Eglises d'Asie

Environnement : les évêques coréens soutiennent la fermeture d’une fonderie de zinc

Publié le 25/11/2021




Une délégation de la Conférence épiscopale sud-coréenne, composée notamment de membres de la Commission des évêques pour l’environnement, a visité le site de la fonderie de zinc de Yeong Poong Seokpo, dans la province de Gyeongsangbuk-do dans l’est du pays, après l’appel de plusieurs organisations locales contre une grave pollution environnementale liée à l’activité de l’usine. Mgr Hyginus Hee-joong Kim, de l’archidiocèse d’Andong, a ensuite soutenu sa fermeture.

Les évêques sud-coréens ont exprimé leur solidarité avec plusieurs organisations appelant à la fermeture d’une des plus grandes fonderies de zinc du pays, accusée de polluer l’environnement. Une délégation d’évêques catholiques, composée notamment de membres de la Commission pour l’environnement de la Conférence épiscopale, a visité le site de la fonderie de Yeong Poong Seokpo, à Bonghwa-gun dans la province de Gyeongsangbuk-do, dans l’est de la Corée du Sud. On comptait notamment, parmi les évêques présents, Mgr Hyginus Hee-joong Kim, de l’archidiocèse d’Andong, et Mgr John Bosco Shin-Ho Chang, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Daegu.

L’équipe a visité le site de l’usine et les régions voisines, notamment le fleuve et les coteaux de Nakdong. Selon le journal Catholic Times of Korea, les évêques présents ont été choqués de constater qu’il n’y a aucune trace de vie dans le fleuve à cause des déchets toxiques qui le polluent à cause de l’activité de la fonderie. Par ailleurs, les arbres alentour étaient soit morts, soit jaunâtres avec des branches mortes à cause des émissions de gaz toxiques émanant de l’usine.

« Une catastrophe inimaginable »

Lee Sang-sik, responsable de la Coalition Vie et Environnement du diocèse d’Andong, a commenté devant les membres de la délégation les conséquences désastreuses de l’activité de l’usine pour l’environnement du fleuve Nakdong. « La pollution de la fonderie en a fait une rivière morte où aucune créature ne peut vivre dans ses eaux. Le processus de pollution continue de s’accélérer. » Pour lui, l’usine menace aussi la santé publique dans la région, avec une forte concentration de métaux constatée à 30 mètres sous terre dans des nappes phréatiques.

« Une catastrophe inimaginable se prépare, parce que l’eau contaminée de l’usine peut facilement s’infiltrer dans les eaux souterraines à cause du manque de système de drainage autour du site de la fonderie », déplore Lee Sang-sik. Après 40 minutes de visite, les évêques ont débattu et annoncé une opération spéciale afin d’appeler à fermer l’usine dès que possible. Toutefois, ils ont aussi demandé aux autorités de prévoir les conséquences sur les pertes d’emploi des ouvriers de l’usine et sur leurs familles, en cas de fermeture et de délocalisation de l’usine.

400 000 tonnes de zinc par an

Pour Mgr Hee-jung Kim, il faut cependant se demander si l’usine doit être relocalisée ailleurs, étant donné que « le même problème risque de se reproduire ». La fonderie Yeong Poong Seokpo a été construite en 1970 et produit actuellement près de 400 000 tonnes de zinc par an. Cependant, des groupes environnementaux ont demandé sa fermeture en citant différents rapports sur des déchets chimiques comme le cadmium et l’acide sulfurique, qui sont des sous-produits du processus de fonderie et qui menacent l’environnement et la santé des ouvriers.

Ces organisations déplorent aussi l’émission de gaz toxiques qui viole la loi sur la Conservation de l’environnement aquatique. Entre le 1er avril et le 31 mai dernier, après la pression des groupes environnementaux, le gouvernement de la province de Gyeongsangbuk-do a ordonné la fermeture temporaire de l’usine pour deux mois. Les responsables de l’usine ont également ordonné le nettoyage des sols et empêché le flux d’eaux contaminées de pénétrer le fleuve.

La fonderie de zinc est gérée par le groupe Young Poong, un des plus grands conglomérats sud-coréens, qui possède entre autres les sociétés Korea Zinc et Youngpoong Corp – qui représentent près de 87 % de la production de zinc dans le pays. En 2019, le ministère de l’Environnement sud-coréen a poursuivi l’usine en justice pour avoir falsifié les chiffres sur les émissions de gaz, avec la complicité de sociétés chargées d’analyser la qualité de l’air. Un représentant de la société a affirmé à Reuters, cette année, qu’ils auront recours aux mesures juridiques à leur disposition pour maintenir l’activité de l’usine, en ajoutant qu’ils sont confiants que la fonderie n’a violé aucune règle.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

pxfuel.com / free photo