Eglises d'Asie – Laos
Des travailleurs quittent en masse des plantations de bananes gérées par la Chine
Publié le 30/10/2021
Des conditions de travail toxiques et des restrictions sanitaires abusives ont poussé plus de 500 travailleurs laotiens à quitter leur emploi dans une plantation de bananes gérée par la Chine cette semaine, selon les médias locaux.
“Depuis plusieurs mois, nous sommes soumis à des règles très strictes. Nous ne pouvons pas continuer à vivre comme ça”, a déclaré un travailleur laotien de la plantation.
Les ouvriers, qui gagnaient entre 100 et 200 dollars par mois dans cette plantation de 500 hectares située dans la province de Bolikhamsai, près de la capitale Vientiane, ont affirmé qu’ils étaient contraints à rester à l’intérieur de la plantation, avec interdiction absolue d’en sortir sous quelque motif que ce soit. Ils étaient donc contraints d’acheter de la nourriture à leur employeur chinois sur place à des prix exorbitants.
“La plantation ne nous permettait pas de sortir pour acheter de la nourriture ou d’autres produits de première nécessité. Ils voulaient que nous fassions nos courses uniquement dans le magasin chinois, où tout était beaucoup plus cher”, a déclaré une travailleuse mécontente.
En outre, les démissionnaires dénoncent l’utilisation par leur employeur de produits chimiques dangereux tels que des pesticides interdits, ce qui les fait craindre pour leur santé, après le décès de deux de leurs collègues en début d’année. Selon des sources locales, deux Laotiens employés dans la plantation chinoise sont morts au début de l’année 2020, après avoir été exposés à des insecticides et des herbicides interdits.
“La société n’a pas fourni de traitement médical à ces deux hommes, qui toussaient du sang depuis des semaines, et n’a pas versé d’indemnisation à leurs familles pour leur décès”, a rapporté le service lao de Radio Free Asia, citant d’anciens travailleurs de la plantation.
Les autorités locales ont démenti ces accusations, affirmant que les hommes étaient morts de causes naturelles.
Les ouvriers ajoutent qu’en plus de leurs conditions de travail toxiques, les logements fournis étaient « insalubres et sur le point de s’effondrer. »
La production agricole reste le pilier de l’économie laotienne. Au total, les trois quarts des Laotiens, sur une population de 7,2 millions d’habitants, vivent de la terre en cultivant, en élevant du bétail et en pêchant.
Les bananes représentent un produit d’exportation majeur vers la Thaïlande et la Chine voisines, d’une valeur d’environ 200 millions de dollars par an. Selon le Vientiane Times, les plantations tentaculaires appartenant à des étrangers profitent du bas coût de la main-d’œuvre laotienne pour planter, cultiver et récolter les fruits.
Dans un pays où les syndicats de travailleurs sont placés sous un contrôle étroit des autorités, les démissions suivies de déclaration à la presse sont rares. Pourtant récemment, de plus en plus de voix s’élèvent contre l’exploitation des ouvriers et les conditions de travail déplorables dans les plantations gérées par des ressortissants chinois.
En outre, les bananes produites par des entreprises chinoises et vendues à Vientiane sont souvent contaminées par des produits chimiques dangereux, selon une déclaration d’Ole Andersen, directeur général de la Lao Banana Company, au Vientiane Times.
Le mois dernier, deux travailleurs laotiens, tous deux âgés de 21 ans, ont fait la Une des journaux après avoir parcouru quelque 400 kilomètres à pied pour rentrer dans leur village. Ils avaient abandonné leur emploi dans une autre plantation de bananes appartenant à des Chinois, dans la province d’Attapeu, dans le sud du Laos.
Les deux jeunes, que leur employeur ne payait plus depuis des semaines, ont décidé de rentrer dans leur province d’origine. Sans un sou en poche pour pouvoir se payer un trajet en bus, ils ont parcouru les 400 km du chemin du retour à pied, en comptant sur la générosité d’étrangers compatissants pour se nourrir et dormir. L’un d’entre eux aurait déclaré au Vientiane Times : “Il pleuvait, ils avaient faim et ils étaient fatigués, alors j’ai décidé de leur donner à manger et de les laisser passer la nuit chez moi.”
(Avec Ucanews)