Eglises d'Asie

Douleur populaire face aux victimes de la pollution marine au Vietnam

Publié le 19/06/2019




Le 17 juin dans l’église de Song Ngoc, dans la province de Nghe An, près de 41 000 fidèles vietnamiens ont suivi la messe de funérailles de deux victimes de la pollution marine. La célébration était diffusée en direct sur les réseaux sociaux, et présidée par le père Jean-Baptiste Nguyen Dinh Thuc, curé de la paroisse de Song Ngoc, aux côtés de onze prêtres et de nombreux fidèles. Les deux victimes étaient atteintes de cancers qui seraient dus à la catastrophe écologique provoquée par l’usine sidérurgique taïwanaise Formosa en 2016. L’usine est accusée d’avoir déversé des déchets toxiques ayant pollué 200 km de côtes dans quatre provinces centrales du Vietnam.

Des milliers de Vietnamiens pleurent la mort de deux personnes, dont la fille d’un militant écologique emprisonné, décédées des suites de cancers qui seraient dus à la pollution marine. Le père Jean-Baptiste Nguyen Dinh Thuc, curé de la paroisse de Song Ngoc, et onze autres prêtres ont célébré la messe des funérailles de Marie Nguyen Hai Giang et de Joseph Nguyen Thanh Cong, le 17 juin dans l’église de Song Ngoc, dans la province de Nghe An. Marie Giang est décédée d’un cancer des os à tout juste seize ans, le 15 juin, après avoir reçu un traitement à l’hôpital de Hô-Chi-Minh-Ville. Cette élève de seconde était l’aînée du militant François Nguyen Nam Phong, qui a été arrêté pour « insulte à un représentant de l’ordre dans l’exercice de ses fonctions » en 2017, et condamné à deux ans de prison ferme. De nombreuses personnes ont organisé des collectes afin de couvrir l’ensemble des dépenses des funérailles et de la tombe, vu la pauvreté de la famille. Des couronnes de fleurs ont également été envoyées de l’étranger.

Plus de 41 000 personnes ont suivi la messe en direct sur les réseaux sociaux, en adressant leurs condoléances à la famille de Marie Giang. « C’est très douloureux pour elle de n’avoir pas revu son père avant sa mort », constate Paul Tran Minh Nhat, militant pour les droits de l’homme dans le pays, en ajoutant que l’adolescente avait écrit plusieurs fois aux autorités en leur supplier de relâcher son père, sans jamais obtenir de réponse. « La bienveillance et la justice n’existent pas dans le cœur de pierre de ceux qui ont nié sa dernière volonté », lance-t-il, en précisant que François Phong, qui a aidé des centaines de pécheurs à poursuivre en justice l’usine sidérurgique taïwanaise Formosa en 2016 pour avoir pollué les eaux côtières dans quatre provinces centrales, avait également manqué les funérailles de son père l’année précédente.

Le père Thuc confie que Marie Giang et Joseph Cong – lui-même décédé d’un cancer du poumon le 16 juin – sont tous deux des victimes de l’usine Formosa, qui a reconnu la pollution des eaux côtières. La société a versé une indemnité de 500 millions de dollars US au gouvernement vietnamien pour déversements accidentels de déchets toxiques, qui ont pollué 200 km de côte en détruisant toute forme de vie maritime au détriment des communautés locales dépendant de la pêche et du tourisme. Le prêtre ajoute que Joseph Cong, qui a deux filles qui poursuivent une vocation religieuse, était persécuté pour s’être opposé à la pollution marine de l’usine Formosa, accusée d’être la cause des cancers. Environ 165 000 nouveaux cas sont enregistrés chaque année au Vietnam. Le père Thuc souligne que l’usine sidérurgique, dotée d’un capital de plus de 11 milliards de dollars US, est toujours en fonctionnement dans la province de Ha Tinh. La police continue de contrôler, de persécuter et d’emprisonner les personnes qui s’opposent à Formosa et aux autres sociétés polluantes. Le 11 juin, l’évêque émérite de Kontum, Mgr Michael Duc Oanh, des prêtres représentant près de 8 000 victimes des diocèses de Vinh et de Ha Tinh et des juristes taïwanais ont porté plainte contre Formosa auprès du tribunal de district de Taipei. Ils demandent à l’usine de nettoyer les dégâts causés et d’offrir une compensation financière aux victimes.

(Avec Ucanews, Vinh)


CRÉDITS

Father Nguyen Dinh Thuc