Eglises d'Asie

Sikkim : la poignée de catholiques présents dans l’Etat ne sont pas sans influence sur une population qui les accueille avec sympathie

Publié le 18/03/2010




Les catholiques du Sikkim, cet Etat himalayen de l’Inde, frontalier de la Chine, du Bhoutan et du Népal, éprouvent un grand sentiment de sécurité et bénéficient de la sympathie de la population avec laquelle ils vivent. Cette impression est partagée aussi bien par les agents pastoraux que par les laïcs vivant au cour des campagnes et des villes. “Nous sommes bien accueillis et les gens sont bons avec nous !” C’est ce que dit, par exemple, sour Maeia Surekha, une carmélite apostolique, enseignante dans une école à Pakyong, un peu au sud de la capitale de l’Etat, Gangtok. Ce même sentiment est éprouvé par le P. Félix Baretto, vicaire épiscopal pour le Sikkim, situé sur le territoire du diocèse de Darjeeling. Il confirme que les prêtres et les religieuses catholiques sont partout respectés et bien accueillis. Certains catholiques vont jusqu’à affirmer que les habitants du pays, quelle que soit leur religion, se comportent entre eux comme les membres d’une famille. Un catholique du lieu, C.P. Dewan, explique ces bonnes dispositions des autorités comme de la population par leur esprit pacifique. La paix règne dans cet Etat où l’on ne trouve aucun des groupes extrémistes ou insurgés qui sévissent dans le Nord-Est de l’Inde. Ce point de vue est confirmé par l’inspecteur général de la police pour le Sikkim, S.D. Negi, qui explique que la population est relativement aisée, peu urbanisée, à tel point tranquille qu’il suffit de forces de police minimes pour maintenir l’ordre et la loi.

Chez les habitants du Sikkim qui, du point de vue ethnique, sont, pour 65 % d’entre eux, des descendants de Népalais, les autres appartenant à diverses ethnies montagnardes, comme les Bhutias et les Lepchas, le bouddhisme a joué un rôle de premier plan dans la pacification des esprits avec sa doctrine de l’“ahimsa” (non-violence). Il n’est pourtant que la deuxième religion de l’Etat (28 % des 550 000 habitants), derrière l’hindouisme, majoritaire avec 61 % de la population. Loin derrière, du point de vue des statistiques, se situe le christianisme dont les trente-deux dénominations présentes au Sikkim regroupent environ 36 000 adeptes, qui ne représentent que 6,5 % de la population. Le nombre des catholiques aujourd’hui ne dépasse pas les 5 500. Toutes les religions, quels que soient leurs effectifs, sont pourtant traitées sur un pied d’égalité, aussi bien par les autorités que par la population. Sans doute, affirme un bouddhiste de Gangkok, parce que l’on croit généralement que toutes ont le même objectif. Les Dix commandements de Dieu et “le noble octuple sentier de Bouddha” ne disent-ils pas la même chose, s’exclame-t-il.

Bien qu’ils ne soient qu’une poignée, les chrétiens occupent un certain nombre de postes d’influence dans l’Etat. John Dewan, qui est secrétaire à l’Assemblée législative, confirme ce fait et souligne que de nombreuses fonctions gouvernementales sont confiées à des chrétiens, qui s’efforcent d’agir comme “le sel de la terre”. C.P. Dewan, directeur du département d’Etat de l’information et des relations publiques, précise que les employés chrétiens ne sont l’objet d’aucune discrimination.

Ainsi, les relations de l’Eglise catholique avec les autorités civiles sont “cordiales comme l’affirme le P. Baretto. Le Sikkim est le seul Etat indien accordant des subventions à la construction des églises par l’intermédiaire d’un département établi à cet effet. Récemment, le gouvernement a invité les catholiques à ouvrir et à prendre en mains des écoles anglophones dans la région. Les ministres d’Etat participent volontiers aux programmes de réunions auxquels ils sont invités par les différentes dénominations chrétiennes. L’Etat ne prescrit aucune limite à la prédication du message chrétien. Cependant, pour le moment, l’Eglise catholique se montre discrète et n’organise que très rarement des manifestations publiques.

L’Eglise catholique dans le Sikkim compte aujourd’hui 18 paroisses, 14 maisons religieuses et 18 établissements éducatifs où ouvrent trente prêtres séculiers et religieux ainsi que quarante religieuses. Cependant, la communauté catholique manque de catéchistes et de personnel pour la gestion des écoles. Le catholicisme au Sikkim a toujours visé la qualité plus que la quantité. Généralement, l’instruction des futurs baptisés dure deux ans. Ce qui permet de décourager les opportunistes et ralentit la croissance des effectifs.