmes qui avaient eu un AVC. « Je pense que de cette manière, j’apporte de l’amour et de la vie aux autres, en particulier aux patients dans le besoin. »
De son côté, sœur Thérèse Phan Thi Dieu Trinh, des Filles de Notre-Dame de la Visitation, explique que sa congrégation n’a pas encore lancé de campagne similaire, mais que beaucoup de jeunes sœurs s’inscrivent tous les ans pour donner leur sang à l’hôpital central. Sœur Trinh ajoute que beaucoup de religieuses le font aussi généreusement pour les personnes qui ont eu des accidents de la route, pour les mères célibataires souffrant d’hémorragie à la naissance de leur enfant, ou encore aux enfants atteints de coagulopathie (trouble de la coagulation du sang). « Nous sommes toujours prêtes à aider les patients pour les garder en vie, en cas d’urgence », précise Thérèse Trinh, responsable adjointe de sa communauté à Luong Van.
Une autre sœur a également donné son sang à une femme atteinte du Sida, après son accouchement en 2019. Membre des Filles de Marie Immaculée, elle travaille auprès de personnes séropositives à Hué. Elle précise que la victime qu’elle a soutenue avait été abandonnée par ses proches et qu’elle avait dû quitter sa province natale de Quang Tri pour accoucher dans un hôpital de Hué. « Finalement, elle a pu être sauvée et elle s’est réjouie de pouvoir être avec sa fille grâce à mon sang. Et j’ai été comblée d’apprendre qu’elles ont été baptisées dans la paroisse de Tri Buu trois mois plus tard. Le Christ a versé son sang pour sauver les hommes. On peut suivre son exemple ainsi en partageant notre vie avec nos frères et sœurs. C’est notre joie », ajoute-t-elle fièrement.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Ucanews