Eglises d'Asie – Vietnam
En mai, les processions mariales et offrandes florales accompagnent les fidèles vietnamiens
Publié le 23/05/2019
Le 4 mai dernier, alors que la communauté catholique de la province de Yen Bai, dans le nord-ouest du Vietnam, s’attelait aux préparatifs d’une procession mariale, Joseph Nguyen Dang Binh et son épouse nettoyaient leur nouvelle maison tandis que leurs voisins arrangeaient un autel marial avec des roses, des bougies et des guirlandes lumineuses. Le couple, qui accueillait l’événement, explique que l’autel en question a été porté en procession vers l’église de Minh Quan, à quelques kilomètres de là. La procession a été notamment accompagnée de la prière du chapelet, et des enfants habillés en blanc sont venus offrir des fleurs. Des centaines de fidèles se sont joints aux hymnes et aux instruments traditionnels qui rythmaient la procession, signe d’une nouvelle résurgence de la foi pour cette petite desserte paroissiale, sans oublier les anciennes traditions. « Nous sommes heureux d’organiser cette procession pour exprimer notre gratitude envers notre Mère Marie. Elle nous a protégés et aidés à traverser les difficultés et les souffrances, au cours de ces deux dernières décennies », explique Joseph Binh, maçon.
Dévotion mariale et tradition locale
Joseph Le Van Nghi, un responsable laïc local, explique que les offrandes florales à Marie sont organisées, en général, les samedis soir du mois de mai, connu comme le « mois des fleurs » parmi les fidèles vietnamiens. Les familles doivent s’inscrire un an à l’avance pour pouvoir organiser de tels événements. Quatre foyers se sont inscrits à Minh Quan l’an dernier. Joseph Nghi confie que cette tradition et d’autres formes de dévotions mariales ont gagné en popularité au Vietnam ces dernières années. Aujourd’hui, de nombreux catholiques à travers le pays participent aux offrandes florales dans les églises, le premier et le dernier jour du mois de mai ainsi que chaque samedi du mois. Michael Tran Van Ton, de la paroisse de Phu Hau dans la province de Thua Thien, explique que durant cette période particulière, des paroissiens viennent chanter et prier tous les jours devant la grotte mariale de l’église locale. « Ces dévotions mariales traditionnelles contribuent à rassembler les gens et renforcer leur foi », assure Michael Ton, 63 ans, alors qu’il prépare sa maison pour accueillir une foule de fidèles. Ces traditions viendraient des provinces du nord du Vietnam. Joseph Nghi précise que les catholiques de sa paroisse ont maintenu fidèlement les processions chaque année depuis 1992, quand ils ont pu trouver les fonds pour construire une nouvelle église pour remplacer l’ancienne, qui avait été détruite par des inondations en 1968.
La desserte paroissiale de Minh Quan a été fondée en 1930, peu après l’arrivée d’une trentaine de familles catholiques dans la région, venues des provinces de Nam Dinh, Phu Tho et Thai Binh. La communauté compte aujourd’hui une centaine de familles, soit environ 300 fidèles. Joseph Nghi explique qu’autrefois, ils utilisaient des torches enflammées pour éclairer les processions parce qu’il n’y avait pas suffisamment d’électricité dans la région. Les processions florales durent près de trois heures et ont lieu le soir, en parcourant jusqu’à cinq kilomètres. Joseph Binh, 41 ans, assure que pour lui, c’est un honneur de servir sa communauté et sa foi. « Nous sommes vraiment bénis de voir autant de gens participer cette année », se réjouit-il. Il explique qu’il a connu la misère au point de devoir vivre dans un abri en bordure de forêt, en étant obligé d’aller pêcher dans un lac de la région pour pouvoir nourrir sa famille. Il se souvient de sa vie en marge de la société, incapable de gagner correctement sa vie. Une nuit, il a été sauvagement attaqué par des étrangers ; une autre fois, son fils a attrapé la pneumonie et a été hospitalisé à Hanoï. « Aujourd’hui, nous prions Marie tous les jours », confie-t-il. « Elle a sauvé notre garçon en envoyant des gens nous aider à trouver l’argent pour les frais de traitement, parce qu’à l’époque nous n’avions rien. » Sa femme, Maria Le Thi Dao, explique que leur foi leur a donné la force de dépasser ces temps difficiles. « Elle nous a donné une bonne santé, de merveilleux enfants et de bonnes situations, et maintenant nous avons une nouvelle maison et une famille heureuse. »
(Avec Ucanews, Yen Bai)
CRÉDITS
Peter Tran / Ucanews