Eglises d'Asie – Divers Horizons
Dix années de paroles du pape François aux peuples asiatiques
Publié le 15/03/2023
De la Corée du Sud au Japon, des victimes du typhon Yolanda aux armes nucléaires, de Mère Teresa à Matteo Ricci, le pape François s’est tourné constamment vers l’Asie au fil des dix dernières années. Le jour du dixième anniversaire de son élection, ces quelques extraits de ses discours, homélies et interviews contiennent quelques-unes de ses paroles adressées aux peuples asiatiques.
Corée : « Accueillez la grâce réconciliatrice dans vos cœurs et partagez-la »
« Ayez confiance dans la puissance de la croix du Christ ! Accueillez la grâce réconciliatrice dans vos cœurs et partagez-la avec les autres ! Je vous demande de rendre un témoignage convaincant au message de réconciliation du Christ, dans vos maisons, dans vos communautés et dans tout domaine de la vie nationale. Je suis convaincu que, dans un esprit d’amitié et de coopération avec les autres chrétiens, avec les adeptes des autres religions et avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté qui ont à cœur l’avenir de la société coréenne, vous serez levain du Règne de Dieu en cette terre. Alors, nos prières pour la paix et la réconciliation monteront vers Dieu de cœurs plus purs et, par le don de sa grâce, obtiendront ce bien précieux auquel nous aspirons tous. »
Cathédrale de Myeongdong (Séoul), messe pour la paix et la réconciliation, 18 août 2014
Sri Lanka : l’exigence d’un dialogue interreligieux franc et respectueux
« Lors du Concile Vatican II l’Église catholique a déclaré son respect profond et durable envers les autres religions. »
« C’est dans cet esprit de respect que l’Église catholique souhaite coopérer avec vous, et avec toutes les personnes de bonne volonté, dans la recherche de la prospérité de tous les Sri-lankais. »
« Mais, comme l’enseigne l’expérience, pour qu’un tel dialogue et une telle rencontre soient efficaces, ils doivent se fonder sur une présentation complète et sincère de nos convictions respectives. Certainement, un tel dialogue fera ressortir combien nos croyances, traditions et pratiques sont différentes. Et cependant, si nous sommes honnêtes dans la présentation de nos convictions, nous serons capables de voir plus clairement tout ce que nous avons en commun. De nouvelles routes s’ouvriront pour une estime mutuelle, une coopération et, certainement, une amitié. »
Colombo, Rencontre interreligieuse et œcuménique, 13 janvier 2015
Philippines : « Il est passé par toutes les épreuves qui nous ont frappés »
« Quand j’ai vu, de Rome, cette catastrophe, j’ai senti que je devais venir ici. Ce jour-là, j’ai décidé de faire le voyage ici. »
« Je suis là pour vous dire que Jésus est le Seigneur, que Jésus ne déçoit pas. L’un de vous peut me dire : ‘père, il m’a déçu par ce que j’ai perdu ma maison, j’ai perdu ma famille, j’ai perdu ce que j’avais, je suis malade…’. C’est vrai ce que tu me dis, et je respecte tes sentiments ; mais je le vois là, cloué sur la croix, et de là, il ne nous déçoit pas ! »
« Beaucoup parmi vous se sont demandés en regardant le Christ : ‘Pourquoi, Seigneur ?’ Et à chacun, le Seigneur répond par le cœur. Je n’ai pas d’autres paroles à vous dire. Regardons le Christ : il est le Seigneur, et il nous comprend parce qu’il est passé par toutes les épreuves qui nous ont frappés. »
Tacloban, messe pour les victimes du typhon Yolanda, 17 janvier 2015
Chine : « J’étais ému de survoler cette culture et cette sagesse d’une grande richesse »
« L’expérience de Ricci nous enseigne qu’il est nécessaire d’entrer en dialogue avec la Chine, parce que cela permet d’accumuler sagesse et histoire. C’est un pays qui a reçu de nombreuses bénédictions. Et je dirais que l’Église catholique, dont l’un des devoirs est de respecter toutes les civilisations, a devant cette civilisation, le devoir de la respecter avec un grand ‘R’. L’Église a une grande capacité à accueillir la culture. »
