Eglises d'Asie

Hué : les catholiques vietnamiens rendent hommage à leurs ancêtres

Publié le 05/11/2021




Le 2 novembre, les catholiques de Hué ont été nombreux à se rendre au cimetière de Phu Cam pour visiter la tombe de Michael Ngo Dinh Kha, père de l’ancien président catholique Jean-Baptiste Ngo Dinh Diem (1901-1963). Ils ont aussi prié devant la tombe de saint Paul Tong Viet Buong, capitaine de la garde royale, condamné à cause de sa foi en 1833. Le père Joseph Nguyen Van Chanh explique qu’ils continuent de montrer leur gratitude, tout au long du mois de novembre, en maintenant la tradition de la vénération des ancêtres.

Le 2 novembre, des catholiques visitent la tombe de Michael Ngo Dinh Kha, au cimetière de la paroisse de Phu Cam.

Stephanus Nguyen Van Bang a fêté la Toussaint dans la cathédrale de Phu Cam, à Hué, avec d’autres fidèles. Le lendemain, le 2 novembre, ils ont apporté de l’encens auprès de la tombe de Michael Ngo Dinh Kha, au cimetière de la paroisse de Phu Cam. Michael Kha était le père de Jean-Baptiste Ngo Dinh Diem (1901-1963), catholique et ancien président du Sud-Vietnam de 1955 à 1963. « Nous avons visité les tombes de nos ancêtres et de tous ceux qui nous ont aidés dans les difficultés, et nous prions pour eux durant le mois de novembre, en signe de profonde gratitude », explique Stephanus Bang, originaire du district de Huong Thuy, dans la province de Thua Thien Hue.

Ce fermier septuagénaire ajoute qu’ils prennent le bus tous les ans pour aller visiter la tombe de l’ancien président, qui se trouve au cimetière de Lai Thieu, dans la province de Binh Duong (près de Hô-Chi-Minh-Ville). Cette année, ils n’ont pas pu s’y rendre en raison des restrictions sanitaires. Stephanus Bang précise que ses parents et la famille de Jean-Baptiste Ngo Dinh Diem viennent du même village de Dai Phong, dans la province de Quang Binh. Ils sont partis avec d’autres villageois pour Hué, durant l’exode de 1954, au cour duquel près d’un million de personnes ont fui le nord contrôlé par les communistes, pour rejoindre le sud.

« Nous avons reçu 10 000 m² de terrain par famille pour nous reconstruire, pour y planter des fleurs afin d’arrondir les fins de mois. Nous avons vécu ici depuis », confie Stephanus. Il se souvient des élèves de primaire de Hué, dont il faisait partie, qui ont reçu un gâteau et des salutations du président Diem durant le festival traditionnel de la mi-automne. Sa famille a pleuré sa mort quand ils ont appris son assassinat en 1963. Le président et son frère James Ngo Dinh Nhu ont été tués le 2 novembre 1963 et enterrés au cimetière de Lai Thieu. Après 1975, quand le Vietnam a été réunifié sous un régime communiste, le père du président défunt a été détenu dans un camp de rééducation durant six mois, pour avoir affiché un portrait de son fils dans sa maison.

Prières devant la tombe de saint Paul Tong Viet Buong, martyr de Hué

« Aujourd’hui, notre vie est meilleure grâce aux mesures gouvernementales pour les réfugiés, prises par l’administration Diem. Nous avons appris qu’il fallait toujours, en mangeant un fruit, se souvenir de ceux qui ont planté l’arbre, donc nous n’avons pas peur », explique Stephanus, père de trois enfants. Il ajoute que sa famille a soumis des intentions de prière pour le président Diem et pour sa famille, durant les fêtes de la Toussaint, et ils ont son portrait chez eux.

Pierre Cao Xuan Thinh, un étudiant, confie qu’il a également prié devant la tombe de Michael Ngo Dinh Kha en signe de gratitude envers le fondateur du lycée prestigieux de Quoc Hoc, où Pierre Thinh a étudié, et dont Michael Kha a été le premier directeur. Durant la Toussaint, les catholiques de Hué ont aussi visité le bâtiment où le cardinal défunt Francis Xavier Nguyen Van Thuan, neveu du président Diem, a passé son enfance. Mattheus Nguyen Dinh Luc, ancien responsable du conseil paroissial de Phu Cam, âgé de 80 ans, explique qu’à cause du coronavirus, les paroissiens ont dû visiter les cimetières par petits groupes cette année, afin d’apporter de l’encens et prier devant les tombes de leurs ancêtres.

Ils ont aussi visité la tombe de saint Paul Tong Viet Buong, capitaine de la garde de l’empereur Minh Mang, qui fut dégradé et condamné à la décapitation à cause de sa foi. Membre de la paroisse de Phu Cam, il a été béatifié en l’an 1900 et canonisé en 1988. Il fait partie des 16 martyrs de l’archidiocèse de Hué. « Nous nous sentons fiers et proches de notre saint qui a témoigné avec courage de la Bonne Nouvelle, et nous le prions pour qu’il soutienne notre foi », confie Mattheus Luc.

« Les catholiques maintiennent les traditions de la vénération des ancêtres »

Ignatius Nguyen Duy Quoc et neuf autres membres d’une association caritative locale, basée dans la paroisse de Nuoc Ngot, ont également apporté des roses rouges et de l’encens devant les tombes du père Tong Van Vinh et de 43 laïcs, qui ont été tués en 1883 par des militaires, durant les persécutions contre les catholiques. « Nous prions le Notre Père et le Credo, et nous prions nos saints, pour demander la protection de notre paroisse contre la pandémie », confie Ignatius Quoc, en ajoutant que les paroissiens attribuent leur survie aux guerres et aux catastrophes naturelles à la prière des martyrs. Ce père de 68 ans explique que cette année, ils n’ont pas pu célébrer la messe au cimetière, à cause des mesures sanitaires. « Nous visiterons les tombes de nos proches durant le mois de novembre », poursuit-il.

Le père Joseph Nguyen Van Chanh, curé de la paroisse de Gia Hoi, explique que les catholiques de la région marquent les fêtes de la Toussaint et des Défunts avec beaucoup d’attention et de ferveur, et qu’ils continuent de montrer leur gratitude envers leurs ancêtres tout au long du mois. Le prêtre, qui a célébré trois messes le 2 novembre, ajoute que « les catholiques maintiennent les traditions nationales de la vénération des ancêtres, conformément aux enseignements catholiques ».

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews