Eglises d'Asie

Formation et dialogue interreligieux : l’apostolat du mouvement Silsilah auprès des détenus de Zamboanga

Publié le 12/07/2019




Le mouvement Silsilah (qui signifie « lien » ou « rapprochement » en arabe) a été fondé par le père Sebastiano D’Ambra (PIME) il y a 35 ans dans l’île de Mindanao, dans le sud des Philippines. Le but du prêtre était de développer les liens entre les chrétiens et les musulmans dans la région, et la présence du groupe Silsilah est désormais reconnue pour ses programmes de sensibilisation, de formation et de partage culturel. L’une des initiatives prises par le mouvement ces dernières années, dans la ville de Zamboanga sur la côte ouest de Mindanao, a été de lancer un programme éducatif et de développement dans les prisons, afin de promouvoir la culture du dialogue y compris entre les prisonniers.

Le père Sebastiano D’Ambra vit à Mindanao depuis plus de quarante ans. Fondateur du mouvement Silsilah, il est également secrétaire général de la Commission pour le dialogue interreligieux de la conférence épiscopale philippine. L’engagement du mouvement Silsilah auprès des prisons a été lancé il y a plusieurs années dans la prison municipale de Zamboanga, située au cœur de la ville. Quelques années plus tard, le mouvement a été invité à intervenir également auprès des détenus de la prison de San Ramon, toujours à Zamboanga. Le père D’Ambra a confié cette tâche à un groupe de volontaires du mouvement Emmaüs – lié au mouvement Silsilah –, et à un imam qui enseigne dans une école coranique (madrassa) affiliée à Silsilah. Les volontaires d’Emmaüs s’occupent des détenus chrétiens de la prison de San Ramon, tandis que l’imam s’occupe des musulmans. Ensemble, ils ont mené un programme de formation de six mois dans la prison, qui a abouti à une cérémonie de remise de diplômes pour une douzaine de détenus. Le père D’Ambra a voulu partager le témoignage de l’un d’entre eux sur les réseaux sociaux. Durant la remise de diplômes, le détenu s’est en effet adressé aux volontaires qui l’ont suivi durant la formation : « Grâce à Silsilah, nous avons appris à communiquer, à dialoguer avec Dieu de différentes façons ; nous avons appris à prier, ce que nous faisions peu avant. Grâce à Dieu, nous avons pu partager des choses que nous n’avions jamais partagées, même pas avec nos plus proches amis ou avec notre famille. En dialoguant avec Dieu, j’ai demandé pardon à ma femme, à mes frères et sœurs, et à tous ceux à qui j’ai fait du mal, en particulier ma mère avec qui j’ai trop longtemps coupé les liens avant sa mort. Elle n’a jamais su que j’avais été envoyé en prison. Mais je sais que mes fautes ont été pardonnées. »

« Vous nous avez libérés en nous donnant la paix »

« Les volontaires nous ont permis de sentir que nous faisions partie de la société, même si nous étions en prison, un lieu que nous considérons comme une communauté à part. Nous sommes dans une communauté où vivent des gens aux parcours différents, avec qui nous pensions finir notre vie ici, une vie dénuée d’espoir. Mais vous êtes arrivés et vous nous avez ouvert l’esprit, en nous rappelant la valeur de notre vie, en nous disant que tout avait un sens et une valeur, et en soutenant qu’un jour, Dieu nous accorderait d’être libres et de retourner enfin auprès de nos familles. Vous n’êtes peut-être pas venus pour nous libérer littéralement, mais vous nous avez libérés en nous aidant à être en paix. Cette liberté que vous nous avez donnée, c’est aujourd’hui la plus importante à nos yeux. Cette paix nous a libérés de nous-mêmes – de la haine, de la colère et des autres fautes que nous avons commises, et qui étaient devenues les chaînes qui nous empêchaient d’avancer. Vous nous avez libérés de tout cela, vous nous avez donné l’espoir. »

(Avec Asianews, Zamboanga)

Crédit : Judgefloro / CC0 1.0