Eglises d'Asie

Éducation : des volontaires auprès des enfants papouasiens déscolarisés

Publié le 01/02/2022




Dans la province de Papouasie, dans l’est de l’archipel indonésien, 34,58 % de la population locale en âge d’aller à l’école ne reçoit aucune éducation, selon le Bureau central des statistiques. La région compte également 20 147 postes d’enseignants vacants. Face à cette situation, un groupe de volontaires chrétiens a lancé le Teaching Papua Movement en 2013, afin de soutenir l’accès à l’éducation et de sensibiliser la population locale. Aujourd’hui, le mouvement compte 24 centres et 72 volontaires, dans cinq districts de la province.

Des enfants du district de Nabire (Papouasie, Indonésie), avec des volontaires du Papua Teaching Movement.

Des témoignages de vendeurs de rue de Jayapura, qui n’avaient pas le temps de veiller sur l’éducation de leurs enfants, ont incité Agustinus Kadepa et ses collègues à réfléchir à des actions concrètes pour aider ces familles, qui vivent dans la capitale de la province indonésienne de Papouasie, dans l’est de l’archipel. « Parce que leurs mères sont occupées à gagner leur vie, elles ont à peine le temps de s’occuper de leurs enfants », déplore Agustinus. Beaucoup de ces enfants sont en décrochage scolaire, comparé aux autres enfants du même âge.

« Même quand ils parviennent à terminer l’école primaire, beaucoup d’entre eux savent à peine lire, écrire et compter », poursuit ce catholique laïc, âgé de 31 ans. « De plus, il y a aussi ceux qui abandonnent l’école et qui traînent dans la rue. » Cette situation l’a poussé, lui et d’autres volontaires – des étudiants, des militants et des travailleurs sociaux – à réfléchir à une solution. « Peu à peu, nous nous sommes lancés en fondant ce que nous appelons le Teaching Papua Movement. » Ce mouvement, créé à Jayapura en 2013, a débuté avec une bibliothèque de rue où les enfants pouvaient se rassembler pour apprendre à lire, écrire et compter. Les enfants y étaient séparés en trois groupes, par niveau de lecture.

24 centres d’apprentissage et 72 volontaires

Les volontaires du mouvement fournissent également du matériel pédagogique varié, offert par des bienfaiteurs (notamment des volontaires, des ONG et l’Église catholique locale). « Nous organisons beaucoup d’activités tous les après-midi, après les heures de cours. Au début, il n’y avait que 24 enfants, mais le groupe a continué à grandir peu à peu », confie Agustinus Kadepa. Le mouvement s’est développé dans cinq districts de la province (Jayapura, Nabire, Paniai, Dogiyai et Deiyai), avec 24 centres d’apprentissage gérés par 72 volontaires. « Il n’y a pas de locaux officiels pour ces sessions. Certains utilisent des locaux paroissiaux, d’autres des domiciles privés », poursuit Agustinus, diplômé de l’université Cenderawasih de Jayapura.

Aleks Giyai, 31 ans, un des volontaires du mouvement, engagé aujourd’hui à Jayapura, explique qu’ils tendent aussi la main aux parents et aux responsables communautaires. « Nous estimons que l’éducation doit être une priorité pour tous. C’est pourquoi, dans les lieux où nous sommes présents, nous nous tournons vers les chefs de communautés et vers les responsables religieux avant tout. Nous les aidons à comprendre que ce que nous faisons n’est pas dans notre intérêt personnel mais pour l’avenir des enfants de Papouasie. » Par ailleurs, les volontaires insistent toujours sur le rôle clé de l’éducation dans le développement de la province.

La région la moins bien classée du pays en termes d’accès à l’éducation

Aleks explique que leur but est de répandre ce mouvement dans toute la Papouasie. « Nous ne pouvons pas nous contenter de nous reposer sur le gouvernement et sur l’éducation nationale, même si le budget du gouvernement pour l’éducation est conséquent », ajoute-t-il. Chaque année, près de 20 % du fonds spécial d’autonomie de la Papouasie est consacré à l’éducation. Durant l’année 2020, les fonds consacrés à l’éducation dans la province se sont élevés à 2,09 mille milliards de roupies (129,9 millions d’euros).

Toutefois, la région est toujours parmi les moins bien classées des 34 provinces du pays selon l’Indice de développement humain. Le Bureau central des statistiques indique également que 34,58 % de la population de la province en âge d’aller à l’école ne reçoit aucune éducation. Il y a également 20 147 postes d’enseignants vacants dans la région, du niveau primaire au lycée. Aleks Giay souligne que dès le début, ils ont agi sur la base du volontariat et sans aucun soutien financier de la part du gouvernement. « Si nous pouvons aider, c’est grâce à des donateurs qui interviennent spontanément. »

Agustinus Kadepa explique que ce qui les pousse à continuer, c’est que beaucoup d’enfants sont déterminés à poursuivre leur éducation. Certains d’entre eux sont même devenus volontaires. Agustinus espère que leurs petites actions pourront porter du fruit et permettre l’émergence de futurs cerveaux qui pourront contribuer au développement de la Papouasie. « Nous espérons qu’il y aura des successeurs à des personnalités locales comme le père Neles Kebadabi Tebay et le révérend Benny Giay », ajoute-t-il, en évoquant deux responsables religieux reconnus dans tout le pays.

Le père Tebay, enseignant, auteur et responsable du Papua Peace Network, est décédé en 2019 ; le révérend Giay était président du Synode de l’Église Kemah Injili, et une personnalité locale éminente. Agustinus estime que sa région rencontre beaucoup d’autres problèmes comme les abus des droits de l’homme et la pauvreté. « Si ces changements ne sont pas suivis d’actions de sensibilisation sur l’importance de l’éducation, alors les Papouasiens continueront d’être marginalisés. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews