Eglises d'Asie – Inde
Devasahayam (Lazare) Pillai, un laïc et martyr indien, parmi sept nouveaux saints canonisés l’an prochain
Publié le 11/11/2021
Le bienheureux Lazare, dit Devasahayam Pillai (1712-1752), un laïc indien, doit être canonisé l’an prochain avec six autres nouveaux saints. Le pape François canonisera Devasahayam Pillai le 15 mai prochain dans la basilique Saint-Pierre de Rome, selon une annonce de la Congrégation pour la cause des saints, qui a confirmé la nouvelle le 9 novembre. Le Saint-Père a ouvert la voie à la canonisation du martyr indien, lors d’un consistoire qui a eu lieu le 3 mai dernier au Vatican. « Enfin, le temps est vraiment venu de célébrer cet événement. En fait, en mai dernier, quand le Saint-Père a ouvert la voie à la canonisation, nous priions déjà pour qu’il soit déclaré saint bientôt, et voilà que nous apprenons ces bonnes nouvelles », s’est réjoui Mgr Soosai Nazarene, évêque de Kottar. Selon lui, cette canonisation survient à un moment significatif, alors que les persécutions s’intensifient dans le pays, où les chrétiens sont régulièrement accusés de conversions forcées. « Témoignons de notre foi sans peur, en défendant la paix et l’harmonie interreligieuse. Il nous faut aussi soutenir nos jeunes, pour les encourager à s’engager et à témoigner de Jésus Christ », a poursuivi l’évêque indien.
Le père Z. Devasagaya Raj, ancien secrétaire du Bureau pour les Dalits de la Conférence épiscopale indienne, salue un « événement dont nous pouvons tous être fiers, en ce moment historique ». « Ce n’est pas fréquent que des laïcs soient déclarés saints », a-t-il souligné, en appelant à se souvenir de tous les laïcs qui ont donné leur vie pour le Christ, en particulier à Kandhamal, en Odisha, dans l’est de l’Inde, où beaucoup de communautés indigènes et Dalits (intouchables) ont perdu la vie durant les violences antichrétiennes de 2008. « La canonisation du bienheureux Pillai inspirera de nombreux fidèles, en particulier les laïcs qui peuvent se sentir ignorés, pour qu’ils osent s’engager et témoigner de leur foi », a confié le père Raj, basé dans l’archidiocèse de Pondichéry-Cuddalore, au Tamil Nadu, dans le sud du pays.
« Sa canonisation inspirera de nombreux laïcs »
Devasahayam Pillai (né Neelakantha Pillai) est né le 23 avril 1712, dans le district actuel de Kanyakumari, au Tamil Nadu. Issu d’une famille hindoue de caste supérieure, il a été officier dans le palais de Marthanda Varma, roi du Travancore, où il s’est converti au catholicisme suite à sa rencontre avec un militaire néerlandais, Eustache de Lannoy. Il a reçu le baptême en 1745 des mains du père Jean-Baptiste Buttari, jésuite. Il a alors pris le nom de « Devasahayam », (« Lazare » en tamoul). Après son baptême, il s’est consacré à l’annonce de l’Évangile durant quatre ans. Son épouse, Bhargavi Ammal, s’est également convertie et a choisi le nom « Gnanapoo Ammal » (Thérèse).
La conversion de Devasahayam a irrité plusieurs hauts fonctionnaires de la cour royale ainsi que la communauté brahmane, qui ont insisté auprès du roi pour le faire arrêter. En février 1749, il a été jeté en prison avec d’autres chrétiens. Devasahayam a été torturé en continu durant trois ans, y compris en public, sans renier sa foi. Constatant son influence, le roi a alors ordonné sa mise à mort, le 14 janvier 1752. Sa dépouille, jetée dans une forêt, a été retrouvée par les chrétiens et inhumée devant l’autel de l’église Saint-François-Xavier, qui est devenue la cathédrale du diocèse de Kottar (Tamil Nadu). Parmi les autres bienheureux qui seront canonisés en même temps que Devasahayam Pillai, on compte également Charles de Foucauld, ainsi que trois prêtres fondateurs d’ordres religieux (César de Bus, Luigi Maria Palazzolo et Giustino Maria Russolillo) et trois religieuses fondatrices (Maria Francesca di Gesù et Maria Domenica Mantovani).
(Avec Ucanews)