Eglises d'Asie

Deux chrétiens sur cinq persécutés ou discriminés en Asie selon l’Indice mondial de persécution des chrétiens 2024

Publié le 18/01/2024




Le mercredi 17 janvier, l’organisation internationale Portes Ouvertes a publié son Indice mondial de persécution des chrétiens 2024, qui classe chaque année les 50 pays comptant les formes les plus graves de persécution ou de discrimination contre les chrétiens dans le monde. Le rapport de cette année cite 365 millions de chrétiens affectés à l’échelle mondiale – le chiffre le plus élevé en 31 ans. En Asie, parmi les 13 pays comptant les situations les plus extrêmes, la Corée du Nord est en tête du classement ; le Pakistan est 7e et l’Inde 11e.

Des couplets traditionnels du Nouvel an chinois, accrochés sur la porte d’une famille chrétienne de la ville d’Anyang, dans la province du Henan.

Deux chrétiens sur cinq sont fortement persécutés ou discriminés en Asie et au Moyen-Orient (les régions les plus affectées), et un sur sept dans le monde (soit 365 millions, le chiffre le plus élevé en 31 ans), selon l’Indice mondial de persécution des chrétiens 2024, publié cette semaine par l’organisation internationale Portes Ouvertes. Il s’agit d’un classement des 50 pays où les chrétiens sont le plus fortement persécutés ou discriminés dans le monde. L’organisation définit la persécution comme toute hostilité à l’égard d’une personne ou d’une communauté, motivée à cause de leur foi, qu’il s’agisse de persécutions violentes ou d’oppressions systémiques.

Selon le rapport, malgré une baisse des actes de violences par rapport à l’an dernier, ceux-ci restent nombreux (la période prise en compte pour l’indice 2024 va du 1er octobre 2022 au 30 septembre 2023). Le rapport constate également un nombre record d’églises ciblées, et précise que les chrétiens sont particulièrement visés dans 78 pays. L’organisation cite quelques chiffres parlants : 4 998 chrétiens tués en un an soit 13 par jour, 14 766 églises ciblées (sept fois plus que dans l’indice 2023) dont 10 000 en Chine, et 4 125 chrétiens détenus dont la moitié en Inde. L’organisation précise également qu’en Afrique, un chrétien sur cinq est persécuté ou discriminé, et un sur seize en Amérique latine.

Parmi les actes hostiles évoqués, on compte des attaques, des actes de torture, des enlèvements et dans des cas extrêmes, des personnes tuées. Mais les violences ne sont pas seulement physiques ; beaucoup de chrétiens subissent également des mauvais traitements quotidiens et des pressions au travail, un accès difficile à la santé, à l’éducation et aux lieux de culte, et des formalités administratives paralysantes.

« 2023 a été une année record »

En présentant le rapport 2024, Christian Nani, directeur de l’organisation depuis 2015, a déclaré qu’« en 31 ans de recherches, nous avons constaté une augmentation constante de la persécution antichrétienne en termes absolus, et 2023 a été une année record ». Lors de la présentation du rapport se trouvait aussi Timothy Cho, un activiste nord-coréen. Le rapport est publié chaque année selon une méthodologie spécifique. L’ONG se base sur le soutien « des chrétiens persécutés dans plus de 70 pays », avec des recherches sur le terrain effectuées via de nombreux « réseaux locaux », avec la collaboration de près de 4 000 personnes (notamment des chercheurs, experts et analystes).

L’organisation cite environ 100 pays qui sont « potentiellement affectés par le problème de persécution », et précise que chaque année, 50 de ces pays sont sélectionnés pour des situations particulièrement préoccupantes subies par les chrétiens de toutes confessions. Dans la liste publiée ce mercredi 17 janvier, la Corée du Nord, comme les années précédentes, est toujours à la première place du classement, suivie de la Somalie et de la Lybie, tandis que le nombre de pays vivant les persécutions « les plus extrêmes » a augmenté de 11 à 13 par rapport à l’an dernier.

En Asie et au Moyen-Orient, la Corée du Nord est rejointe dans ce critère par le Yémen, le Pakistan, l’Iran, l’Afghanistan, l’Inde, la Syrie et l’Arabie Saoudite. À l’échelle globale, l’instabilité augmente aussi en Afrique subsaharienne, provoquant davantage de violences religieuses. En Asie, les situations les plus inquiétantes demeurent le « modèle de persécution numérique » en Chine et les violences en Inde – qui ont augmenté à l’approche des élections générales qui auront lieu cette année.

« Une réalité trop peu visible, systémique et constante »

Toujours en Asie, la Corée du Nord est en tête à cause de la « tolérance zéro » du régime de Pyongyang à l’égard des chrétiens. Un des cas les plus significatifs de persécution est le « rapatriement forcé des fugitifs nord-coréens par la Chine ». Pour Portes Ouvertes, « le fait de renvoyer un chrétien nord-coréen dans son pays est de fait une condamnation à mort ». Le Pakistan, classé 7e, est constamment parmi les premiers pays cités depuis des années. Après le Nigéria, c’est « la seconde nation au monde comptant le plus de violences antichrétiennes » en 2023, en raison de l’attaque dans la ville de Jaranwala en août dernier. L’Inde reste à la 11e place ; depuis des années, l’organisation dénonce « le déclin des libertés fondamentales de la minorité chrétienne » dans le pays.

L’ONG souligne que « derrière la liste de l’indice 2024, derrière les chiffres, il y a des vies, des hommes et des femmes qui méritent de vivre en liberté, en sécurité, et d’avoir leurs droits protégés ». « Voilà pourquoi nous rédigeons cet indice. Il nous sert premièrement à établir où et de quelle manière les chrétiens souffrent le plus, afin de savoir comment leur venir en aide. Il sert également à avertir l’opinion publique, à mettre en lumière une réalité trop peu visible, systémique et constante », conclue le rapport.

« Bien que l’indice 2024 montre que la persécution contre les chrétiens n’a jamais été aussi répandue, des lueurs d’espoir viennent malgré tout nous encourager. Par exemple, en Corée du Nord, malgré un environnement pire que celui de tous les autres pays, les chrétiens demandent à être informés de la persécution des chrétiens dans d’autres pays afin de prier pour eux. Cela démontre la formidable résilience de l’Église secrète de Corée du Nord. »

(Avec Asianews)