Eglises d'Asie – Népal
Deux missionnaires coréennes, accusées de conversions forcées, détenues au Népal depuis six semaines
Publié le 28/10/2021
Deux religieuses catholiques sud-coréennes sont détenues au Népal depuis plus de six semaines, après avoir été accusées de conversions forcées sur des hindous. Sœur Gemma Lucia Kim et sœur Martha Park Byongsuk, des Sœurs de Saint-Paul de Chartres, ont été arrêtées le 14 septembre par un plaignant anonyme. Elles ont été détenues par la police jusqu’au 27 septembre. Elles ont ensuite été envoyées dans une prison locale, quand leur libération sous caution a été refusée. Les religieuses travaillaient auprès des enfants pauvres d’un bidonville de Pokhara, à environ 200 km de Katmandou. « La communauté catholique népalaise est choquée par le verdict » de la cour, a réagi Mgr Paul Simick, vicaire apostolique du Népal, dans un communiqué de l’AED (Aide à l’Église en Détresse), publié après le rejet de la libération sous caution.
« Malgré toutes les garanties qui nous ont été données sur la libération sous caution, la décision de la cour s’est retournée contre elles », a également déploré l’évêque, selon un rapport du site Exaudi Catholic, publié le 25 octobre. Une autre source catholique locale, anonyme, explique qu’à l’origine, l’Église népalaise ne souhaitait pas médiatiser l’affaire, craignant que les fondamentalistes hindous et les médias antichrétiens népalais n’exagèrent les choses : « Ils transformeront les faits en faisant croire que les religieuses convertissaient tout le monde en se cachant derrière des œuvres caritatives. » Mgr Simick a rendu visite aux religieuses et a appelé les fidèles népalais à prier pour elles durant la liturgie dominicale du 24 avril. Les deux religieuses dirigeaient le foyer Happy Home, un centre qui offre un toit, une aide alimentaire, un accès à l’éducation et au soin ainsi que des formations à près de 120 enfants du bidonville de Pokhara.
Durant la pandémie, elles ont distribué des rations alimentaires aux plus pauvres. Mais certains habitants les ont accusées de donner de la nourriture pour pousser des hindous à devenir catholiques. Mgr Simick a protesté en soulignant que les accusations de conversion sont « sans fondement et injustes ». « Cela révèle non seulement l’intolérance de ceux qui ont accusé les sœurs, mais aussi leur ignorance sur les besoins des pauvres. Nous, en tant que catholiques, ne participons pas à des activités de conversions forcées, et les sœurs coréennes sont connues pour leur travail exclusivement social », a poursuivi l’évêque. « Les sœurs ont été dévouées auprès des pauvres durant tant d’années. C’est pourquoi nous demandons une enquête approfondie. »
Au moins neuf chrétiens actuellement accusés de conversions forcées au Népal
Durant plusieurs décennies, les chrétiens népalais ont subi différentes formes de persécutions de la part de la majorité hindoue. Près de 81 % des habitants de la nation himalayenne, soit 29 millions de personnes, sont hindous, tandis que les bouddhistes sont environ 9 %, les musulmans 4,4 % et les chrétiens 1,4 %, selon un recensement de 2011. On compte environ 10 000 catholiques au Népal, selon l’Église locale, tandis que les protestants et les chrétiens évangéliques sont près d’1,5 millions, selon un membre de la Nepal Christian Society. Pourtant, pour la World Christian Database, les communautés chrétiennes népalaises font partie de celles qui se développent le plus rapidement au monde.
Des groupes chrétiens et des organisations humanitaires ont également signalé l’hostilité grandissante contre les chrétiens au Népal, ces derniers temps. Selon B.P. Khanal, un homme politique et écrivain chrétien népalais, au moins neuf hommes et femmes chrétiens, dont des pasteurs, sont actuellement confrontés à des accusations de conversions au Népal. Le Rapport sur la Liberté Religieuse 2021 de l’AED a également signalé des répercussions légales et sociales contre les chrétiens après des amendements du Code pénal en 2018, interdisant le prosélytisme et la conversion d’hindous à d’autres religions. Des chrétiens, y compris des pasteurs et des travailleurs humanitaires, ont été accusés de conversions dans ce cadre, et des prêtres et des religieux étrangers n’ont pu obtenir de visa et ont été forcés de quitter le Népal.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
globalsistersreport.org / Ucanews