Eglises d'Asie

En congrès, la pastorale des prisons de l’Église indienne appelle à des réformes pénales

Publié le 24/11/2022




La pastorale nationale des prisons (Prison Ministry India), qui dépend de la Conférence épiscopale indienne (CBCI), s’est réunie du 15 au 19 novembre à Goa, dans l’ouest de l’Inde, pour son 13e congrès organisé en présence de près de 450 délégués et du cardinal Filipe Neri Ferrao, archevêque de Goa et Daman. À cette occasion, l’organisation catholique a appelé les gouvernements régionaux du pays à favoriser la réhabilitation des anciens détenus et à améliorer les conditions carcérales.

La prison centrale de Chennai, capitale de l’État du Tamil Nadu (archive, 2009).

Une aumônerie pénitentiaire indienne, le groupe PMI (Prison Ministry India), a appelé les gouvernements régionaux à accélérer les réformes et à adopter une position favorable à la réhabilitation des détenus dans les prisons du pays. La pastorale des prisons a demandé aux autorités de régler certains problèmes comme les prisons surpeuplées, les retards des procès dans les tribunaux ou encore un manque d’hygiène et d’accès à la santé, entre autres, afin de permettre de transformer la vie des prisonniers.

L’administration et la gestion des prisons indiennes et des détenus dépend des gouvernements des différents États et territoires du pays. « Les autorités, dans l’objectif de fournir de meilleures conditions de détention aux prisonniers, ont initié des politiques et des programmes spéciaux, mais souvent, les bénéfices de ces initiatives n’atteignent pas ceux qui languissent derrière les barreaux », affirme le père Francis Kodiyan, MCBS (Congrégation missionnaire du Saint-Sacrement). Le père Kodiyan, qui a fondé la pastorale PMI avec le père Varghese Karippery en 1981, ajoute que près de 450 délégués ont participé au 13e congrès de l’organisation, qui a eu lieu à Goa du 15 au 19 novembre.

« Donner aux prisonniers toutes les opportunités de se repentir et de changer »

Durant le congrès, selon un communiqué officiel, l’organisation a appelé les gouvernements provinciaux à « adopter plus de mesures concrètes en vue d’apaiser les difficultés de ceux qui sont derrière les barreaux et de leurs familles, et pour permettre la réhabilitation des anciens détenus ». « L’incarcération doit donner aux prisonniers toutes les opportunités d’accepter leur culpabilité, et de reconnaître leur besoin de se repentir et de changer. C’est le devoir des gouvernements de faire en sorte que les détenus jouissent des droits humains fondamentaux », a ajouté le communiqué.

En évoquant les conditions déplorables des prisonniers, le père Kodiyan, interrogé le 23 novembre, explique que « plus de 70 % des détenus attendent d’être jugés ou sont en procès, et les retards des procédures judiciaires dans les tribunaux les rendent vulnérables aux abus et violations des droits de l’homme ». Le prêtre souligne également que la grande majorité des prisonniers indiens est issue des milieux défavorisés, et qu’ils n’ont donc pas les moyens de solliciter les services d’avocats compétents. « Il est grand temps que les autorités prennent des initiatives spéciales pour apporter une aide juridique et assurer des procès qui ne traînent pas en longueur », poursuit-il.

Le père Kodiyan a également suggéré de classer et séparer les détenus selon la gravité de leur crime. « Des détenus condamnés pour la première fois et des petits délinquants sont placés dans les mêmes cellules que des criminels endurcis, ce qui ne facilite pas leur réhabilitation », a-t-il noté, en appelant les gouvernements à mettre en place davantage de prisons ouvertes (des centres pénitentiaires caractérisés par une absence de barreaux et murs d’enceinte). « Cela aiderait non seulement à réduire l’affluence dans les prisons mais aussi d’aider les petits criminels et délinquants à transformer leur vie », a-t-il insisté.

« Servir les prisonniers, c’est service le Christ souffrant »

PMI a suggéré d’autres mesures comme le fait de faciliter « les visites des conjoints et des membres de la famille, avec une considération spéciale pour les femmes détenues, en particulier celles qui sont enceintes et qui ont de jeunes enfants ». L’organisation a également invité l’Église catholique locale à former et engager plus de volontaires en plus des quelque 1 200 personnes qui sont au service de la pastorale des prisons, en vue d’accélérer les programmes de réhabilitation des détenus libérés et de leur famille (en termes d’emploi, de logement, d’accès à la santé et à l’éducation).

« Servir les prisonniers, c’est service le Christ souffrant », a confié le cardinal Filipe Neri Ferrao, archevêque de Goa et Daman, le 16 novembre en prenant la parole durant le congrès en tant que président du mouvement. Le cardinal indien a également appelé à réintégrer les prisonniers libérés avec compassion dans la société.

Mgr Alwyn D’Silva, président du bureau pour la pastorale des prisons de la Conférence épiscopale (CBCI), a également déclaré : « N’oublions pas que la repentance et la réconciliation sont des actes de l’ordre de la grâce et du combat spirituel, afin de dépasser nos épreuves et nos luttes mondaines. » À l’issue du congrès, la pastorale PMI a décidé d’ouvrir dix nouveaux foyers pour les anciens détenus et dix autres centres spéciaux pour les filles victimes de trafics, en plus d’au moins 5 000 bourses d’études prévues pour les enfants de détenus.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Simply CVR (CC BY 2.0)