Eglises d'Asie

Élections : 192,8 millions d’Indonésiens votent pour leur nouveau président

Publié le 18/04/2019




Les premières estimations des élections générales du 17 avril annoncent Joko Widodo en tête des élections présidentielles indonésiennes, face à son concurrent Prabowo Subianto. Les quelque 192,8 millions d’électeurs appelés à se rendre dans les 805 000 bureaux de vote, sur une population de 264 millions d’habitants, votaient également pour les membres du parlement indonésien et pour les assemblées régionales – provinces et districts – de l’archipel de plus de 17 000 îles. Selon les observateurs, ces élections nationales sont « critiques » pour l’avenir de la jeune démocratie indonésienne, menacée par la montée de l’extrémisme islamiste et toujours rongée par la corruption généralisée.

Presque 192,8 millions d’électeurs, sur une population de près de 264 millions d’Indonésiens habitant l’une des 17 000 îles de l’archipel, étaient appelés à voter, hier 17 avril, pour le futur président indonésien, ainsi que le vice-président, les 575 membres du Conseil représentatif du peuple (la chambre basse du parlement), les membres du Conseil représentatif des régions (chambre haute) et les 24 000 membres des assemblées régionales (provinces et districts). Plus de 805 000 bureaux de vote étaient ouverts. Selon les observateurs, ces élections nationales sont « critiques » pour l’avenir de la jeune démocratie indonésienne, menacée par la montée de l’extrémisme islamiste. Le gouvernement a déployé, pour l’occasion, d’importantes mesures de sécurité : 453 000 militaires et policiers, ainsi qu’1,6 million de membres de la protection civile. Sans compter plus de 6 millions de volontaires qui assisteront les bureaux de vote. Tout comme en 2014, le président actuel Joko « Jokowi » Widodo fait face à Prabowo Subianto, ancien commandant des forces spéciales indonésiennes (Kopassus) et ex-beau-fils de l’ancien dictateur Suharto. Mais contrairement aux élections précédentes, durant lesquelles il avait mis la défense des droits de l’homme au cœur de son programme, Joko Widodo a choisi le penseur musulman Ma’ruf Amin (76 ans) comme son futur candidat à la vice-présidence, un choix qui risque de lui coûter le vote des modérés.

Ma’ruf Amin, ancien président du Conseil indonésien des oulémas (MUI), a notamment déclaré plusieurs « fatwas » contre l’ancien gouverneur de Jakarta, Basuki « Ahok » Tjahaja Purnama, un catholique d’origine chinoise. Par ce geste, Ma’ruf Amin a légitimé les revendications de ceux qui affirmaient que parce qu’il était chrétien, le gouverneur de Jakarta ne pouvait pas rester au pouvoir – l’Indonésie est le pays comptant le plus de musulmans au monde. Selon les analystes, le fait d’avoir choisi Ma’ruf Amin devrait permettre à Joko Widodo de contrôler l’influence énorme des groupes fondamentalistes comme Hizbut Tahrir (Hti) ou le Front de défense de l’islam (FPI), entre autres. Ma’ruf Amin est également une figure centrale de l’organisation Nahdlatul Ulama (Nu). Le groupe, qui compte plus de 90 millions de membres, est le plus grand mouvement islamique modéré au monde. Le duo Jokowi-Amin représente donc à la fois les mouvements nationalistes et religieux du pays. De son côté, Prabowo Subianto a décidé de nommer le milliardaire Sandiaga Uno comme futur vice-président en cas de victoire. Le candidat a suscité les craintes d’un nouveau régime autoritaire, notamment en raison des accusations affirmant que Subianto s’était rendu coupable d’enlèvements d’étudiants et d’autres violations des droits de l’homme durant sa carrière militaire. Durant les élections de 2014, Jokowi Widodo, qui représentait le changement en n’ayant aucun lien avec le régime dictatorial de Suharto, remportait 53 % des voix, devenant le premier président indonésien non militaire. S’il remporte les élections de cette année et entame un second mandat, Widodo projette d’achever son vaste plan d’infrastructures : 950 km de routes à péages, 3 400 km d’autoroutes, 40 km de ponts, 10 nouveaux aéroports, 19 ports maritimes et 17 barrages. Pour beaucoup d’Indonésiens, c’est quelque chose de nouveau : aucun président indonésien n’avait jamais osé la coordination de tant de projets d’envergure, à cause de la corruption répandue dans tous les partis politiques du pays.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Konradus Epa / Ucanews