Eglises d'Asie

Environnement : un nouveau système agricole implanté dans plusieurs communautés rurales népalaises

Publié le 09/11/2021




Des fermiers népalais, dans plusieurs districts du pays himalayen, utilisent un système de riziculture qui permet d’intensifier la production tout en préservant la biodiversité et en réduisant les émissions. À l’origine, la méthode a été expérimentée dans les années 1980, à Madagascar, par le père Henri de Laulanié, jésuite et agronome. Son système permettrait d’augmenter la production de 30 à 50 % en utilisant moins d’eau et en limitant les engrais. L’organisation World Neighbours l’a implanté au Népal, où certaines communautés n’ont pas les moyens d’acheter de la nourriture importée.

Alors que les négociations se poursuivent à Glasgow, dans le cadre de la COP26 sur les changements climatiques, qui se déroule en Écosse jusqu’au 12 novembre, de nouveaux systèmes de riziculture ont été expérimentés dans des régions rurales népalaises, afin de préserver la biodiversité, réduire les émissions et augmenter la production. L’ONG World Neighbours, une organisation fondée en 1951, a introduit le système SRI (system of rice intensification), inventé et utilisé pour la première fois dans les années 1980 par un missionnaire français à Madagascar.

Le père Henri de Laulanié, jésuite et agronome, arrivé dans l’île malgache en 1961, a mis au point une méthode afin d’assurer que la population locale ne soit pas dépendante des importations. Le riz est la source principale d’alimentation dans de nombreuses communautés asiatiques et africaines, où les catégories les plus pauvres de la population ne peuvent pas toujours se permettre d’acheter de la nourriture importée. La méthode du prêtre consiste à placer des semis dans l’eau, par petits groupes, après au moins 25 jours, puis de les cultiver avec des périodes alternées d’inondation.

Le père Laulanié a découvert que les cultures produisent davantage si elles sont plantées individuellement, quand elles sont jeunes et si elles sont laissées dans un sol humide mais non inondé. Ce système permettrait d’augmenter la production de 30 à 50 % en utilisant moins d’eau et en limitant l’utilisation d’engrais. Au début, les communautés locales népalaises ont beaucoup résisté. « Seuls sept fermiers ont participé au premier projet pilote », confie Srijana Karki, directrice de programme de l’organisation World Neighbours pour l’Inde et le Népal.

« Une année, une femme a augmenté sa production de 56 % »

Malgré cette méfiance initiale, toutefois, les premières récoltes se sont bien déroulées, suscitant l’intérêt d’autres fermiers. Le problème principal étant que tous les sols ne permettent pas le contrôle des ressources en eau nécessaire pour ce type de cultivation : les racines des semis doivent être placées dans l’eau puis séchées de façon alternée. Avec les changements climatiques, cette phase se complique encore plus. « Une année, une femme a augmenté sa production de 56 % », explique Srijana Karki, « mais l’année suivante, la saison des pluies a été imprévisible et les récoltes ont été mauvaises ».

« Près de 90 % de nos bénéficiaires sont des femmes, qui ont de très petits terrains à leur disposition », confie-t-elle. « Donc dès le début, nous avons dû réfléchir à la façon d’augmenter au maximum les rendements », poursuit-elle. « Ces femmes restent dans les villages dans les montagnes, alors que leurs maris vont chercher des opportunités d’emploi en ville. Face au succès du projet, pourtant, beaucoup sont revenus. Et notamment parce que le système fonctionne très bien avec les diverses variations locales de la céréale. C’est formidable de voir les familles travailler ensemble et développer leurs activités. »

L’organisation World Neighbours explique également avoir choisi ce système parce qu’il s’agit d’une technologie facile à implanter. « Certains fermiers sont illettrés. Un jour, une femme a gagné tellement de roupies qu’elle ne savait pas comment les compter. Elle est allée voir son oncle pour lui demander combien elle avait gagné en vendant sa production au marché », raconte Srijana Karki. D’autres problèmes proviennent des difficultés de communication entre les communautés indigènes, parce qu’elles parlent des dialectes différents, vivant dans des régions reculées et avec un faible niveau d’éducation.

« Dans ces cas-là, nous expliquons comment faire aux enfants, parce qu’ils vont à l’école. Avec les adultes, nous avons parfois du mal à trouver quelqu’un qui sait lire et écrire. » D’autres idées innovantes peuvent également venir des fermiers. « Nous soutenons leurs idées autant que possible. Nous essayons d’utiliser des semences et des engrais locaux au maximum, afin de résister au choc des marchés. Cela a permis de contenir les effets de la pandémie », explique l’organisation. « C’est en responsabilisant les communautés locales qu’elles pourront devenir les acteurs de leur propre développement », ajoute Srijana.

(Avec Asianews)