Eglises d'Asie – Philippines
Deux prêtres philippins protestent contre les conséquences économiques d’un nouveau confinement strict
Publié le 31/07/2021
Deux prêtres philippins ont mis en garde contre une catastrophe humanitaire potentielle et une crise aggravée pour les régions les plus pauvres de l’archipel, après l’annonce de nouveaux confinements stricts par le gouvernement de Manille. Le président Rodrigo Duterte a placé la province d’Iloilo, dans la région des Visayas, ainsi que deux autres villes de Mindanao, dans le sud du pays, en quarantaine ECQ (Enhanced community quarantine) du 1er au 7 août afin de contenir le variant Delta qui se répand aux Philippines. La quarantaine ECQ est la forme la plus stricte de quarantaine aux Philippines, avec un confinement total de la population. Le père Rodel Enverga of Jaro, de l’archidiocèse de Jarao dans la province d’Iloilo, et le père Christian Fargueras, de l’archidiocèse de Cagayan de Oro à Mindanao, craignent que ces nouveaux confinements aggravent les souffrances des populations locales à cause des pertes d’emplois engendrées par les restrictions.
Les deux prêtres estiment que les dernières décisions sanitaires des autorités philippines rendront ces communautés encore plus pauvres. « Une fois que la quarantaine ECQ débutera le 1er août, il y aura davantage de personnes qui ne pourront plus travailler. Ici, dans cette province, beaucoup de nos familles gagnent leurs vies avec de petites activités commerciales », confie le père Enverga. Il ajoute que beaucoup de ses paroissiens sont commerçants et serveurs. « Ils dépendent beaucoup de leur travail et de leurs salaires. Si leurs établissements sont fermés, comment gagneront-ils l’argent nécessaire pour acheter de la nourriture et payer l’éducation de leurs enfants ? » Le prêtre estime que les confinements sont une fausse solution, dans un pays où les gens les plus défavorisés commencent à avoir faim. Le père Fargueras cite de son côté une étude récente d’une société privée, Social Weather Stations, qui révèle que de plus en plus de Philippins vont dormir le ventre vide depuis le début de la pandémie.
« Plus d’un Philippin sur cinq a connu la faim au cours de l’année 2020 »
« De plus en plus de foyers affirment n’avoir pas suffisamment à manger. L’augmentation des prix alimentaires était de 6,2 % en mars, et plus d’un Philippin sur cinq a connu la faim au cours de l’année 2020. C’est un triste record, qui a doublé par rapport au début de la crise sanitaire », affirme le prêtre. Il ajoute que Mindanao est toujours la région la plus pauvre de l’archipel, avec plusieurs millions de familles qui touchent moins de 5 000 pesos philippins (84 euros) par trimestre. « Ils ont besoin d’argent pour vivre. Avec les confinements, il y aura encore davantage de familles sous le seuil de pauvreté. » En 2019, le gouvernement a déclaré qu’aux Philippines, une famille de cinq personnes a besoin d’au moins 9 649 pesos (162 euros) par trimestre pour vivre au-dessus du seuil de pauvreté. Le cardinal Jose Advincula, archevêque de Manille, a confié le mois dernier que le Covid-19 avait aggravé la pauvreté dans le pays. « Beaucoup de personnes ont perdu leur travail et leurs revenus. Beaucoup sont aussi tombés malades. Il a eu beaucoup de victimes et beaucoup de familles pleurent la mort de leurs proches. Face à tout cela, nous ne savons plus quoi faire. Nous ne savons plus quelle direction prendre et vers qui nous tourner », a-t-il confié aux journalistes en visitant une communauté défavorisée de Manille, le 27 juin.
(Avec Ucanews)
Crédit : pxfuel.com