Eglises d'Asie

Hô-Chi-Minh-Ville : des jeunes catholiques vietnamiens se mettent au service des plus démunis face à la crise

Publié le 08/05/2020




Depuis début avril, la paroisse de Phu Trung, à Hô-Chi-Minh-Ville, dans le sud du Vietnam, distribue des repas gratuits à près de 400 personnes par jour, dans les rues des six districts les plus peuplés de la mégalopole de 13 millions d’habitants. De nombreuses autres communautés catholiques vietnamiennes ont lancé des initiatives semblables, comme la paroisse de Xom Chieu, qui distribue près de deux tonnes de riz par jour. « Servir les autres est notre joie », assure Joaquin Tran Hung Hai Du, de la paroisse de Xom Chieu, qui travaille dans le secteur alimentaire. « Cette pandémie permet aux catholiques de travailler ensemble et d’aider les plus pauvres à traverser cette période difficile », ajoute le père Martin Tran Dinh Khiem Ai, vicaire de la paroisse de Phu Trung.

Le 29 avril, Marie Le Tran Thuy Vi, envoyée par sa paroisse de Phu Trung, offre un repas gratuit à un homme handicapé, dans le centre d’Hô-Chin-Minh-Ville.

Ces derniers jours, Marie Le Tran Thuy Vi a préparé avec ses amis, un groupe d’une dizaine de jeunes catholiques vietnamiens, des repas cuisinés à distribuer gratuitement par la paroisse de Phu Trung. Après avoir cuisiné et emballé les colis alimentaires, les jeunes mettent leurs masques, montent sur leurs deux-roues et transportent les repas gratuits pour les distribuer sur les trottoirs, dans le centre-ville d’Hô-Chi-Minh-Ville, dans le sud du Vietnam. « Nous vous apportons de la nourriture pour le dîner », explique-t-elle avec le sourire à une femme sans-abri, en lui donnant un repas. Chaque nuit, en 45 minutes, le groupe distribue ainsi entre 150 et 175 repas. Parmi les bénéficiaires, on trouve des sans-abri, des vendeurs de billets de loterie, des agents de sécurité, des chauffeurs de mototaxis ou encore des éboueurs. « Nous sommes heureux de servir des repas gratuits aux personnes dans le besoin et de les aider à traverser cette crise », confie la jeune diplômée en pédagogie, âgée de 22 ans. « Nous leur sommes reconnaissants, parce que Dieu nous les envoie pour que nous puissions faire quelque chose d’utile pour eux. »

« Nous n’avions jamais connu une situation pareille »

Marie Vi estime que cette pandémie est une bonne occasion, pour les jeunes catholiques, de vivre vraiment l’esprit d’amour et de charité de façon concrète. C’est pourquoi elle estime et soutient la campagne alimentaire lancée par sa paroisse auprès des plus pauvres. Ainsi, Marie Tran Thi My a reçu un repas gratuit des mains de Marie Vi avec gratitude, assise sur le trottoir, à côté de son vieux vélo. « Je survis grâce à eux depuis plusieurs jours, et je trouve ainsi un certain réconfort malgré cette pandémie », explique Marie Thi My, âgée de 57 ans, qui dort dans la rue depuis quinze ans. Avant la crise, elle gagnait environ 100 000 dongs (3,95 euros) par jour en revendant des vieux objets. Une autre bénéficiaire, Ho Thanh Chi, explique qu’elle attend tous les jours le groupe de jeunes avec sept autres femmes. Ho Thanh Chi, qui revend des objets d’occasion pour survivre, ajoute que sa famille n’a pas de quoi acheter de la nourriture, et que son mari et son fils ont perdu leur emploi à cause de la crise sanitaire. Ils partagent ensemble un petit logement de 12 m², qu’ils occupent pour un loyer d’1,5 millions de dongs (59,29 euros) par mois. Au groupe envoyé par la paroisse, elle a demandé deux rations pour nourrir toute sa famille.

« Nous n’avions jamais connu une situation pareille. Nous espérons que cette pandémie prendra fin bientôt », souffle-t-elle. De son côté, Doan Quang Ti, qui est paralysé et qui se déplace en fauteuil roulant, avoue être toujours affamé et se contenter d’un repas par jour, et seulement grâce à la campagne alimentaire assurée par les jeunes. Bien que bouddhiste, il vient souvent prier devant une grotte dédiée à la Vierge Marie. « Je remercie les catholiques qui m’aident depuis déjà de nombreuses années », salue Doan Ti, qui est venu habiter en ville il y a trente ans. Le père Martin Tran Dinh Khiem Ai, vicaire de la paroisse de Phu Trung, explique qu’ils distribuent tous les jours, depuis début avril, jusqu’à 400 repas par jour. Le père Ai, âgé de 42 ans, ajoute qu’ils ont reçu de l’argent, du riz, de la viande, des légumes et d’autres aides de nombreux paroissiens. Les parents des élèves du catéchisme se sont également portés volontaires pour préparer des repas tous les jours, de 13h à 18h, tandis que cinq groupes de jeunes transportent et distribuent les repas dans les six districts les plus peuplés de la ville. Les jeunes volontaires terminent leurs maraudes vers 22h. Le prêtre explique que les rations comprennent du riz, des légumes, de la soupe, de la viande ou du poisson, et une bouteille d’eau, le tout pour une valeur d’environ 20 000 dongs (0,79 euro). « Cette pandémie permet aux catholiques de travailler ensemble et d’aider les plus pauvres à traverser cette période difficile », ajoute-t-il.

« Servir les autres est notre joie »

Joaquin Tran Hung Hai Du, qui travaille dans le secteur alimentaire, confie que sa paroisse de Xom Chieu distribue également près de deux tonnes de riz par jour aux plus démunis. La paroisse compte de nombreux paroissiens qui travaillent dans le secteur manuel, et qui sont durement frappés par les conséquences économiques de la crise sanitaire. Chaque bénéficiaire reçoit notamment 2 kg de riz, des œufs, du sucre, du lait et des légumes, fournis grâce aux aides reçues par la paroisse. Le groupe de Joaquin Hai Du distribue aussi près de 1 200 rations végétariennes par jour. « Ils peuvent ainsi reconnaître l’amour et le respect de la paroisse. Servir les autres est notre joie. Nous sommes heureux d’avancer avec eux en ces temps difficiles », assure-t-il. De son côté, Marie Vi reconnaît que c’est une grave crise pour tout le monde, mais elle ajoute que cela a permis d’ouvrir les cœurs des jeunes. Elle estime qu’ils peuvent revenir à des valeurs essentielles et s’engager davantage dans des œuvres caritatives et pour le bien commun, selon les propositions des évêques locaux pour la jeunesse. « J’espère que beaucoup d’autres jeunes pourront trouver un sens à leur vie et s’engager au service d’une société meilleure », ajoute Marie.

(Avec Ucanews, Hô-Chin-Minh-Ville)


CRÉDITS

Ucanews