« Quand j’ai survolé la Chine pour la première fois, on m’a dit dans l’avion : ‘Dans dix minutes, nous entrerons dans l’espace aérien chinois et vous enverrez vos salutations.’ Je dois confesser que j’ai été très ému, quelque chose qui ne m’arrive pas d’habitude. J’étais ému de survoler cette culture et cette sagesse d’une grande richesse. »
Interview avec Asia Times, 2 février 2016
Inde : Mère Teresa est l’exemple de l’amour chrétien donné gratuitement
« Mère Teresa, tout au long de son existence, a été une généreuse dispensatrice de la miséricorde divine, en se rendant disponible à travers l’accueil et la défense de la vie humaine, la vie dans le sein maternel comme la vie abandonnée et rejetée. […] Sa mission dans les périphéries des villes et dans les périphéries existentielles perdure de nos jours comme un témoignage éloquent de la proximité de Dieu aux pauvres parmi les pauvres. […] Que cet infatigable artisan de miséricorde nous aide à comprendre toujours mieux que notre unique critère d’action est l’amour gratuit, libre de toute idéologie et de tout lien et offert à tous sans distinction de langue, de culture, de race ou de religion. »
Rome, canonisation de Mère Teresa de Calcutta, 4 septembre 2016
Birmanie : Une force pour l’unité et pour le pardon
« L’avenir de la Birmanie doit être la paix, une paix fondée sur le respect de la dignité et des droits de tout membre de la société, sur le respect de tout groupe ethnique et de son identité, sur le respect de l’état de droit et d’un ordre démocratique qui permette à chaque individu et à tout groupe – aucun n’étant exclu – d’offrir sa contribution légitime au bien commun. »
« Dans le grand travail de réconciliation et d’intégration nationale, les communautés religieuses du Myanmar ont un rôle privilégié à jouer. Les différences religieuses ne doivent pas être des sources de division et de méfiance, mais plutôt une force pour l’unité, pour le pardon, pour la tolérance et pour la sage construction de la nation. »
Naypyidaw, Rencontre avec les autorités du gouvernement, la société civile et le corps diplomatique, 28 novembre 2018
Thaïlande : l’inculturation, fruit de la passion d’annoncer le Christ
« Ne perdons pas de vue que beaucoup de vos pays ont été évangélisés par des laïcs. Ne cléricalisons pas la mission, s’il vous plaît ! Encore moins, ne cléricalisons pas les laïcs ! Eux les laïcs, ils ont eu la possibilité de parler le dialecte de leur peuple, un exercice simple et direct d’inculturation qui n’est ni théorique ni idéologique, mais qui est plutôt le fruit de la passion d’annoncer le Christ. Le saint peuple fidèle de Dieu possède l’onction du Saint que nous sommes appelés à reconnaître, à valoriser et répandre. Ne perdons pas cette grâce de voir Dieu agir au milieu de son peuple, comme il l’a fait autrefois, le fait actuellement et continuera de le faire. »
Bangkok, Rencontre avec les évêques de Thaïlande et de la FABC, 22 novembre 2019
Japon : « Un outrage continuel qui crie vers le ciel »
« Ici, dans cette ville qui est témoin des conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques d’une attaque nucléaire, les tentatives d’élever la voix contre la course aux armements seront toujours peu de choses. Celle-ci gaspille de précieuses ressources qui pourraient, au contraire, être utilisées au bénéfice du développement intégral des peuples et pour la protection de l’environnement naturel. Dans le monde d’aujourd’hui, où des millions d’enfants et de familles vivent dans des conditions inhumaines, l’argent dépensé et les fortunes gagnées dans la fabrication, la modernisation, l’entretien et la vente d’armes toujours plus destructrices sont un outrage continuel qui crie vers le ciel. »
Nagasaki, Discours sur les armes nucléaires, 24 novembre 2019
(Avec Asianews)
CRÉDITS
Stephan Uttom / Ucanews