Eglises d'Asie

En pleine « crise du sucre », des employés de Coca-Cola se tournent vers l’Eglise

Publié le 20/09/2022




Après avoir perdu leur emploi, d’anciens employés du géant américain demandent l’aide des organisations catholiques pour trouver un emploi stable. Certaines sont déjà engagées dans la microfinance.

en pleine « crise du sucre », des employés de Coca-Cola se tournent vers l’Eglise.Plus de 2 000 employés d’une usine de l’entreprise Coca-Cola dans la région des Visayas aux Philippines ont sollicité l’aide de l’Église, le 17 septembre, après avoir été licenciés par leur société.

Le géant des boissons a suspendu ses activités dans les provinces de Bohol et d’Iloilo en raison d’une pénurie de sucre raffiné dans le pays. « Cette usine Coca-Cola a suspendu ses opérations de mise en bouteille en raison d’un manque d’approvisionnement dû à la crise du sucre en cours », a déclaré l’entreprise dans un communiqué imprimé sur des bâches installées sur les grilles extérieures de l’usine.

La compagnie Coca-Cola aux Philippines a récemment admis qu’elle connaissait une pénurie de sucre « de qualité supérieure », l’ingrédient clé de ses sodas, ce qui a entraîné des hausses de prix et le licenciement de milliers de travailleurs pour motif économique.

Plusieurs syndicats, la Fédération des Travailleurs Libres et les Associations de travailleurs des Philippines, ont officiellement demandé l’intercession de Caritas, la fondation pour les œuvres sociales de l’Église, afin de fournir aux employés licenciés des emplois stables qui leur permettent de continuer à financer l’éducation de leurs enfants.

“Nous demandons respectueusement à la fondation Caritas Internationalis qu’elle incite ses collaborateurs à fournir des emplois aux employés licenciés dans notre région, déclare Pedro Mina-oga, travailleur licencié de la province de Bohol. Plus que de l’aide humanitaire ou alimentaire, nous avons besoin d’un emploi durable pour que nos enfants puissent continuer à aller à l’école”.

L’ancien employé souligne que des indemnités de licenciement ont été versées, et que la paroisse leur fournit des produits de première nécessité, mais que les familles concernées ont avant tout besoin d’un emploi pour survivre. « Nous recevons de l’aide de nos diocèses respectifs comme des sacs de riz et des produits secs. Nous en sommes très reconnaissants, nous devrions toujours être reconnaissants pour les dons. Mais nous avons peur, nous ne pouvons pas nous contenter de mendier pour toujours. Nous avons besoin d’emplois stables. Nous voulons travailler. »

La fondation Puso sa Diyos, dirigée par des religieux augustins, accorde quant à elle aux employés licenciés une aide financière, en accordant des prêts sans intérêt, pour lancer des entreprises de microfinance. « Nous leur prêtons de l’argent, de petites sommes, pour qu’ils créent leur propre entreprise, explique le président de la fondation Alben Diaz. Un salon de coiffure ou de massage…Nous leur apprenons également à devenir rentables ou à créer une entreprise qui ne nécessite pas de gros capitaux. »

La clé du succès réside, selon lui, dans l’acquisition des compétences nécessaires.

« Nous enseignons des compétences telles que le massage, la coupe de cheveux ou la fabrication de savon, car ce sont des compétences qu’on peut transporter partout et qui ne nécessite pas de gros investissements de départ quand on souhaite ouvrir un commerce. »

Le président Ferdinand Marcos Junior a annoncé le 13 septembre l’importation de 150 000 tonnes de sucre raffiné qui arriveraient en novembre afin de normaliser la chaîne d’approvisionnement.

Selon la porte-parole du gouvernement Trixie Alcala, « cette administration fait de son mieux pour résoudre la crise. Notre production nationale de sucre n’a malheureusement pas pu faire face à la demande, ce qui a obligé le président à importer ». Elle ajoute que la demande de sucre avoisine généralement les 2 millions de tonnes par an, alors que la production du pays n’a atteint qu’environ 1,88 million de tonnes cette année en raison de calamités naturelles telles que les typhons. « Nous souffrons à cause des catastrophes naturelles. Notre demande de sucre a explosé mais notre production domestique ne peut y faire face compte tenu de nos pertes agricoles dans l’industrie de la canne à sucre »

Pour Damian Domingo, un travailleur licencié de la province de Bohol, « les entreprises et les travailleurs ne pouvaient pas attendre l’arrivée du sucre importé en novembre », d’où l’obligation pour Coca-Cola de suspendre ses activités.

« L’entreprise ne pouvait pas attendre. Les prix des produits de base montent en flèche. Le prix de l’essence ne cesse d’augmenter. Si nous avions attendu davantage, certaines usines auraient fermé leurs portes définitivement. »


CRÉDITS

Esteban Frias / Ucanews