Eglises d'Asie – Indonésie
Éducation : un programme paroissial soutient près de 6 000 étudiants
Publié le 22/02/2019
Durant sa dernière année de lycée, dans l’est de Jakarta il y a quatre ans, Gregorius Endrawan n’était pas certain de pouvoir se rendre à l’université, même avec d’excellents résultats. Ses parents se sont séparés quand il était enfant, et depuis, sa mère n’a pu trouver que quelques emploi précaires pour environ 50 000 roupies (6 dollars) par jour. Avec ces contraintes financières, son rêve de travailler dans la comptabilité semblait illusoire. Un jour, cependant, il a rencontré une personne du département de développement socio-économique de la paroisse Saint-Joseph de Jakarta Est, qui lui a parlé des programmes éducatifs lancés par la paroisse en 2013. « Il a parlé des programmes Ayo Sekolah [Allons à l’école] et Ayo Kuliah [Allons à l’université] », explique Gregorius. Les programmes impliquent des catholiques de la région qui donnent de petites sommes afin d’aider les jeunes comme lui à recevoir une éducation décente. Les deux programmes sont connus sous le nom d’ASAK. En 2015, avec l’aide du programme Ayo Kuliah, Gregorius a pu s’inscrire au sein de l’Institut Kalbis, un institut supérieur local, afin d’étudier la comptabilité. « Je suis maintenant en quatrième année », explique l’étudiant de 22 ans, qui ajoute que ses frais de scolarité ont été payés par le programme paroissial. Pour Gregorius, qui vit toujours chez sa mère, ce programme est une vraie bénédiction. « Cela aide vraiment des gens comme moi qui ne peuvent pas payer les frais de scolarité. Je ne pourrais même pas trouver les mots pour exprimer toute ma gratitude. » Il fait partie des quelque 5 918 catholiques de l’archidiocèse de Jakarta qui ont bénéficié des programmes ASAK, lancés par un laïc, Yanto Jayadi Wibisono. D’autres encore commencent à en tirer les bénéfices ailleurs en Indonésie.
L’œuvre du Saint-Esprit
L’idée est venue à Yanto Wibisono il y a quelques années, alors qu’il se rendait à la messe dans la chapelle Saint-Vincent-de-Paul à Surabaya, la deuxième plus grande ville du pays. « Je ne pouvais pas m’arrêter d’y penser. L’inspiration est venue de Dieu », explique-t-il. En 1991, après avoir contacté des amis qui étudiaient avec lui à l’université de Bandung, à Java, il a fondé un groupe appelé Friendship and Humanity Community au sein duquel les membres récoltaient de l’argent pour aider les enfants des familles démunies à se rendre à l’école. En 2006, alors que sa paroisse, l’église Saint-Thomas à Jakarta Ouest, se préparait à célébrer son cinquantième anniversaire et le deux-centième anniversaire de l’archidiocèse, on lui a demandé de partager quelques idées. « Je leur ai parlé du programme Ayo Sekolah et huit mois plus tard, ils ont accepté et ils l’ont adopté », raconte-t-il. Yanto ajoute que le programme a été fondé sur la base d’une œuvre caritative communautaire. Quand la paroisse a lancé le programme officiellement en juin 2007, de l’argent a pu être récolté pour une soixantaine d’enfants. Deux ans plus tard, la paroisse a lancé le programme universitaire Ayo Kuliah, en commençant par aider cinq adolescents. « Ayo Kuliah a commencé quand j’ai rencontré un garçon handicapé durant une visite à plusieurs familles pauvres. Il a dit qu’il voulait étudier à l’université après le lycée, mais qu’il ne pouvait pas à cause du manque de moyens », explique Yanto, père de deux enfants. Depuis, les programmes se sont développés dans l’archidiocèse. Aujourd’hui, 61 paroisses sur 66 et deux stations missionnaires participent à l’opération. Deux autres paroisses vont bientôt se lancer. De leur côté, plusieurs paroisses du diocèse de Tanjungkarang, dans la province de Lampung, et du diocèse de Pontianak, dans la province du Kalimantan occidental, ont lancé des programmes similaires. « C’est l’œuvre du Saint-Esprit. Tout ce que je peux faire, c’est m’incliner et obéir », ajoute Yanto Wibisono.
Dons et levée de fonds
Une fois qu’une paroisse rejoint le programme, elle le gère en général de façon autonome, en collectant des dons auprès des paroissiens. Dans certains cas, une riche paroisse peut soutenir d’autres paroisses en manque de donateurs. Plus de 3 500 donateurs catholiques financent les programmes, à hauteur de plusieurs milliards de roupies par an. « Ce sont des causes qui valent la peine. En tant que catholique, et tant que je le peux, je donnerai », confie Ivo Aryanto, de la paroisse Saint-Bartholomée de Bekasi, à Java. Les programmes sont également financés par des récoltes de fonds. Ainsi, la paroisse d’Ivo Aryanto a organisé récemment un concert afin de lever des fonds pour les programmes, qui ont été lancés en 2010. La générosité des donateurs a redonné espoir à la mère de Gregorius Endrawan, Veronika, qui se dit éternellement reconnaissante envers la générosité des donateurs qui ont donné à son fils une chance d’un meilleur avenir. « Sans eux, mon fils n’aurait pas pu poursuivre ses études. » Pour Mgr Ignatius Suharyo Hardjoatmodjo, archevêque de Jakarta, les programmes ASAK – qui soutiennent plus de 2 500 étudiants aujourd’hui – ont contribué à répandre un « esprit de compassion » parmi les catholiques. « J’espère que d’autres paroisses, qui n’ont pas encore adopté cet esprit à travers les programmes ASAK, se lanceront bientôt », ajoute-t-il.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Ucanews