Eglises d'Asie – Indonésie
Deux semaines après le passage du cyclone Seroja en mer de Florès, les survivants témoignent
Publié le 20/04/2021
De nombreux survivants des inondations massives qui ont frappé la province des Petites îles de la Sonde orientales (Nusa Tenggara), majoritairement catholique, dans l’est de l’archipel indonésien, ont peine à croire qu’ils sont encore là pour en parler. Le jour du dimanche de Pâques, un cyclone tropical a provoqué deux jours de fortes pluies, entraînant des inondations soudaines et des glissements de terrain qui ont frappé plusieurs villages. La catastrophe est survenue dès les premières heures de la journée du 4 avril, alors que beaucoup d’habitants étaient encore endormis. Au moins 170 personnes sont décédées, dont 72 dans l’île d’Adonara (l’une des zones les plus touchées). Veronica Masan, âgée de 28 ans, explique qu’elle a pu s’en sortir avec son enfant parce qu’elle était restée éveillée tard pour cuisiner. « Je ne m’étais pas couchée parce que je préparais des gâteaux pour Pâques. Quelqu’un a frappé à ma porte en nous disant d’aller nous réfugier en lieu sûr parce que le village allait être inondé », raconte-t-elle. Quelques minutes plus tard, elle a entendu des gens crier : « Inondation ! Inondation ! Inondation ! »
Une catastrophe inattendue
Veronica explique qu’elle n’a pas hésité avant de réveiller son enfant de deux ans et de s’enfuir. « Je ne pouvais que prier la Vierge Marie et le Seigneur Jésus de nous aider, nous protéger et nous sauver », ajoute-t-elle. En moins de quatre heures, les inondations ont emporté plusieurs dizaines de maisons et tué 44 habitants de son village. « Au début, je pensais qu’il y aurait plusieurs milliers de morts sur l’île, parce que les inondations étaient terribles et avec les glissements de terrain, il y avait de grosses pierres qui s’écrasaient dans les habitations, alors que les gens étaient encore en train de dormir », poursuit-elle. « Je vois cela comme un miracle, parce que beaucoup de gens ont été sauvés de la catastrophe, dont ma famille. » Toutefois, Veronica a du mal à croire qu’il y a vraiment eu des inondations, étant donné que la région est en plein milieu de la saison sèche, et qu’il y a peu de précipitations à l’année de toute façon. Elle estime que maintenant, le problème est que si cela a eu lieu une fois, cela peut très bien se reproduire. Elle hésite donc à retourner habiter là où se trouvait sa maison.
« Il dormait quand un mur de boue a frappé sa maison »
Marius Sabon, âgé de 40 ans, du village de Nelelamadike, l’un des plus touché de l’île d’Adonoara, explique qu’il a perdu un membre de sa famille dans les inondations. « Il dormait quand un mur de boue a frappé sa maison. » La maison de Marius a également été emportée. « Nous avons besoin de couvertures et de tapis de sol. Nous ignorons combien de temps nous devrons vivre dans une tente. Nous n’avons plus rien et nous allons devoir repartir de zéro une nouvelle fois. » Maria Magdalena Sura Ola, qui habite elle aussi à Nelelamadike, a subi des pertes encore plus lourdes. Elle a perdu 11 des 13 membres de sa famille, dont son mari, qui ont tous été tués dans la catastrophe. Au moins 56 habitants de son village sont décédés. Elle-même et ses deux enfants ont survécu, parce qu’ils se trouvaient alors chez ses parents dans un autre village, où ils préparaient le repas pascal. « Je n’arrive pas à croire que tant de membres de ma famille ont disparu », confie-t-elle. Maria et ses enfants vivent maintenant chez ses parents, car leur maison de Nelelamadike a été emportée. Le père Moses Atasoge, un prêtre basé dans l’île d’Adonara, explique que le soir de la vigile pascale, les pluies étaient vraiment très fortes. Après la messe, le samedi 3 au soir, il se souvient qu’il ne parvenait pas à dormir, et qu’il avait comme un pressentiment que quelque chose de terrible allait survenir. Quand les inondations ont frappé, les cloches des églises ont commencé à sonner dans toute l’île pour avertir les habitants. Pour ceux qui ont survécu, leurs peines continueront si les aides n’arrivent plus, car ils n’ont plus rien.
6 000 habitants toujours réfugiés
Le père Lorens Yatim, curé de la paroisse Saint Bernard Abbas de Tokojaeng, l’une des zones les plus touchées de l’île de Lembata, évoque également l’île volcanique de Lewotolok, où les pluies ont été d’autant plus meurtrières que le site a vécu une éruption récente. Ainsi, avec les inondations, des rochers et de la boue se sont écrasés depuis le volcan contre le village et son église, entraînant au moins 45 décès et 22 portés disparus. Le père Yatim explique que les survivants ont dû se réfugier dans les écoles et les bâtiments publics. Le cyclone a frappé en tout une vingtaine de villes et de districts dans la province, mais ce sont les îles de Lembata et d’Adonara qui ont été les plus touchées. Le 9 avril, le président indonésien Joko Widodo a rendu visite aux survivants des deux îles indonésiennes en annonçant des plans de relogement dans de nouvelles zones pour les réfugiés. Selon l’Agence nationale de gestion des catastrophes, au moins 179 personnes sont décédées dans la province, et plus de 6 000 habitants vivent toujours dans des abris temporaires. Des volontaires continuent de rechercher 47 personnes encore portées disparues.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
National Disaster Mitigation Agency / Ucanews