Eglises d'Asie

Hué : des religieuses vietnamiennes inspirées par le témoignage du père Jean-Baptiste Etcharren

Publié le 15/10/2021




Sœur Anna Truong Thi Tuyet, de la congrégation des Amantes de la Croix, qui travaille au sanctuaire marial de Notre-Dame de La Vang (province de Quang Tri), et sœur Marie Nguyen Thi Lanh, sœur de Saint-Paul de Chartres à Hué, témoignent de ce qu’elles ont reçu du père Jean-Baptiste Etcharren (MEP), décédé le 21 septembre au Vietnam à l’âge de 89 ans. « Avec ma famille, nous avons été touchées par les services du père Etcharren et des catholiques, et nous avons décidé de nous convertir. Nous avons été baptisés par le père en 1967 », confie sœur Anna Tuyet, 67 ans.

En 2018 lors de l’anniversaire de l’ordination du père Etcharren, en présence de Mgr Linh, archevêque de Hué, et du père Reithinger (alors supérieur général MEP, aujourd’hui évêque auxiliaire de Strasbourg).

Des religieuses du centre du Vietnam, engagées auprès des personnes dans le besoin, expliquent s’inspirer du témoignage laissé par le père Jean-Baptiste Etcharren (MEP), décédé le 21 septembre. Le missionnaire français, qui a débuté sa mission au Vietnam en 1959, est mort à Hué à l’âge de 89 ans. « J’ai appris beaucoup sur la compassion envers ceux qui m’entourent grâce au père Etcharren, qui s’est tant dévoué auprès des gens au Vietnam », confie sœur Anna Truong Thi Tuyet, dont la famille vit dans la paroisse de Dong Ha, dans la province de Quang Tri, depuis son enfance. Le père Etcharren a servi sa paroisse de 1966 à 1972. Sœur Anna, avec ses deux frères et sœurs, a dû quitter l’école le jour où leur mère n’a plus eu les moyens de les y envoyer. Leur père, un ancien soldat du Sud-Vietnam, a disparu au combat dans le district de Gio Linh.

« Un jour, le père Etcharren nous a rendu visite et nous a promis de nous aider à poursuivre nos études, alors que nous n’étions pas encore catholiques à l’époque », explique-t-elle, en ajoutant que la famille a également reçu de la nourriture et de l’argent pour qu’ils s’achètent des uniformes et des livres scolaires. Ils ont alors été accueillis dans une école catholique dirigée par les religieuses de la congrégation des Amantes de la Croix. Le prêtre leur rendait visite régulièrement. « Nous avons été touchés par les services du père Etcharren et des catholiques, et nous avons décidé de nous convertir. Nous avons été baptisés par le père en 1967 », confie la religieuse.

« Nous suivons les exemples d’évangélisation qu’il a laissés »

En 1972, le missionnaire a emmené sa famille, avec plusieurs centaines d’autres, se réfugier dans une église de Da Nang afin d’échapper aux combats entre les forces du Sud-Vietnam, soutenues par les Américains, et les troupes communistes. L’année suivante, ils ont accompagné le prêtre quand il s’est installé dans la province de Binh Thuan. Depuis, Anna Tuyet a rejoint les Amantes de la Croix de Hué, et servi plusieurs paroisses de la province de Thua Thien Hue. La religieuse, qui travaille aujourd’hui au sanctuaire marial de Notre-Dame de La Vang, dans la province de Quang Tri, n’a pas revu le père Etcharren avant 2018, quand elle a participé au 60e anniversaire de son ordination, célébré à Hué. « Il me manque toujours, je le revois me demander des nouvelles de mon travail et de mes proches dans la paroisse de Dong Ha. »

Sœur Anna, âgée de 67 ans, qui a longtemps travaillé dans sa province natale de Quang Tri, explique qu’elle s’occupe, avec d’autres sœurs, d’enfants souffrant de handicaps physiques et dont les familles n’ont pas les moyens de les prendre en charge. Elles ont fondé un foyer à Dong Ha, qui compte aujourd’hui 34 enfants handicapés. Elles leur fournissent également des fauteuils roulants et des cannes. « Nous suivons les exemples d’évangélisation laissés par le père Etcharren, en essayant de faire de notre mieux pour aider les personnes dans le besoin à être heureux. » Le père Etcharren a dû quitter le pays pour la France en 1975 quand le Vietnam a été réunifié sous régime communiste. Il a permis à de nombreux prêtres de venir étudier en France. Il est revenu vivre sa retraite au Vietnam en 2010, à l’invitation de Mgr Etienne Nguyen Nhu The, archevêque émérite de Hué, jusqu’à sa mort.

« Un esprit d’optimisme et de joie dans le service »

Sœur Marie Nguyen Thi Lanh, sœur de Saint-Paul de Chartres, a connu le prêtre français avant 1975. Elle explique avoir appris auprès de lui l’honnêteté, la ponctualité et l’altruisme, quand il enseignait au petit séminaire de Hoa Thien, où elle travaillait. « Il nous rendait visite et il apportait du chocolat et des gâteaux dans la cuisine du séminaire, le jeudi après-midi, après ses cours », confie la religieuse. « Il était doux, amical et il parlait le dialecte local avec nous. » Sœur Lanh, âgée de 79 ans, qui vit aujourd’hui dans un foyer pour les religieuses âgées, ajoute qu’en 1963, elle a commencé à travailler dans un hôpital pour les tuberculeux à Hué, dirigé par les sœurs de Saint-Paul de Chartres. Le père Etcharren y célébrait la messe toutes les semaines pour les sœurs qui travaillaient dans l’hôpital, et il les encourageait à « aimer tout le monde avec tendresse, quelle que soit la religion, parce que tous sont enfants de Dieu ».

À l’époque, des bouddhistes avaient organisé des manifestations contre le gouvernement dirigé par le président Ngo Dinh Diem, catholique, en l’accusant de discrimination contre le bouddhisme. « À l’hôpital, nous avons fait de notre mieux pour soigner plusieurs dizaines de manifestants blessés », explique notamment sœur Lanh. Elle ajoute qu’elle a essayé de suivre les exemples du père Etcharren durant toute sa vie, que ce soit en servant en paroisse ou au séminaire, ou auprès des personnes âgées et handicapées mentales, ou en préparant des repas pour les élèves issus des minorités accueillis à Da Nang et Kon Tum. « Je suis profondément reconnaissante envers le missionnaire, qui m’a apporté un esprit d’optimisme et de joie dans le service. J’ai été très émue quand j’ai appris sa mort. Je crois que Dieu accueillera au Ciel un missionnaire qui a vécu pour l’Évangile. »Haut du formulaire

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews